Cette cathédrale est construite pour la cour princière, à l'initiative de Vsevolod III, connu aussi sous le nom de « Vsevolod le grand nid » qui rend la ville de Vladimir très prospère. Elle est consacrée en l'honneur du saint martyr Démétrios de Thessalonique.
La date exacte de construction est discutée :
selon l'historien russe N. N. Voronine, elle fut construite de 1194 à 1197 ;
selon des chroniques découvertes en 1990, par l'historienne T. P. Timofééva, elle daterait de 1191 ;
mais ailleurs, il est encore fait mention, dans plusieurs chroniques, que l'icône de Saint-Dimitri aurait été ramenée de Byzance en 1197 et que c'est de cette année que daterait la construction de la cathédrale.
Au XVIe et XVIIe siècles, des transformations sont effectuées, à la suite desquelles des éléments décoratifs sont perdus.
À l'origine, la cathédrale est entourée de galeries et de tours, munies d'escaliers et reliée au palais princier. Lors de la restauration du XIXe siècle, ces éléments sont démontés.
En 1919, la cathédrale est enlevée au patrimoine de l'Église orthodoxe par les bolchéviques. La valeur de la cathédrale étant reconnue, le soin de la préserver est confié au musée de Vladimir. En 1937, commence une restauration qui se poursuit malgré la Seconde Guerre mondiale. Cela exige une attention indispensable pour assurer le maintien des décorations en pierre taillée. Depuis le milieu des années 1970, la cathédrale ne cesse d'être restaurée. Durant la période de 1999 à 2004, des produits spéciaux de protection sont utilisés, la croix sur la coupole est remplacée et un système de climatisation mis en place. Ceci permet de la rendre accessible au public, également à l'intérieur.
Particularités architecturales
La cathédrale est construite sur quatre pilastres, à trois nefs dominées par une coupole. Elle forme un ensemble massif et homogène. Mais sa dimension réduite lui permet de conserver une belle légèreté.
Elle est réputée pour la beauté de ses bas-reliefs. Ceux-ci se composent d'environ six cents sujets différents, représentants des saints, des créatures mythiques ou réelles. Lors de la restauration qui eut lieu au XIXe siècle, plusieurs anciens bas-reliefs sont remplacés par de nouveaux, mais la plupart sont restés originaux. Selon l'historienne d'art, M.S. Gladkaïa, cette restauration a été réalisée parfaitement à l'identique. À l'intérieur de la cathédrale sont conservés quelques fragments de fresques du XIIe siècle et, parmi ceux-ci, des éléments de la composition du jugement dernier. La figure centrale des trois pignons est le Roi David. Le psalmiste donne la clé de la compréhension de la symbolique de la décoration des pignons : « tout ce qui vit est aimé par le Seigneur ».
L'église n'est pas très grande mais elle était conçue comme simple lieu de culte pour la famille princière.
Sur la façade sud de la cathédrale est représentée l'ascension d'Alexandre III. Cela peut paraître un peu curieux dans un bâtiment chrétien, mais c'était un thème populaire au Moyen Âge[1].
À l'heure actuelle, la cathédrale appartient au patrimoine du musée de plein air de Vladimir-Souzdal.
Fresques
Comme la cathédrale voisine de la Dormition, celle dédiée à saint Dimitri est garnie sur ses voûtes d'un Jugement dernier qui date du XIIe siècle (celui de la cathédrale de la Dormition date de 1408). Les sujets sont disposés de la même manière au bas de la courbure de la voûte et présente les mêmes personnages : les apôtres derrière lesquels se tiennent des anges). L'intérieur de l'édifice de la cathédrale semble austère du fait que seules certaines fresques ont été conservées jusqu'à aujourd'hui et que les murs sont blancs.
↑Réau 1921, p. 223 : « D'après le récit de Pseudo-Callisthène Alexandre III dit le Grand serait monté au ciel sur un char attelé de deux griffons. Ce sujet familier aux ivoiriers de Byzance se retrouve en Italie, en Allemagne, en France. Sur les chapiteaux de l'abbaye de Conques et de plusieurs églises de Bourgogne. »
Voir aussi
Bibliographie
(fr) Louis Réau, L'Art russe des origines à Pierre le Grand, Paris, Henri Laurens, (réimpr. Verviers, Marabout, 1968).
(ru) Гладкая М. С. Сошествие св. Духа на Давида: композиция южной закомары Дмитриевского собора во Владимире // Древняя Русь. Вопросы медиевистики . 2005. № 3 (21). С. 21–22.
(ru) P. L. Zykov, Nouveaux éléments sur le complexe de constructions de Vladimir : Зыков П. Л. Новые материалы о комплексе построек Дмитриевского собора во Владимире. В кн.: София. Сб. статей по искусству Византии и Древней Руси в честь Комеч, Алексей Ильич, А. И. Комеча М., 2006.