C'est l'une des chansons les plus connues du bluesman, reprise par de nombreux artistes.
Composition et enregistrement
Avant d’enregistrer pour Vee-Jay Records, John Lee Hooker était avant tout un soliste, parfois accompagné d’un deuxième guitariste, comme Eddie Burns ou Eddie Kirkland, ses premiers collaborateurs[1]. Cependant, pour Vee-Jay, il enregistre généralement avec un petit groupe d'accompagnement, comme dans les chansons Dimples, I Love You Honey ou No Shoes. Le pianiste de Détroit, Joe Hunter, qui a déjà travaillé avec Hooker, est de nouveau engagé pour la session d’enregistrement[2]. Hunter amène avec lui la crème des musiciens de studio du label Motown, plus tard connus sous le nom de The Funk Brothers[1]. Ils sont décrits comme « juste le bon groupe » pour Boom Boom[2]. Hooker avait un sens unique du timing, ce qui exigeait des « sidemen aux grandes oreilles »[3].
Le Boom Boom original est un morceau de blues interprété up-tempo (168 bpm)[4]. La chanson est décrite comme « sûrement la structure musicale la plus stricte de toutes les compositions d'Hooker : ses vers collent avec application au format de douze mesures dont Hooker ne tient généralement pas compte »[2].
La chanson utilise « une accroche stop-time qui ouvre sur l'un des riffs de guitare les plus mémorables du genre »[5] et incorpore une section instrumentale dans le style boogie d'Hooker[2].
Le morceau comporte aussi d'autres caractéristiques de la syntaxe du blues : une quinte bémol dans le riff, une 7e semi-dominante et un effet call and response (ici dialogue entre la guitare et la basse)[6].
Hooker affirme avoir écrit cette chanson lors d’un engagement prolongé au Apex Bar de Detroit :
« Je n'étais jamais à l'heure, j'arrivais toujours en retard. Et elle (la barmaid Willa) n'arrêtait pas de dire : "Boom boom, encore en retard". Chaque nuit: "Boom, boum - tu es encore en retard". J'ai dit "Hmm, c'est une chanson !" ... Je l'ai joué sur place, et les gens sont devenus fous »[7].
Le chant intègre plusieurs onomatopées telles que « how-how-how-how » et « hmm-hmm-hmm-hmm ». Boom Boom est devenu la chanson de Hooker « la plus mémorable, la plus attirante et la plus adaptable aux besoins des autres interprètes »[2]. ZZ Top a ensuite utilisé des lignes similaires (« how-how-how-how ») pour son populaire La Grange[5].
Boom Boom devient un succès lorsque la chanson sort en single en mai 1962[8]. Elle entre dans les charts Rhythm & Blues du magazine Billboard où elle reste huit semaines jusqu'à atteindre la 16e position[9]. La chanson entre également dans le Billboard Hot 100, où elle a atteint le numéro 60, ce qui en fait l’un des deux seuls singles d'Hooker à entrer dans les charts pop[9]. Elle est incorporée à l'album Burnin' chez Vee-Jay en 1962 (SR 1043), ainsi que dans de nombreuses compilations de Hooker, notamment John Lee Hooker: The Ultimate Collection.
John Lee Hooker enregistre plusieurs versions ultérieures. Après le succès de la version des Animals, il ré-enregistre la chanson chez Stateside Records, sous le titre plus long Boom Boom Boom, pour la face B de Cry Before I Go en 1968. Il retravaille la chanson en tant que Bang Bang Bang Bang pour son album Live at Soledad Prison, et comme chanson-titre pour son album de 1992, Boom Boom, avec Jimmie Vaughan. Il l'interprète dans le film de 1980 The Blues Brothers, jouant un musicien de rue de South Side Chicago, mais la chanson elle-même ne figure pas dans la bande originale du film.
Le groupe de rock anglais The Animals enregistre Boom Boom pour son premier album britannique publié en octobre 1964[11], The Animals (la chanson n'est pas présente sur la version américaine de l'album). Leur interprétation blues-rock[12] suit globalement celle de John Lee Hooker, bien qu’ils ajoutent les paroles « shake it baby » en réponse au refrain et « come on shake » dans la partie centrale[13], inspirées par le Shake It Baby du même Hooker (enregistré pendant la tournée de l'American Folk Blues Festival en Europe en 1962, où il devient célèbre en 1963)[14].
La version des Animals sort en single en Amérique du Nord en novembre 1964[15],[16]. Elle atteint le numéro 43 du Billboard Hot 100 et le numéro 14 dans le classement Top 40 & 5 singles du magazine RPM au Canada[17]. La chanson sort également en Australie et en Inde, et figure sur le deuxième album américain des Animals, The Animals on Tour (1965), sur un EP 4 titres anglais paru en mars 1965[18], ainsi que sur divers albums de compilation (avec parfois les douze mesures du solo de guitare supprimées).
Une première version avait d'abord été enregistrée par le groupe, qui s'appelait encore The Alan Price Rhythm & Blues Combo et éditée sur un EP 4 titres paru à seulement 99 exemplaires en octobre 1963[19]. Au fil des ans, plusieurs versions de Boom Boom sont enregistrées par le groupe dans ses différentes compositions, ainsi que par ses anciens membres Eric Burdon et Alan Price. En 2012, la version originale de 1964 est utilisée dans le film Skyfall.
Boom Boom a fait l'objet d'un grand nombre de reprises par différents artistes du blues et du rock[25]. Parmi les plus célèbres, on peut citer notamment :
Big Head Todd and the Monster, pour l'album Beautiful World (1997), avec la participation de John Lee Hooker en personne, de passage ce jour-là dans le même studio.
Buddy Guy (medley Boom Boom / Strange Brew) sur Live at Legends (2012)
Georges Aber et André Salvet adaptent la chanson en français pour le groupe Les Missiles. La chanson intitulée Boum ! Boum ! paraît sur l'EP 4 titres Je n'en veux pas d'autre que toi en 1965.
Le morceau de John Lee Hooker est samplé par The Invincible Bullies featuring Joell Ortiz en 2011 sur le titre Boom Boom, et par Brandy sur Beggin & Pleadin en 2016[27].
Cinéma, télévision et autres médias
La chanson, interprétée par John Lee Hooker ou par d'autres artistes, apparaît dans de nombreux films de cinéma ou de télévision, des séries télévisées, des documentaires, des dessins animés ou des jeux vidéo [28].
↑(en) Michael Erlewine (dir.), Vladimir Bogdanov (dir.), Chris Woodstra (dir.), Cub Coda (dir.) et Bill Dahl, All Music Guide to the Blues : The Definitive Guide to the Blues, San Francisco, Miller Freeman Books, (ISBN0-87930-424-3, présentation en ligne), « John Lee Hooker », p. 116
↑Andrew L. Cope (trad. de l'anglais), Black Sabbath : L'essor de la musique Heavy Metal [« Black Sabbath and the Rise of Heavy Metal Music »], Rosières-en-Haye, Camion Blanc, , 296 p. (ISBN978-2-35779-320-0, lire en ligne)
↑(en) Jas Obrecht, Rollin' and Tumblin' : The Postwar Blues Guitarists, San Francisco, Backbeat Books, , 453 p. (ISBN978-0-87930-613-7), p. 426
↑(en) The Very Best of John Lee Hooker (notes de CD), Los Angeles, Rhino Records,
↑ a et b(en) Joel Whitburn, Top R&B Singles 1942–1988, Record Research, Inc, (ISBN0-89820-068-7), p. 194
↑David Roberts, British Hit Singles & Albums, Londres, Guinness World Records Limited, , 19e éd., 717 p. (ISBN1-904994-10-5), p. 258