Marie Mathilde Belluot dite Berthe Belluot, est la fille d’Antoine Martin Belluot (1811-1848), avoué, et de Séraphine Rose Guinot (1820-1852). Elle épouse Félix Faure le à Amboise[2]. De cette union, naissent Lucie et Antoinette.
Son passé l'encombre quand Édouard Drumont menace de provoquer un scandale en publiant dans son journal des informations sur son père[4]. Celui-ci avait en effet écopé de vingt ans de prison par contumace pour avoir été un avoué peu scrupuleux. Félix Faure, qui ne veut pas être pris au dépourvu, décide de lui-même communiquer ces informations à la presse, ce qui amènera l'étrange paradoxe que des députés viennent au palais de l'Élysée saluer Berthe Faure pour la dédouaner de la vie de son père.
Son mari insiste pour que dans les réceptions elle se tienne non à côté de lui mais dans un léger retrait. La grande-duchesse Wladimir en est choquée quand, reçue au palais, on la sert après le président. Il rétablit aussi un vieil usage hérité de la monarchie, dans lequel les enfants devaient jouer un rôle : ainsi, leur fille Lucie répond aux lettres arrivant au palais.
Tous les samedis, elle reçoit un cercle d'amis dans un salon du premier étage, dont le père du futur Marcel Proust, que l'on pense à l'époque marier à la fille des Faure, Antoinette[5]. Chaque année elle organise deux bals et sept dîners de gala de cent dix couverts chacun, pour lesquels sont envoyés près de 8000 invitations.
Mort de son mari
Berthe Faure n'ignore pas que son mari a des maîtresses. Un maître d'hôtel du palais, nommé Clerc, disait même à propos de ses conquêtes : « II en venait sans cesse »[3]. Le , le président reçoit dans le salon d'argent du palais Marguerite Steinheil, femme du peintre Adolphe Steinheil, auquel il a fait une commande officielle, et qu'il avait rencontrée deux ans plus tôt à Chamonix. Il la retrouve souvent dans la villa du couple au no 6 bis impasse Ronsin, mais le matin du , c'est lui qui la convie dans l'après-midi.
Peu de temps après son arrivée, elle sonne les domestiques. On découvre le corps tremblant du président sur un divan et Marguerite Steinheil rajustant ses vêtements. Il meurt quatre heures plus tard d'une congestion cérébrale. Marguerite Steinheil sort par une porte dérobée sur l'avenue Gabriel et l'on ne prévient que deux heures après Berthe Faure et sa fille Lucie, qui étaient dans leurs appartements privés. Le président s'éteint ainsi réellement dans les bras de son épouse.
Aux multiples condoléances qu'elle reçoit, elle n'a de cesse de répéter : « C'était un si bon mari »[3],[6].
Berthe Faure meurt 21 ans après son époux, en 1920. Elle est inhumée à ses côtés, au cimetière du Père-Lachaise à Paris (4e division).
Apparence
Berthe Faure est, comme sa fille Lucie, une femme élégante. Recevant Nicolas II et son épouse Alexandra, elle porte « une toilette bleue d'un goût exquis, avec des boleros à boutons énormes qui dégagent la haute ceinture étroitement serrée »[3].