La famille de son père, des tatars originaires de Kazan[1], s'installe sur le territoire de l'Empire ottoman dans les années 1890. Son père travaille dans le commerce des céréales. Elle naît à Bursa en 1910. Elle est la plus jeune de la fratrie[2].
Elle commence ses études à Bursa. Pendant la guerre d'indépendance, lorsque les Grecs entrent dans la ville, sa famille émigre à Istanbul. Elle poursuit ses études dans une école de religieuses françaises, puis entre
au Collège américain pour filles, l'American collège[1],[3]. En 1933, elle est professeur d’anglais à Manisa, ville où s’est installée la famille après le décès de son père[1]. En 1934, elle obtient, par l'intermédiaire d'un de ses anciens professeurs, une bourse pour reprendre des études à l'université du Michigan. Elle y mène un doctorat de sociologie[4],[1].
Carrière de sociologue
En 1939, elle devient professeur associé puis titulaire de la chaire de sociologie, créée à la faculté de langues, d'histoire et de géographie, au sein de l'université d'Ankara[5],[6]. Elle mène des recherches sur le milieu rural en Turquie, et constitue, avec ses études sur les villages de la région de Manisa (Toplumsal yapı araştırmaları (Recherches sur la structure sociale)), un cadre d'analyses qui sert de référence à des générations de chercheurs[7],[6].
Engagement politique
Au cours de la même période, elle participe à l'équipe de rédaction de publications de gauche, est membre du Parti communiste turc (TKP), se marie en 1946 avec Nevzat Hatko, mais est contrainte en 1948, dans le climat de guerre froide qui s'installe, de quitter son poste à l'université, et d'arrêter son enseignement et ses recherches. Avec son mari, elle ouvre un bureau de traduction[1]. En 1950, elle est incarcérée et condamnée à 15 mois de prison pour ses prises de position contre le gouvernement de Menderes et contre la participation de l'armée turque à la guerre de Corée, mais est libérée périodiquement pour raisons de santé. C'est dans ces conditions, à 41 ans, qu'elle donne naissance à un fils, Dursun, en [1].
En 1981, la citoyenneté turque lui est retirée[8]. Elle meurt en à Bruxelles, deux jours après avoir annoncé la fusion du Parti des travailleurs de Turquie et du Parti communiste turc[10]. Dans une volonté d'apaisement, le gouvernement turc autorise le retour en Turquie de sa dépouille, drapée dans le drapeau national, et l'organisation d'une cérémonie officielle devant l'Assemblée nationale. Quinze mille personnes participent aux obsèques[11]. Elle est inhumée à Istanbul au cimetière de Zincirlikuyu.
Principales publications
Toplumsal Yapı Araştırmaları (İki Köy Çeşidinin Mukayeseli Tetkiki), Türk tarih kurumu basımevi, 1945.
Edebiyat yazıları, Istanbul, Sarmal , 1992.
Türkiye ve sosyalizm sorunları, İstanbul, Sarmal yayınevi , 1992.
Savunma, 1992.
Traductions
Platon, 1944, Devlet Adamı, İstanbul: Maarif Vekilliği (Mehmet Karasan'la Birlikte).
Rédaction LM, « Turquie : Décès de Behice Boran, dirigeante du parti des travailleurs », Le Monde, (lire en ligne).
Corresp., « Turquie : Quinze mille personnes aux obsèques de Béhicé Boran », Le Monde, (lire en ligne).
(tr) Gökhan Atılgan, Behice Boran : Öğretim Üyesi, Siyasetçi, Kuramcı, Yordam Kitap, .
Mazyar Khoojinian, « L'exil belge de Behice Boran, présidente du Parti Ouvrier de Turquie (1981-1987) », dans Anne Morelli (dir.), Femmes exilées politiques : exhumer leur histoire, Éditions de l'Université libre de Bruxelles, , 107-130 p. (lire en ligne).