Ismaïl ben Chérif destitue son fils Zidan de son commandement et retourne en campagne contre Alger. Il avance alors jusque dans la vallée du Chelif. Le deyHadj Moustapha victorieux à l'est, rassemble des troupes d’auxiliaires des tribus sur son passage pour faire face. La rencontre des deux armées a lieu dans la vallée du Chelif, plus précisément sur les rives d'un affluent, le Djidouia.
Un changement de cap dans la politique extérieure de la régence d'Alger est amorcé dès les années 1690 par le dey Hadj Chabane. Ce dernier ambitionne de fédérer tout le Maghreb sous son autorité. Pour réaliser cet objectif, il s’est détourné de la guerre de course maritime avec l'Europe et a mobilisé toutes les forces disponibles dans ses guerres maghrébines[7].
Sa politique est poursuivie par le dey Moustapha qui affronte d’abord les armées conjointes de Tunis et de Tripoli en octobre 1700 puis fait face à l’armée du roi Moulay Ismaël en avril 1701. Ses victoires écrasantes sur les trois armées maghrébines, le butin et autres indemnités de guerre imposés aux vaincus, ne règlent pas les problèmes financiers de la régence d'Alger. En effet, ces victoires sont le résultat d’une exceptionnelle et onéreuse mobilisation des forces. Le nombre des combattants soldés a été augmenté à un niveau que ne pouvait pas soutenir longtemps le budget de l’État et beaucoup d’argent a été dépensé également pour payer et entretenir des milliers de cavaliers recrutés dans les différentes régions du pays[7].
Déroulement
La bataille a lieu le (selon l'historiographie locale le 20 du dzou-l qa’dah 1112 du calendrier hégirien) et l'engagement des deux armées commence à midi[8]. Face aux 50 000 hommes de Ismaïl ben Chérif, le dey Hadj Moustapha dispose de 6 000 fantassins et de 1 000 spahis[2].
La bataille s'achève vers 16 heures avec une déroute de Ismaïl ben Chérif. Ce dernier blessé dans les combats doit s’échapper à cheval et échappe de peu à une capture. Les pertes marocaines sont de 3 000 hommes dont 50 caïds[9].
Cette bataille met fin à la campagne algérienne de Ismaïl ben Chérif et, provisoirement, à ses visée territoriales.
Conséquences
Un Algérien anonyme écrit le 2 mai à un correspondant français en lui adressant la copie de la lettre du dey Moustapha à son khodja datée au camp le 18 avril 1701. Ces Lettres d'Alger relatant le « grand avantage qu'ont remporté les Algériens sur le roi de Maroc » en abordant la victoire de l 'oued Djidiouia où Moulay Ismail a perdu 3000 hommes, dont 50 caïds[10]. La guerre algéro-marocaine de 1701 a initié un rapprochement inattendu et éphémère entre la régence d'Alger et l'Espagne (encore présente à Oran)[11].
Notes et références
↑Auguste Cour, L'établissement des dynasties des Chérifs au Maroc et leur rivalité avec les Turcs de la Régence d'Alger, 1509-1830, Editions Bouchène, (ISBN978-2-35676-097-5, lire en ligne)
↑ ab et cLéon Galibert, L Algérie ancienne et moderne: depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours comprenant le bombardement de Tanger, la prise de Mogador, la bataille d'Isly et le glorieux combat de Djemma-Gazouat, Furne et Cie., (lire en ligne)
↑(en) J. S. Bromley, The New Cambridge Modern History: Volume 6, The Rise of Great Britain and Russia, 1688-1715/25, CUP Archive, (ISBN978-0-521-07524-4, lire en ligne)
↑Henri Garrot, Histoire générale de l'Algérie, Impr. P. Crescenzo, (lire en ligne), p. 554
↑Cour Auguste, « Chapitre X », L’établissement des dynasties des Chérifs au Maroc et leur rivalité avec les Turcs de la Régence d’Alger, Saint-Denis, Éditions Bouchène, « Histoire du Maghreb », 2004, p. 150-155.
↑H. D. de Grammont, Histoire d'Alger sous la domination turque (1515-1830), E. Leroux, (lire en ligne), p.270
↑Guy Turbet-Delof, La presse périodique française et l'Afrique barbaresque au 17e siècle (1611-1715)., Librairie Droz, , 189 p. (ISBN978-2-600-03532-3, présentation en ligne), p.163
↑Guy Turbet-Delof, La presse périodique française et l'Afrique barbaresque au 17e siècle (1611-1715)., Librairie Droz, , 189 p. (ISBN978-2-600-03532-3, présentation en ligne), p.163
↑Ismet Terki Hassaine, « Oran au xviiie siècle : du désarroi à la clairvoyance politique de l’Espagne », Insaniyat / إنسانيات. Revue algérienne d'anthropologie et de sciences sociales, nos 23-24, , p. 197–222 (ISSN1111-2050, DOI10.4000/insaniyat.5625, lire en ligne, consulté le )
Annexes
Bibliographie
Auguste Cour, L'établissement des dynasties des Chérifs au Maroc et leur rivalité avec les Turcs de la Régence d'Alger : 1509-1830, Editions Bouchène, , 188 p. (ISBN978-2-912946-78-2, lire en ligne)
Lemnouar Merouche, Recherches sur l'Algérie à l'époque ottomane II : La course, mythes et réalités, Paris, Éditions Bouchène, , 353 p. (ISBN978-2-912946-95-9, lire en ligne)