La bataille de Fleurus a eu lieu le à Fleurus (en Belgique actuelle). C'est une victoire pour l'armée française commandée par le maréchal de Luxembourg contre les armées d'une coalition rassemblant les Provinces-Unies, les Impériaux, l’Espagne et l'Angleterre dirigée par le général allemand Waldeck. La France perd 3 600 hommes, alors que les coalisés en perdent plus de 20 000.
Histoire
Contexte
Les premiers combats de la Guerre de la Ligue d'Augsbourg se sont déroulés sur le Rhin ; mais le généralissime autrichien Waldeck, qui bénéficie de l'avantage du nombre, opère un mouvement menaçant en direction du Hainaut. L'état-major français, dirigé par le duc de Luxembourg, préfère contraindre l'ennemi à engager le combat avant qu'il ne se renforce des contingents de l'Électeur de Brandebourg.
Déroulement
Les artilleurs français avaient tiré sur leurs régiments d'infanterie dont ils n'avaient pas identifié les couleurs. Tous les drapeaux reçurent, comme signe distinctif commun, une écharpe blanche nouée au sommet de la hampe.
« La journée de Fleurus fut la plus belle peut-être et la plus enivrante de celles que vécut Luxembourg. Jamais avec plus d'évidence n'éclatèrent son génie, son instinct puissant de la guerre. Nulle victoire ne fut davantage l'œuvre directe et personnelle d'un chef. »
En cette occasion, écrit le marquis de Feuquières, ce grand capitaine a capablement pensé avant de marcher à l'ennemi; il a jugé avec une justesse infinie du temps qu'il lui fallait pour se mettre en état d'exécuter ce qu'il avait pensé, et il l'a exécuté avec une vivacité qui n'a pas laissé à son ennemi le temps de remédier au coup qu'il lui portait.
Ce témoignage d'un connaisseur, tous les combattants de Fleurus le confirment unanimement. De ce jour, il conquit dans les rangs de l'armée une popularité vraiment extraordinaire. Quand il est là, chacun de nous en vaut deux, fut parmi les soldats une locution courante. Même note dans le corps d'officiers. Dans le régiment de Touraine, qui avait spécialement souffert, les capitaines dissimulèrent l'étendue de leurs pertes, par peur d'être envoyés se refaire dans d'autres quartiers, sous les ordres d'un autre chef. Comme nous voulions, écrit l'un d'eux, finir la campagne sous cet illustre général, nous ne nous plaignîmes jamais, et nous dîmes toujours que nous étions en état." Tous, en effet, sous lui se croyaient invincibles (...)
Conséquences
Fleurus passe pour l'une des batailles les plus sanglantes de cette campagne, quoique le nombre des victimes varie beaucoup selon les auteurs : pour Gaston Bodart, les Français auraient perdu 3 000 hommes et déploré autant de blessés, cependant que les Impériaux auraient eu 6 000 morts, 5 000 blessés et 8 000 hommes faits prisonniers[3]. Périni estime que 612 officiers et 3 000 soldats français ont été tués ou blessés, faisant 5 000 morts et 9 000 prisonniers (il ne mentionne pas le nombre de blessés chez l'ennemi). Les Français se sont emparé de 48 canons et pris à l'ennemi 150 drapeaux ou enseignes[4]. Les historiens britanniques réduisent les pertes de Impériaux à 7 000 tués et blessés, et considèrent que les Français ont essuyé les mêmes pertes[5],[6]; les sources néerlandaises avancent que moins de 3000 Autrichiens ont été faits prisonniers[7]
Les Français ont incorporé de force une partie de leurs prisonniers dans leur armée, déployant les prisonniers autrichiens et brandebourgeois en Catalogne, les Wallons sur le Rhin et les Flamands en Savoie. La plupart désertèrent à la première occasion[8].
Mais malgré les lourdes pertes des Impériaux, Waldeck parvint à se replier sur Bruxelles et eut même suffisamment de temps pour reconstituer son armée austro-espagnole. Avec les contingents du Brandebourg, il disposait encore au mois d'août de 50 000 hommes prêts au combat en Flandre. Victorieux sur la Boyne en Irlande, Guillaume III d'Orange-Nassau put embarquer son armée pour les Pays-Bas et prit désormais le commandement contre la France.
↑La comtesse de Grignan en complimenta le ministre Pomponne : « Il ne sera jamais parlé de la bataille de Fleurus sans que M. votre fils soit nommé avec l’éloge que mérite celui qui en a commencé le bonheur et donné l’exemple de la plus brillante valeur. » (Lettre du 18 juillet 1690, citée par Louis Monmerqué au tome 34 de la Biographie universelle de Michaud).
↑(de) Gaston Bodart, Militär-historisches Kriegs-Lexikon (1618–1905), , p. 112
Bertrand Fonck, « Fleurus (1690), Steinkerque (1692), Neerwinden (1693) : pratiques, représentations et légitimité de la bataille à la fin du XVIIe siècle », dans Ariane Boltanski, Yann Lagadec et Franck Mercier (dir.), La bataille : du fait d'armes au combat idéologique, XIe – XIXe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 288 p. (ISBN978-2-7535-4029-3, présentation en ligne), p. 187-203.
Jean-Claude Castex, Répertoire des combats franco-anglais de la Guerre de Trente Ans et de la Guerre de la Ligue d'Augsbourg, Canada, Les Editions du Phare-Ouest, , 433 p. (lire en ligne), p. 227-234