La bande dessinée politique est un genre de bande dessinée consacré à la politique, la plupart du temps traitée sous le point de vue de l'humour. Les premières bandes dessinées sont conçues comme des satires sociales et politiques pour un public adulte et lettré et elles prennent position dans le débat public.
Histoire
Les dessins politiques commentent l'actualité, la politique et les personnalités politiques ; ils sont diffusés par la presse écrite ou électronique dans les pays où règne la liberté d'expression[1]. Ce genre procède par la satire et les allusions[1]. Ces dessins portent sur des éléments bien connus afin que le destinataire identifie aussitôt le sujet[1].
Le théoricienThierry Groensteen estime que la bande dessinée naît de l'idée de Rodolphe Töpffer avec Les Amours de monsieur Vieux Bois (créée en 1827, publiée en 1837)[2]. Seule Monsieur Cryptogame, avec l'aide du caricaturisteCham, paraît dans la presse en 1845 sous forme de 11 épisodes[2]. Or, « Töpffer est un satiriste » et, dans les décennies qui suivent, les artistes dans son sillage emploient la bande dessinée comme critique sociale pour un public adulte, cultivé et aisé[2]. Dès l'origine, la bande dessinée « s'intéresse à la politique et intervient dans le débat public » : les albums sont « de véritables pamphlets »[2], comme l'Histoire d'Albert (Töpffer, 1845), l'Histoire de la Sainte Russie (Gustave Doré, 1854), des récits anarchistes de Nadar en 1848-1849, Thaten und Meiningen des Herr Pipemeyer (Adolph Schroedter, 1848)[2]. Lorsque la loi du 29 juillet 1881 favorise la libération de la presse, de nombreux périodiques d'humour paraissent et recourent largement à la caricature, y compris par des séquences narratives en images[2]. Ce n'est qu'avec La Famille Fenouillard de Christophe, publiée à partir de 1889, que la presse enfantine française s'empare à son tour de la bande dessinée[2].
En Allemagne
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En Argentine
Dans les années 1970, Alberto Breccia, son frère Enrique et Hector G. Œsterheld s'associent pour Le Che, bande dessinée biographique sur Che Guevara ; la junte militaire ayant pris le pouvoir en 1976, l'ouvrage est précipitamment dissimulé[3].
Bécassine, de Jacqueline Rivière, Caumery et Joseph Pinchon présente en 1912 un épisode intitulé Bécassine fait de la politique puis d'autres lors d'évènements d'ampleur internationale : Bécassine pendant la Grande Guerre, Bécassine chez les Alliés, Bécassine mobilisée, Les Petits Ennuis de Bécassine[3]. Les Pieds nickelés interviennent dans les Balkans et pendant la Première Guerre mondiale[3]. Dans les années 1930-1940, Vica, « ouvertement raciste et antisémite », collabore à plusieurs périodiques par ses œuvres pro-nazies[3].
À partir des années 1970, des dessinateurs de presse publient des albums compilant leurs dessins parus (notamment Pétillon, Cabu, Calvi, Tignous et Charb)[réf. souhaitée]. En 2006 est publiée la bande dessinée politique La Face karchée de Sarkozy, album composé d'une histoire complète avec une structure narrative ; c'est un succès, les ventes dépassant les 200 000 exemplaires. Parmi les autres succès, Quai d'Orsay, qui raconte la vie d'un ministre des Affaires étrangères, librement inspiré de Dominique de Villepin. Yves Derai, auteur de Rachida, aux noms des pères, décrypte ce mode d'expression : « dans la BD, les situations sont plus efficaces. Tout le monde sait [que celle-ci] permet de forcer le trait, de mélanger fiction et réalité ». Éditeur chez 12 bis, Laurent Muller note que si un bon tirage commence avec 5 000 exemplaires, ce sont les personnages de droite, de fort tempérament (Nicolas Sarkozy, Charles Pasqua ou Rachida Dati) qui se vendent le mieux, les albums avec des personnalités politiques de gauche se vendant moins bien. Dans Les Échos en 2010, un article relève le succès de Sarkozy et ses femmes, Quai d'Orsay et, dans une moindre mesure, La Droite ! Petites trahisons entre amis[4].
En 2013, Rachida Dati demande au juge des référés de Versailles d'interdire la bande dessinée qui lui a été consacrée, pour atteinte à la vie privée, réclamant 100 000 euros de dommages et intérêt pour elle et sa fille. Elle est déboutée, le juge considérant que l'ouvrage « ne dépasse pas les lois de la satire politique »[5].
Au Royaume-Uni
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Notes et références
↑ ab et c(en) Thomas Knieper, « Political cartoon », sur Encyclopæadia Britannica (consulté le ).
(en) Brannon Costello, « Politics and Politicians », dans M. Keith Booker (dir.), Encyclopedia of Comic Books and Graphic Novels, Santa Barbara, Grenwood, , xxii-xix-763 (ISBN9780313357466), p. 470-476.