Atlit (עתלית) est une municipalité de type agricole fondée en 1903 et située sur la côte nord méditerranéenne, aux pieds du mont Carmel, à 20 kilomètres (12 miles) au sud de Haïfa, en Israël.
Atlit Yam est un ancien village submergé du néolithique, situé au large de la côte de d'Atlit en Israël . Atlit Yam fournit la première preuve connue d'un système de subsistance agro-pastorale marine sur la côte levantine[1].
Âge du fer
Les fouilles indiquent que le site était habité à l’Âge du fer, probablement par des Phéniciens[2].
Âge du Bronze
Atlit montrent des signes d'habitation humaine depuis le début l' âge du bronze.
Période grecque
Une colonie de mercenaires grecs avec des femmes égyptiennes et autochtones s'installe à Atlit à l’époque perso-hellénistique (VIe au IIe siècle av. J.-C.)[2]. Une source grecque indique que le site est appelé Adarus, une colonie de Sidon[3].
Cimetière du temps des croisades, sis au nord de château Pélerin.
Les Croisés construisent en 1217 le Château Pèlerin (Castrum Peregrinorum), l'une des plus grandes citadelles de la Terre Sainte et l'un des derniers avant-postes croisés restants, pour consolider les positions des croisés sur le littoral, résister aux assauts du sultanmameloukBaybars en protégeant les convois et les pèlerins en provenance de Saint-Jean-d’Acre[5]. Il sert d’auberge pour pèlerins chrétiens et de lieu de rassemblement pour les Croisés nouvellement arrivés ; le roi Louis IX y aurait séjourné. Le géographe arabe Yaqut al-Hamawi indique en 1228 que la forteresse est appelée al-Ahmar, ce qui veut dire « le Rouge »[6].
Atlit reste dans les mains des Croisés jusqu'en 1291, tout comme Saint-Jean-d’Acre qui est vaincue la même année. Les ruines de la citadelle sont encore visibles de nos jours, ainsi que le cimetière des croisés s'étendant sur 7 500 m2[7], dont les fouilles montrent qu'il était utilisé probablement par les Templiers de la forteresse, les populations alentour et les pèlerins[5],[8].
En 1859, la population déclare « 180 âmes », travaillant le sol sur 13 feddans, selon le consul anglais Rogers[11]. À l'est du château Pélerin, se trouve la trace d'une inscription arabe datant des années 1800 d'un ancien cimetière musulman[3].
Une liste ottomane de villages vers 1870 montre qu'el-Lidd se compose de 9 maisons et d'une population de 33 personnes, bien que ce nombre ne recense que les hommes[12],[13].
En 1880, le voyageur Thomson indique qu'un village est construit à l'intérieur des ruines du village croisé[3].
En 1881, le Palestine Exploration Fund établit un Sondage de l'Ouest de la Palestine et note l'existence d'un petit village arabe[11]. Une liste de population vers 1887 montre qu'Athlit comprend environ 180 habitants, tous musulmans .
Fondation du village juif
Colonie d'Atlid sur les terres du baron de Rothschild, 1903
En 1903, les pionniers juifs construisent un petit village voisin également appelé Atlit, en référence au fort médiéval de Atlit de l'époque croisée, rassemblant quelques maisons[14]. Ce village est fondé sur les terres du baron Edmond James de Rothschild, pour la plupart achetées à des pêcheurs arabes qui avaient construit leurs cabanes parmi les ruines des croisés rachetées en 1899[15],[2].
Premières immigrations juives
Atlit est mentionnée de nouveau à l'époque des premières immigrations en Terre d'Israël, à la suite de la construction de la station d'expérimentation agricole, fondée en 1910 par le botaniste et homme politique originaire de Zihron Yaakov, Aharon Aharonson, précurseur, en 1906, de l'exploitation du blésauvage dans la région de Rosh Pina, dont le gouverneur de l'empire ottomanDjemal Pacha s'adjoint momentanément les services[15],[16]. Aharonson est également l'un des fondateurs du groupe d'espionnageNili, une organisation sioniste pro-britannique, qui s'engage au service des Britanniques à l'encontre des Turcs durant la Première Guerre mondiale[3],[2]. La station d'expérimentation sert alors de base au réseau Nili et de point de communication avec les bateaux britanniques postés face à la plage de Atlit.
En 1917, les Turcs découvrent le réseau de manière fortuite ; un pigeon-voyageur, envoyé depuis la station d'expérimentation et à la patte duquel un message secret a été attaché, se pose malencontreusement dans la cour du gouverneur turc à Césarée.
Période du mandat britannique
Alors que la région est sous le contrôle des Britannique, le recensement de la Palestine mandataire de 1922 montre qu'Athlit est composé d'une population de 81 personnes toutes musulmanes, alors que la colonie d'Athlit est constituée d'une population de 78 Juifs et 3 musulmans.
Plan d'Atlit, 1932
A la demande des Juifs dont Mordechai Surdin et Israel Kassel[17], les autorités britanniques leur accordent en octobre 1921, le droit d'exploitation de sel de mer, Athlit Salt works[18], qui recense une population de 196 juifs, 1 musulmans et 1 chrétien[19],[20],[18]. La première récolte de sel de 2 117 tonnes est réalisée en 1924. Pendant les vingt premières années de l'entreprise, la production à l'usine est basée sur le travail manuel avec seulement une mécanisation minimale - les machines électriques ne seront installées qu'après l'indépendance d'Israël en 1948[18]. Le succès économique attirant, la population d'Atlit augmente dans le recensement de 1931 à 496 Juifs, 413 musulmans et 39 chrétiens pour un total de 193 maisons[21].
En 1938, y vivent 508 Arabes et 224 Juifs. La présence arabe subit une forte baisse dans les années 1940 en raison en partie de la vente de terrains aux Juifs pour accueillir les réfugiés d'Europe fuyant le nazisme et leurs camps de concentration, et pour une autre partie de leur expropriation plus tard par les Juifs, selon le nouvel historienBenny Morris qui n'explique pas totalement ce phénomène de dépopulation[22], de sorte que les statistiques de 1945 montrent que seulement 150 Arabes vivent toujours là, composés de 90 musulmans et 60 chrétiens, aux côtés de 510 Juifs[3],[23].
Nouvelles émigrantes yéménites détenues au camp d'Atlit, 1943
Atlit est également connue par le camp militaire britannique qui se tient aux abords de la ville et comprenant une prison[2]. À l'époque de l'immigration illégale[Laquelle ?], entre 1934 et 1948 en Palestine mandataire, y sont incarcérés les réfugiés juifs appelés « mahapilim », arrêtés par les forces de contrôle navales anglaises pour les empêcher d'entrer en Palestine. Elles s'appuyaient sur le Livre Blanc de mai 1939 qui limitait l'autorisation à 75 000 migrants sur cinq ans[24],[2] mais plus de 122 000 personnes voulant sauver leur vie sont arrivées en Palestine malgré ce blocus[2].
Entrée du camp de détention d'Atlit pour les immigrants juifs.
Des dizaines de milliers d'immigrants juifs sont donc internés dans ce camp qui était alors entouré de fil de fer barbelé et de miradors. Il se trouve dans ce qui est maintenant la côte nord d'Israël.
Le , lors d'une opération d'incursion montée par le jeune Yitzhak Rabin, la Hagana libère l'ensemble des 200 prisonniers et les cache dans la population de Haïfa à quelques kilomètres[2].
Après l'indépendance d'Israël
Enfants ayant survécu à la Shoah, transportés en train jusqu'au camp de réfugiés d'Atlit, juillet 1945
« Le camp a continué à fonctionner après la Seconde Guerre mondiale » : certains survivants de la Shoah sont arrivés sur des embarcations jusqu’aux côtes d’Israël et sont arrêtés par les forces de contrôle navales britanniques. « Ces personnes sont passées par des camps de concentration nazis, des camps de personnes déplacées en Europe puis ont fini dans le camp militaire anglais de détention d’Atlit pour quelques mois jusqu’à ce qu’elles puissent rentrer dans les quotas d’immigration. Certains détenus ont passé jusqu’à un an dans le camp de détention. Après la création de l’État d’Israël en 1948, le camp devint un grand centre d’accueil pour immigrants » [2].
Pendant quelques années, le site continue d’être utilisé à des fins de détention lors d’autres conflits, pour ensuite changer de destination[2].
De nos jours
Atlit est déclaré conseil municipal en 1950 mais en 2004, il est intégré dans le conseil régional Hof Hacarmel comme plusieurs autres comités régionaux.
Aujourd'hui[Quand ?] existe toujours à Atlit l'usine d'exploitation du sel de mer (Salt of the Earth) fondée par les émigrés juifs en 1921 et également une usine de produits chimiques plus récente[19],[18].
La partie de l'ancien camp de détention sert depuis 1987 de musée de l'immigration juive illégale (Ha'apala) débutée à la fin des années 1930, afin de renseigner les visiteurs sur l’histoire de l’immigration clandestine en Israël entre 1934 et 1948, en particulier l’immigration par bateaux qui a constitué l’essentiel de cette immigration[2].
Les vestiges des murailles de château Pélerin s'étendent aujourd'hui au nord de la ville. Depuis les années 2010, différentes campagne de fouilles sur le site du cimetière de Château-Pèlerin sont entreprises avec le soutien de l’Israel Antiquity Authorities, du Hof-Hacarmel regional council et le Centre français de recherches à Jérusalem (CFRJ)[27],[5].
Chaque année, l'ONG pro-palestinienne Zochrot organise la « Marche du retour » réclamant que les terres reviennent aux Arabes palestiniens et en 2018, elle a lieu à Atlit, au nom des 174 habitants de ce village, chassés lors de la guerre qui a suivi la création de l'État d'Israël en 1948[28],[29].
Quartiers
Mémorial de la guerre à Atlit et Hof ha-Carmel à l'arrière
Les différentes quartiers contemporains à Atlit sont Neve Moshe, Yamit, Giv'at Haprahim, Giv'at HaBrekhot, Giv'at Sharon, Shoshanat Hayam, HaGoren, Yafe Nof, Argaman, Hofit, Savyonei Atlitet Allon.
↑« Itinerary from Bordeaux to Jerusalem - 'The Bordeaux Pilgrim' (333 A.D.) », trad. Aubrey Stewart, pub. in: Palestine Pilgrim's Text Society, vol. 1, London 1887, p. 16 (note 8)
↑(de)Muʿdjam al-buldān [Jacut’s Geographisches Wörterbuch] (Livre des Pays, achevé en 1228). Bände I–VI. Ed. F. Wüstenfeld, Leipzig 1866–73; 1924. Reprint Tehran 1965; Beirut 1955–1957; Frankfurt 1994. (ISBN3-8298-1197-7) (Original in arabisch (ISBN964-435-979-8)) (Digitalisat).
↑(en) Yves Gleize et Simon Dorso, ‘Atlit, Crusader Cemetery: Preliminary report in Hadashot Arkheologiyot: Excavations and Surveys in Israel n°131 (2019), 8 pages,
publié par Israel Antiquities Authority, article sur le site jstor.org (Lire en ligne)
↑Yves Gleize, Mathieu Vivas, Simon Dorso et Dominique Castex, « Le cimetière d’Atlit, un espace des morts au pied de Château-Pèlerin (royaume latin de Jérusalem - xiiie siècle) », dans Les vivants et les morts dans les sociétés médiévales : XLVIIIe Congrès de la SHMESP (Jérusalem, 2017), Éditions de la Sorbonne, coll. « Histoire ancienne et médiévale », (ISBN979-10-351-0577-8, lire en ligne), p. 187–204
↑(en) « Atlit, Israel », sur kehilalinks.jewishgen.org, (consulté le )
↑ a et bC. R. (Claude Reignier) Conder, Horatio Herbert Kitchener Kitchener, Edward Henry Palmer et Walter Besant, The survey of western Palestine : memoirs of the topography, orography, hydrography, and archaeology, London : Committee of the Palestine exploration fund, 1881-1883 (lire en ligne)
↑(de) Martin Hartmann et Deutsches Evangelisches Institut für Altertumswissenschaft des Heiligen Landes, Zeitschrift des Deutschen Palästina-Vereins, Leipzig : K. Baedeker, 1878-1945 (lire en ligne), p. 143
↑(de) Albert Socin et Deutsches Evangelisches Institut für Altertumswissenschaft des Heiligen Landes, Zeitschrift des Deutschen Palästina-Vereins, Leipzig : K. Baedeker, (lire en ligne), p. 147-148
↑(en)Sandra M. Sufian (2008) Healing the Land and the Nation: Malaria and the Zionist Project in Palestine, 1920-1947, University of Chicago Press, p103
↑ a et b« Atlit », sur www.jewishvirtuallibrary.org (consulté le )
↑« Zikhron Yaakov. », sur Boker Tov Yerushalayim, (consulté le )
↑E. Mills, Census of Palestine 1931. Population of villages, towns and administrative areas, (lire en ligne)
↑(en)Benny Morris, (2004). The Birth of the Palestinian Refugee Problem Revisited. Cambridge University Press. (ISBN978-0-521-00967-6). p. xviii, village #387. Also gives "not known" as cause of depopulation.
↑(en)al-Khalidi, Walid (ed.). All that remains: the Palestinian villages occupied and depopulated by Israel in 1948. Washington DC: 1992