Un blocus (de l'ancien wallonblokehus[1]) est une opération visant à couper le ravitaillement (nourriture, armes…) ou les communications d'une zone (ville, région, pays) par la force. Aujourd'hui, le terme peut aussi être utilisé à des échelles plus restreintes, par exemple pour l'occupation d'un bâtiment. Un blocus est un acte de guerre. Il ne doit pas être confondu avec l'embargo ou les sanctions qui sont des barrières légales au commerce et est différent du siège qui vise plutôt une ville ou une forteresse. Historiquement, le blocus prenait place sur mer avec une puissance qui bloquait le commerce maritime avec le pays cible ; cependant bloquer les transports terrestres peut également être considéré comme un blocus.
Des patrouilles à proximité d'un port ennemi dans le but d'empêcher la sortie des forces navales est aussi appelé un blocus. Lorsqu'une ville côtière est assiégée depuis la terre, il est courant que les assaillants réalisent un blocus du côté maritime. Le blocus désigne également l'interruption des communications par le brouillage des ondes radio ou par l'endommagement des câbles sous-marins.
Types de blocus
Blocus militaire
Un blocus à courte distance implique de placer ses navires à portée de vue de la côte ou du port bloqué pour assurer une interception rapide de tous les navires qui entreraient ou qui sortiraient. C'est à la fois le blocus le plus efficace et le plus difficile à mettre en place. La difficulté consiste à maintenir une présence maritime permanente en mer qui est ainsi exposée aux tempêtes et aux privations. Elle est également vulnérable face à une attaque surprise du camp ennemi dont les navires sont à l'abri dans le port et peuvent sortir à n'importe quel moment. De plus la flotte bloquante se trouve généralement loin de ses bases, ce qui accentue la difficulté.
Dans un blocus à distance, les assaillants restent à distance de la cote et tentent d'intercepter les navires. Cela requiert plus de navires mais ils peuvent opérer plus près de leurs bases et sont moins soumis aux tentatives de sorties de l'adversaire.
Un blocus détaché consiste à se positionner juste derrière la ligne d'horizon mais pas plus loin. L'objectif est de piéger l'ennemi qui croit qu'il peut sortir tout en restant suffisamment proche pour frapper.
Jusqu'en 1827, le blocus était toujours un acte de guerre. Cela changea lorsque la France, la Russie et la Grande-Bretagne vinrent en aide aux rebelles grecs dans leur lutte contre les Ottomans. Ce blocus mena à la bataille de Navarin. Cependant la guerre ne fut jamais déclarée, il est donc considéré comme le premier «blocus pacifique» à défaut d'être paisible[3]. Le premier vrai blocus pacifique sans coups de feu fut le blocus britannique de la république de Nouvelle-Grenade en 1837 dans le but de faire libérer un consul britannique[4].
Un blocus est défini par l’Encyclopædia Britannica comme « un acte de guerre par lequel un belligérant empêche l'accès ou le départ d'une zone définie de la côte ennemie[5]. »
Lois gouvernementales
Qu'un blocus soit considéré comme légal ou non dépend des lois du ou des pays dont le commerce est influencé par ce blocus. Le blocus brésilien du Río de la Plata en 1826 était considéré comme légal d'après les lois anglaises mais illégal selon les lois françaises et américaines. Ces deux pays ont donc annoncés qu'ils défendraient activement leurs navires contre les Brésiliens, tandis que la Grande-Bretagne s'efforçait de parvenir à une solution pacifique entre le Brésil et l'Argentine[6].
Les blocus furent définis pour la première fois dans les lois internationales lors du congrès de Paris(en) en 1856. Une de ses conclusions fut qu'un blocus devait être effectif pour être légal. Cela interdisait les « blocus de papier » qui étaient déclarés mais non rigoureusement appliqués et qui permettaient aux nations bloquantes de saisir les navires neutres qui commerçaient avec la nation bloquée[7]. En 1909, la déclaration de Londres fut une autre tentative pour protéger les navires neutres[8]. Ce traité ne fut ratifié que par une poignée de nations ce qui empêcha son application. Cependant certaines parties du traité furent appliquées durant la Première Guerre mondiale
le rapport de force entre l'assaillant et le défenseur ;
la volonté de maintenir ce blocus.
L'importance de l'objet bloqué doit justifier un blocus. Par exemple, durant la crise des missiles en 1962, les objets bloqués (ou mis en quarantaine selon le vocabulaire plus protocolaire et pacifique du président Kennedy) étaient des missiles de moyenne portée pouvant délivrer une ogive nucléaire depuis Cuba.
La force assaillante doit être au moins égale ou supérieure à la force défensive. Le blocus n'est efficace que si la « chose » en question peut être empêchée de pénétrer en territoire ennemi. Encore une fois, le blocus de Cuba montre que les États-Unis ont déployé un grand nombre de navires pour inspecter les cargaisons de navires allant à Cuba.
Le succès du blocus dépend presque entièrement de la volonté des personnes à maintenir ce blocus. La crise cubaine illustre la volonté de maintenir le blocus en dépit du risque de guerre nucléaire.
Le forçage de blocus désigne le transport de marchandises en direction d'une zone bloquée. Les forceurs de blocus sont souvent les navires les plus rapides bien que peu armés et protégés. Cependant, ce rôle peut être assuré par des avions comme lors du pont aérien vers Berlin.
Blocus historiques
(Durant la guerre du Péloponnèse (431-404 av. J.-C.), les Spartiates encerclaient la ville d'Athènes qui subsistait grâce à la nourriture importée par la mer. Après la bataille d'Aigos Potamos, Sparte bloqua également Athènes par la mer et celle-ci dut se rendre[10].
Pour prendre la ville de Tyr, Alexandre le Grand lui imposa un blocus de plusieurs mois.
Les sanctions économiques contre l'Irak (1990-2003), officiellement nommées un embargo, incluaient un blocus maritime et un blocus aérien imposés par des forces armées étrangères. Les seules importations et exportations permises étaient par le biais du Programme Pétrole contre nourriture des Nations unies.
↑Reynolds, Clark G. 1998. Navies in History, p. 98. (ISBN1-55750-715-5).
↑(en) L Oppenheim, International law : a treatise, Clark, N.J, Lawbook Exchange, (1re éd. 1920), 799 p., 2 vol (ISBN978-1-58477-609-3, lire en ligne), p. 53.