Les Archives et Musée de la littérature (AML) sont un centre d’archives privées, agréé par la Communauté française de Belgique, consacré au théâtre et à la littérature belges francophones. Concrètement, cette institution donne accès à d'importants fonds d'archives sur des auteurs et des artistes belges, quelles que soient leurs formes d’expressions (théâtre, poésie, essais, contes, textes narratifs, etc.) ou leurs supports (papiers, archives numériques, photographies, enregistrements sonores, microfilms). Ces ressources sont complétées par des fonds d’archives d’éditeurs belges et par des œuvres d’artistes couvrant le domaine des arts plastiques.
Les AML sont également un important centre de documentation littéraire international au sein duquel se sont développées, par exemple, des collections d’archives pour l’Afrique centrale (Burundi, Congo, Rwanda) ou l’ancienne Tchécoslovaquie, ainsi qu’une bibliothèque de revues très importante, toujours centrées autour de la thématique de l'écriture.
En outre, les AML sont un centre de recherche sur le patrimoine littéraire, théâtral et éditorial de la Belgique francophone, qui organise des colloques et des séminaires ; participe à des organisations ou à des rencontres internationales ; réalise des expositions, et communique ses travaux via l’édition littéraire ou la production audiovisuelle.
Les collections d’archives et les fonds documentaires sont consultables dans la bibliothèque des AML, située à Bruxelles, et sont diffusées plus largement par le musée de l’institution qui organise, par ailleurs, des expositions artistiques et littéraires temporaires.
Les AML se sont d’abord fixés comme mission d’inventorier, de cataloguer et de mettre à la disposition du public, des fonds d’archives d’auteurs belges de langue française issus de ces deux institutions « partenaires ». Ont été ainsi traités de volumineux fonds d’archives personnelles d’écrivains belges, tels les fonds d'Émile Verhaeren, Max Elskamp, André Baillon, Henry Van de Velde, Marie Gevers, Albert Mockel, Ray Nyst, pour ne citer que ceux-là[1].
Dès 1968, le Musée de la parole créé par Paul Hellyn, qui réunissait un nombre considérable de photos et d’enregistrements, est intégré aux AML et forme le noyau de la section audiovisuelle, composée aujourd’hui d’une sonothèque, d’une photothèque et d’une vidéothèque(en).
À partir de 1980, le théâtre qui sommeillait dans les collections (avec des archives de Camille Poupeye ou bien encore Lionel Wiener), devient une section spécifique qui s’attache à conserver et à collecter les données sur le spectacle vivant francophone de Belgique. En 1981 débute ainsi la publication de L’Annuaire du spectacle, se basant sur des fonds de dramaturges issus du symbolisme et de l’expressionnisme (Maurice Maeterlinck, Georges Rodenbach, Michel de Ghelderode, Henry Soumagne, Fernand Crommelynck, et al.), mais aussi sur des fonds de dramaturges contemporains (Michèle Fabien, Jean Louvet, Paul Willems, René Kalisky, etc.), ainsi que sur des fonds d'archives de critiques (Jacques Hislaire, etc.) ou encore sur des archives privées de théâtres et de compagnies. Cette section collabore également avec l’Institut International du Théâtre (IIT)[2] et traite les archives de son Centre belge[3]. Depuis 1992, les AML président le Centre belge de la Société internationale des Bibliothèques et des Musées des arts du spectacle (SIBMAS)[4],[5].
Depuis 2008, ils sont liés à l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF)[6].
En leur sein existe une section consacrée au Patrimoine Autobiographique des Archives (APA-AML)[7] en vue d’élargir les collections d’archives autobiographiques inédites de l'institution, dans la lignée des travaux de Philippe Lejeune.
Les AML regroupent par ailleurs des archives de parcours éditoriaux : les éditions Erel, l’éditeur Lebègue, les éditions Les Éperonniers, l’éditeur Jacques Antoine, les éditions Les Lèvres nues, etc.
Dans les collections du musée, on peut également noter la présence de deux triptyques de San Damon sur le thème, pour l’un, de Bruxelles, et l’autre, de New York, au travers de l’Oniroscopisme dont San Damon est le créateur.
Les fonds d’archives spécifiques
Une des singularités des Archives et Musée de la littérature est de disposer de très riches collections d’archives internationales, souvent dégagées des fonds d’archives d’auteurs[10]. Ainsi, il est possible d’accéder aux littératures latino-américaines[11]. Mais aussi de consulter les littératures européennes de langue latine (Espagne, Portugal, Roumanie, Italie) avec, en outre, un fonds italien très important, passant des poètes classiques italiens (Pétrarque, Dante, etc.) aux auteurs du XXe siècle (Luigi Pirandello, etc.).
En matière de langues non latines, de belles collections de livres russes, roumains, finlandais, tchèques et des ouvrages issus des écrivains du samizdat et de l’exil (avec notamment les archives de la revue Lettre internationale d’Antonin Liehm) sont abritées dans les AML.
À côté de cela, la collection relative à l’Afrique Centrale (Burundi, Congo, Rwanda) occupe une place très importante. Ce fonds concerne les écrivains africains francophones issus de ces trois pays, y vivant ou faisant partie de la diaspora. Il fait écho à des ensembles d'archives littéraires belges consacrées à l'Afrique centrale, liées aux étapes coloniales et postcoloniales.
Beaucoup d’artistes belges et étrangers présents dans les collections des AML ont permis l’émergence de fonds documentaires qui complètent les fonds d’archives sur ou autour des auteurs et des artistes plasticiens. Il s’agit par exemple de documents liés aux mouvements ou aux revues littéraires : qu’elles soient issues du surréalisme en Belgique, avec des manuscrits, des tracts et des lettres de Paul Nougé, d’Achille Chavée, de Louis Scutenaire pour ne citer que ces exemples, ou encore, des archives issues du groupe Cobra, de la revue Phantomas, etc.
Le travail international s’opère régulièrement avec le concours de Wallonie-Bruxelles International (WBI), de l’AUF, de l’OIF et de l’AEEF, la Sibmas, l'IIT ou l’AFI, ou encore des universités partenaires pour la coorganisation de colloques ou d’expositions hors frontières ; pour les fonds de documentation créés par les AML dans des centres spécialisés ; pour les recherches (thèses, articles, etc.).
Des colloques auxquels participent les AML, associés aux recherches des scientifiques de l’institution, émergent de nombreuses publications souvent coéditées.
Archives du futur est la première collection des publications des AML (1979/1980). Coéditée chez Labor, puis chez Luc Pire, et enfin à la Renaissance du Livre, cette collection publie aussi bien des correspondances que des textes, des monographies ou des biographies d’auteurs belges, des volumes collectifs, etc.
Des séries liées au travail sur l’Afrique Centrale (Congo-Meuse, Papier Blanc-Encre noire, D’entre les bras du fleuve, etc.) sont publiées chez l'Harmattan ou en interne[12] ou au travail sur la poétique (Le Courrier du CIEP jadis, rebaptisé ensuite Balises et publié chez L’Harmattan, puis chez Didier Devillez). Actuellement interrompues, ces séries restent néanmoins disponibles à la vente et à la consultation.
Des chroniques sont publiées dans chaque numéro de Textyles, à la suite du dépouillement minutieux de fonds[13].
La collaboration des centres internationaux a débouché sur des séries Correspondance, Confluencias, Écriture.
Les productions propres d’ordre événementiel sont diffusées aux lecteurs (L’œuvre en chantier, 50 ans au service des lettres et du théâtre)[14]
D'autre part, les AML ont publié d'autre part l’Annuaire du Spectacle de la Communauté française de Belgique pour les saisons 1981/1982 à 2004/2005. Annuaires qui constituent un répertoire des spectacles professionnels représentés dans la Communauté française de Belgique et des intervenants vivants en Belgique francophone. Ils ont été remplacés par la Banque de données Aspasia et des publications ponctuelles ou structurelles (Le Monde du Théâtre parait tous les deux ans et certains actes des colloques de la SIBMAS (2002, 2004, 2008).
Diffusion auprès du public
Les expositions
Jusqu'en 2019, de petites expositions ont régulièrement été
installées dans la salle de lecture des AML. Elles étaient destinées à un public non spécialiste et sont basées sur le traitement de plus de dix mille dossiers d’archives. À titre d’exemple, Robert Goffin et le jazz, Simenon et les romans de gare, François Jacqmin, Contes et proverbes d’Afrique centrale, Dominique Rolin et le dessin, Charles Quint : histoires dans les lettres belges, Jean Léo le funambule, Hommage à Otomar Krejča, Nouvelles archives de trois écrivains engagés : Oscar-Paul Gilbert, David Scheinert et Conrad Detrez, Les irréguliers du langage, 100 ans de théâtre en Belgique francophone, 100 ans de littérature francophone en Afrique centrale, Les 100 ans de Michel de Ghelderode, etc.[15]
Elles visaient à recentrer un écrivain, un thème littéraire ou à faire découvrir le théâtre belge de langue française, à un large public. Depuis le réaménagement de la salle en 2019, ces expositions ne peuvent plus être organisées.
Des expositions plus importantes ou de prestige sont par ailleurs installées dans la Bibliothèque royale ou hors des murs des AML. Ainsi en 1997, l'exposition Émile Verhaeren et ses peintres fut installée au musée d’Orsay ; en 2010, par exemple, notons la collaboration avec la bibliothèque Wittockiana, pour réaliser l’exposition Pierre Mertens : autres formes de procès ou encore, celle qui s'est effectuée avec la bibliothèque de la Ville de Tournai, pour l’exposition Dominique Rolin à l'occasion du Prix littéraire remis à Frans De Haes pour son essai Les pas de la voyageuse, Dominique Rolin édité à Bruxelles.
Les catalogues
Il existe un catalogue ligne, disponible sur le site, qui contient toutes les acquisitions depuis 1990 qui y sont répertoriées.
Les archives antérieures, de 1958 à 1989, sont accessibles via le catalogue imprimé situé dans la salle de lecture de la bibliothèque des AML. Un rétrocatalogage pour combler cette dissémination de l’information s’opère régulièrement.
Aspasia se décline aussi directement sur les sites de ces théâtres. Un grand chantier de refonte de cette base de données des spectacles est actuellement en cours.
Les ressources numériques
À côté des catalogues qui proposent aux lecteurs des documents numériques, les AML participent activement aux chantiers de numérisation menés par la Communauté française de Belgique dans le cadre du plan Pep’s pour préserver les collections photographiques et les archives littéraires les plus menacées, l'Agence universitaire de la Francophonie avec le Projet Africa, le musée Félicien Rops à Namur, l’Université libre de Bruxelles, etc.
Situation
Les AML sont localisés à Bruxelles. Hébergée au troisième étage de la Bibliothèque royale de Belgique, l’ASBL occupe une surface de 714 m2 répartie dans l’ensemble du bâtiment.
↑R. Demaeseneer, « Les Archives & Musée de la littérature : éclairage sur dix lustres d’existence… », in Le carnet et les instants : entre l’écrit et l’écran, no 154, Bruxelles, du au , p. 41-43.
↑En 2010, les archives des lettres belges comptent plus de 10 000 dossiers d'archives et près de 15 000 livres.
↑M. Quaghebeur, A. Piemme, L. Pieropan, F. Van de Kerckhove, 50 ans au service des lettres et du théâtre, Archives et musée de la littérature, Bruxelles, Archives & Musée de la littérature, 2008, p. 17-35.
↑La bibliothèque internationale de littérature compte, en 2010, plus de 70 000 livres et plus de 4 300 titres de revues en français et en langues étrangères.
↑En 2010, le fonds documentaire des littératures latino-américaines compte plus de 1 500 titres pour l’Argentine, 495 pour Cuba, 820 pour le Mexique ou encore 650 pour la Colombie.
↑M. Quaghebeur, V. Jago-Antoine, F. De Haes, A. Ransquin, L’œuvre en chantier : deux siècles de littérature francophone en Belgique, Bruxelles, Archives et Musée de la littérature, 2008.