L'archipel Ogasawara(小笠原諸島, Ogasawara shotō?), connu également sous le nom des îles Bonin, est un archipel du Japon composé de 41 îles pour 73 km2 de superficie, situé à environ 900 km au sud de Honshū. L'île principale, Haha-jima, se trouve à 933 km de Nojima Zaki, un cap japonais à proximité de Chiba (Honshū). Toutefois, depuis ce même cap, il est nécessaire de parcourir 1 799 km vers le sud-est pour rejoindre Minamitori-shima, une des îles les plus excentrées.
Il arrive que les trois premiers groupes d'îles soient dénommés archipel Nanpō au sens strict.
L'ensemble de l'archipel mesure 104 km2 de superficie. Iwo Jima est la plus importante des trois îles volcaniques tandis que la plus élevée est l'île Minamiiwo avec 970 m d'altitude.
La plupart de ces îles sont volcaniques, et des éruptions se produisent encore de nos jours, modifiant leur géographie. Un îlot volcanique est ainsi apparu en au sud-sud-est de l’île inhabitée de Nishino[1]. L'îlot s'est agrandi et a rejoint l'île principale, formant une nouvelle île Nishino d'environ 4 km2 (en 2023)[2]. Le même phénomène semble se produire depuis octobre 2023 au large d'Iwo Jima, où des éruptions phréatomagmatiques ont provoqué la naissance d'un îlot[3].
Histoire
Une partie de l'archipel était connue à l'époque d'Edo sous le nom d'îles Bunin (無人島, Bunin-jima?, soit « îles inhabitées », qui se lirait aujourd'hui Mujin-tō). En effet avant le XIXe siècle, les îles ne sont pas habitées de façon permanente : seules des présences saisonnières sont attestées[4].
En 1820, Isaac Titsingh et Jean-Pierre Abel-Rémusat mentionnent, dans Mémoires et anecdotes sur la dynastie régnante des Djogouns, les îles Ogasawara sous l'orthographe Bonin. En 1830, un groupe d'environ 25 colons partis de l'île d'Oahu à Hawaii s'établissent à Chichi-jima, comptant sur une demande d’échanges commerciaux. Ces premiers colons sont d'origine européenne, nord-américaine, d'Hawaii et d'autres ethnies du Pacifique. Ils cultivent légumes et céréales et élèvent du bétail pour les revendre aux navires de passage, notamment les baleiniers[4]. Parmi ces colons, Matteo Mazzaro puis Nathaniel Savory(en) deviennent gouverneur des îles.
Au début des années 1850, Matthew Perry, qui commande la marine américaine dans le Pacifique, visite Chichi-jima avec l'idée de réclamer Ogasawara pour les États-Unis. Dans les années 1860, le shōgun envoie à son tour l'interprète Nakahama Manjirō à bord du navire Kanrin Maru afin de prendre possession des îles. Ces deux tentatives restent sans suite, mais le peuplement par des ex-marins devenus colons et venus de tous horizons continue, indépendamment de toute autorité étatique[4].
En 1875, le Japon affirme au Royaume-Uni que l'archipel lui appartient, et précise en 1880 qu'il est rattaché à la préfecture de Tokyo : tous les habitants d'« ascendance étrangère » sont naturalisés « sujets japonais », dans une catégorie spéciale de sujets « naturalisés avant 1882 », tandis que des pêcheurs et des mineurs japonais de soufre s'installent en 1887 ; le Japon réaffirme sa souveraineté sur ces îles en 1891[4].
Au début du XXe siècle, l'archipel est inondé de colons japonais venant cultiver la canne à sucre. Pour l'empire japonais, qui planifie alors son grand projet colonial du Pacifique Sud, Ogasawara est un modèle de développement. À la fin des années 1920, le prix du sucre s'effondre, les agriculteurs profitent alors du climat des îles pour produire des légumes d'été pendant l'hiver métropolitain, ce qui conduisit à l'âge d’or d'Ogasawara dans les années 1930. À Iwo Jima, c'est cependant la culture de la coca et la transformation en cocaïne qui dominaient[4].
Occupées par les forces Alliées, les îles sont placées sous l'administration des États-Unis. En 1946, les États-Unis autorisent le retour à Chichi-jima des descendants de habitants qui vivaient dans les îles avant 1891 : 130 personnes retrouvent leur île, et trouvent un emploi auprès de la marine américaine[4].
Les îles retournent en 1968 sous administration japonaise, et les réfugiés japonais sont autorisés à revenir, sauf à Iwo Jima, qui redevient une base militaire japonaise[4].
Les principaux produits de l'archipel Ogasawara sont le bois de construction et l'industrie fruitière, avec notamment des bananes et des ananas. Il existe aussi des plantations de canne à sucre et des mines de soufre. On y trouve également des coraux, parfois pêchés illégalement, notamment par des bateaux chinois[6].
↑Jean Amsler, La Renaissance (1415-1600), tome II de Histoire Universelle des Explorations publiée sous la direction de L.-H. Parias, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1957, p. 325