La Samaritaine, Adam et Ève chassés du Paradis Terrestre, Saint-Benoit dans le lieu même de sa première retraite à deux milles de Subiaco, La fuite en Egypte
Antoine Ponthus-Cinier, est un peintre français né à Lyon le et mort le . Il est considéré comme l’un des chefs de file lyonnais du mouvement néo-classique et adopte un style arcadien. Ses œuvres couvrent tous les sites de la région lyonnaise. Il revendique l’héritage de la peinture vétudiste du XVIIIe siècle représentée à l’époque par Giovanni Antonio Canaletto en cherchant à apporter une atmosphère plus romantique.
Inscrit en 1829 à l’École des Beaux-Arts de Lyon où il ne semble pas être entré, il devient par la suite l’élève de Paul Delaroche à Paris. Il devient un peintre renommé en 1841 en obtenant le Second grand prix de Rome pour le paysage historique avec Adam et Eve chassés du Paradis Terrestre. Il passe deux années en Italie entre 1842 et 1844 et séjourna à Florence, Rome, Gênes et Naples. Ce voyage en Italie influencera fortement ses productions artistiques[1].
À son retour, il effectue un long périple en Dauphiné, dans la Dombes, en Provence, les Alpes, la Savoie et les Pyrénées puis finit par se fixer à Lyon et y demeure jusqu’à sa mort. Il devient membre de la Société des aquafortistes de Paris où ses gravures rencontrent un franc succès. Il expose des paysages historiques et paysages simples à Lyon entre 1837 et 1885, à Paris entre 1841 et 1867, à Rouen en 1869 et à Dijon en 1881. Ces œuvres exposés sont des peintures, des encres de Chine gouachées, des aquarelles et quelques eaux-fortes.
Il légua par testament à la ville de Lyon 50 lavis, ses cahiers de raisons en trois volumes, des dessins[2] et une rente de 1 000 francs destinée à la distribution d’un prix qui porte son nom (concours annuel de « Paysage au point de vue décoratif ») décerné par l’École des Beaux-Arts de Lyon Son atelier fut vendu à Lyon en mars 1885. Le musée des beaux-arts de Lyon, de Chalon-sur-Saône, Besançon, Brou et Chambéry possèdent ses œuvres.
Biographie
Famille
Antoine Ponthus-Cinier naît à Lyon le 29 aout 1812 rue Saint-Jean dans une famille de la petite bourgeoisie. Son père, Jean Joseph Ponthus Cinier, fut secrétaire de l’Administration municipale avant de devenir greffier à la Cour royale de Lyon. On ne peut établir avec certitude si celui-ci était le fils de Pierre-Ponthus Cinier, marchand-fabricant, et neveu de Jean-Joseph Cinier, sieur de la Feuillade, et de Jean-Louis Cinier, directeur des Diligences de la ville de Lyon. Sa mère est Antoinette Novet (née vers 1778, fille de François Novet, exécuté en 1794 après le siège de Lyon). Le frère du peintre, Jean-Claude (né le ) est dessinateur de fabrique lors de sa conscription militaire en 1820. On le retrouve en 1844 comme associé avec la fabrique tararienne de peluche pour chapeaux (JB.E. et P. Martin, à Paris, rue Rambeau).
Genres et thèmes dans la peinture de Ponthus-Cinier
Antoine, peintre de paysage
Sa formation à Paris et son parcours artistique ont fait d’Antoine un peintre de paysage, genre créé en Italie au XVIIIe siècle. Avant qu’il ne voyage en Italie, les œuvres auxquelles il accorde le plus d’importance sont des compositions de paysages historiques tirés de thèmes bibliques (Adam et Ève chassés du Paradis Terrestre). À partir de son voyage en Italie, il essaye d’adapter son inspiration à de purs paysages mêlant le Romantisme français et le réalisme illusionniste italien de son temps.
Ce qu'affectionne Antoine, c’est l’alliance des rochers qui architecturent avec l’eau en nappe ou en mare qui l’adoucit tandis que la végétation l’anime et que le ciel l’éclaire. La réminiscence des paysages italiens lui plait dans cette combinaison d’où les traces de l’homme, canaux, routes, ponts, et l’homme lui-même témoignent du présence directe.
Les critiques d’art de son siècle tels Jouve regrettent cette répétition d’un paysage jugé trop parfait en donnant une appréciation de la technique d’Antoine : « Nous ne contesterons point à M. Ponthus-Cinier des qualités rares et distinguées, une touche fine et suave, un coloris qui a du charme et de la vérité l’art d’éclairer une toile. Mais cet air frappant de famille qu’on trouve entre tous ses paysages n’est-il pas une défectuosité de son talent ? Voyez la nature… n’est-elle pas infiniment variée dans tous ces aspects[4] ? »
Dessins
L’œuvre graphique d’Antoine est assez féconde avec un album contenant des études et croquis à la plume de ses tableaux et une cinquantaine de lavis conservé aujourd’hui au musée des beaux-arts de Lyon.
Types de dessins
L'œuvre graphique d’Antoine se divise en plusieurs types, il utilise notamment le dessin pour faire des paysages d'après ce qu’il observe. Il remporta en 1840 le second grand prix de dessins au concours d’esquisse peinte avec La Samaritaine. Lors de son séjour en Italie, il se constitua ainsi une collection de dessins qui lui sert plus tard comme sources et modèles pour ses œuvres ultérieures. On répertorie un nombre assez important de paysages romains, principalement des vues de paysages historiques réalisées entre 1842 et 1844, réalisé à l’encre de Chine gouachées ou avec des aquarelles. On peut distinguer les « études » pour le travail d’observation d’un paysage particulier des lavis pouvant constituer l’état final d’une œuvre.
Les eaux-fortes
Antoine utilise le procédé de l’eau-forte pour obtenir ses gravures en tailles douces. Membre de la Société des aquafortistes de Paris de 1862 à 1867, plusieurs de ses eaux-fortes sont éditées par Alfred Cadart et montrent qu’il eut un lien avec l’école de Barbizon. Une série de vingt-cinq de ses eaux-fortes sera éditée en 1887 par Pierre Duperray.
Le plateau bressan, vue des hauteurs de Saint-Germain (Rhône), vers 1881, huile sur toile.
Envois au Salon de Lyon
Salon de Lyon de 1839-1840
Vue prise dans le Dauphiné
Vue prise sur les bords de la Méditerranée
Entrée de la Fusa
Château d’Humbert
Salon de Lyon en 1841-1842
Vue d'Izeron
Une entrée de forêt
Le Chêne et le Roseau
Adam et Ève chassés du paradis terrestre (second prix de Rome au concours des paysages historiques)
Agar
Paysage
Salon de Lyon de 1842-1843
Saint Benoît dans le lieu même de sa retraite à deux milles de Subiaco, Italie
Salon de Lyon de 1843-1844
Les Bords du Tibre à Narni
Le Chemin de la vallée à Narni
Effet du soir de la Sabine
Salon de Lyon de 1844-1845
Souvenir de la villa Pamphili à Rome
Vue du Tibre dans la campagne de Rome
Vue de la nymphée Al’ Ariccia
Les Bords de la mer à Neptunio
Salon de Lyon de 1846-1847
Châteauvieux
Saint André
Bords du Suran
Vallée du Suran
Une villa
Campagne de Rome
L’Été
Salon de Lyon de 1847-1848
L'automne
Les trois principales vues des environs de Crémieux
Vue de Châteauvieux
Bords de la rivière d'Ain
Château de Saint-André
Château de Thol
Vue du village de Lampenière
Vue de la plaine de Hauteville
Vue du village de Jujurieux
Étude d’arbres
Vallée de Subiaco
Salon de Lyon de 1848-1849
L’hiver
Vue prise dans les montagnes de la Sabine
Effet du soir
Bords de la rivière d'Ain
Une nymphée
Eurydice
Salon de Lyon de 1849-1850
Salvator Rosa chez les brigands
Opulence, les princes d’Este dans leur villa de Tivoli
Misère, famille de bûcherons dans la forêt
Le Bac à traille à Poncin
Château d’Humbert, Dauphin
Viviers de la route de Languedoc
Montagne de Rochemaure
Montélimar
Vallée du Rhône
Viviers du Rhône
Des religieux au couvant de Pergola sur le lac Nemi distribuent du pain à des pèlerins
Salon de Lyon de 1850-1851
2 vues des environs de Burzet
2 vues des environs de Crémieux
Coteau des environs de Crémieux
Plateau des montagnes de la Loire
Descente des bateaux sur la Saône
La Clairière, Fontainebleau
Route des Abbruzzée
Une nymphée
Salon de Lyon de 1854-1855
Ruines au bord de l’eau, effet de Midi
Saule au bord de l’eau, effet du Matin
Vallée d'Optevoz
Groupe d’arbres de la vallée de l'Azergue
Vue prise au pied du Revermont, effet d'Automne
Champ de blé sur la lisière d’un bois
Le soir dans la vallée (près d’Optevoz)
Les Marais pontins
La Rivière d’Ain, vue de Neuville à Poncin
Salon de Lyon de 1855-1856
La Moisson
Le Ravin de Népi
L’Entrée du Bugey par la vallée de l'Ain
La Vallée du Suran à Pampier
Salon de Lyon de 1858
Une saulée
Affluent de la Saône près de Genay
Effet d’automne
Vue de Tournon
La Tour de Claix
Vue prise à Morestel
Une nymphée
La Montagne des Couches du val Gaudemart
Le Golfe et la ville de Terracina, vue prise au couvent des Franciscains
Salon de Lyon de 1858-1859
Aqueduc à Mornant
Le Pont de Claix
Vallée du Grésivaudan
Vallée du Drac
Vue du pont et de la ville d'Aubenas
Lavoir italien
Vallon près d'Albano
Salon de Lyon de 1860
Bucolique
Le Réservoir d’un vieux moulin
Crémieux, effet du matin
Crémieux, effet du soir
Vallée de l’Azergues
Château de Jasseron
Passage dans les montagnes de Revermont
Les Plaines du bourge
Les Délaissés de la Saône
Les Fenaisons dans une vallée du Bourg d'Oisans
Salon de Lyon de 1861
Tartane échouée sur les récifs du vieux port de Néron
Souvenir du Bugey
Site agreste
Effet de lune à Thueyts
Campagne de Rome près de Ponte Nomantano
Moulin sur le cours d’un torrent
Tobie et l’ange
Un ruisseau
Salon de Lyon de 1862
Tivoli
Sommet des montagnes du Revermont
Crasse marécageuse du Morvan
Coteaux boisés du Morvan
Une route du Revermont
Vallée du Suran à Saint-André
Salon de Lyon de 1863
Les chênes verts de la forêt de Neptuno dans les États romains
Les promenades du Pape sur les hauteurs d'Albano
Salon de Lyon de 1864
Un bois sacré, consacré au Dieu Pan
Gueule d’enfer, près de Thueyts
Voie romaine d'Ardea
Salon de Lyon de 1865
Suzanne au bain
Le Bon Samaritain
La Chaste Suzanne
Campagne de Rome
Salon de Lyon de 1866
Chênes verts
Paysage d’Italie
Salon de Lyon de 1867
Chênes lièges près de Nettuno
Brouillard d’automne
Salon de Lyon de 1868
La Vue de l’aqueduc de Saint Fortuna
Salon de Lyon de 1869
Vue du port de Martigues
La Vue de la Durance
Canal de Saint-Louis
Salon de Lyon de 1870
Souvenir de Dauphiné
Salon de Lyon de 1872
Florence
Venise, vue de la rives des esclavons
La Piazzetta à Venise
Entrée du grand canal à Venise
Salon de Lyon de 1874
Voie Appia
Salon de Lyon de 1875
Forum de Pompéi
Pompéi
Fontaine de l’Aqua Acetosa
Salon de Lyon de 1876
Vue de Rome
Le port de Gènes, effet de brumes du sirocco venant de la mer
Le pont de la place et le pont des Soupirs
Vue de l’île de la Bartelasse. Effet du matin
Vue du Tibre. Effet du soir
Salon de Lyon de 1877
Rome, vue du Tibre
Florence, vue des hauteurs de San-Miniato
Le port et la Piazzetta de Venise
Notre-Dame de la Salute, vue du rivage de la Piazzetta de venise
Capri, vue de la plage
Le rocher de Tibère, vue de la petite marine de Capri
Forêt de Fontainebleau
Salon de Lyon de 1878
La campagne romaine du marais pontins, le camp de Circé près et la mer
Le palais de la reine Jeanna
Le lac de Genève, vue prise de la vieille roure de Saint-Sergues
Dessin au lavis, sur la nature
Salon de Lyon de 1879
La plaine de Culoz, inondée
Effet de lune sur le lac de Genève
Salon de Lyon de 1880
La roche de Campdossin
Une halte en lisière de forêt
État des travaux de l’église de Notre-Dame de Fourvière
Salon de Lyon de 1881
La plaine du Dauphiné, mont Cindre
La vallée de Virieux-le-Grand
Salon de Lyon de 1882
La ferme du Noyer
Le cabaret d’Unaancien, relais de poste
Salon de Lyon de 1883
La vallée de la Saône
Le moulin de Treconas
Salon de Lyon de 1884
L’Allier et ses délaissés à Vichy
Salon de Lyon de 1885
Les rochers de Tibère à Capri
Notes et références
↑Il y réalisera notamment beaucoup de dessins comprenant des antiquités romaines qui lui serviront de modèles pour les années suivantes
↑Le musée des beaux-arts de Lyon reçoit en 1885 plus de 50 lavis, un album contenant des études et croquis réalisés à la plume de ses tableaux ainsi que ses 3 livres de raisons contenant aussi des dessins.
↑Vial E. et Audin M., Dictionnaire des artistes et ouvriers d’arts du Lyonnais, tome 2, Paris, 1918
↑Critique écrite par Jouve A. en 1849 dans le journal Le Courrier de Lyon du 5 février 1845
Bibliographie
Sources
Desvernay F., Le vieux Lyon à l’exposition internationale urbaine de 1914, Lyon, 1915
Gouttenoir B., Dictionnaire des peintres et sculpteurs à Lyon aux XIXe et XXe siècles, La Taillanderie, 2002
Harambourg L., Dictionnaire des peintres paysagistes français du XIXe siècle, Idées et calendes, 1985
Élisabeth Hardouin-Fugier, Le peintre et l’animal en France au XIXe siècle, édition de l’amateur, Paris, 2001
Élisabeth Hardouin-Fugier et E. Grafe, Répertoire des peintres lyonnais du XIXe siècle en Bugey, Centre d’Art Lacoux, 1980
Revue de la bibliothèque de Lyon, , numéro 20
Sans nom, Paysagistes lyonnais, 1800-1900, musée des Beaux-Arts de Lyon,
Sans nom, Livret du S.A.D.A, Lyon, années 1839 à 1885
Sans nom, Salon de 1942, société lyonnaise des Beaux-Arts, 1942
Gérald Schurr et Cabanne P., Dictionnaire des Petits Maîtres de la peinture, 1820-1920, tome II, les éditions de l’amateur, Paris, 1979
Vial A. et Bailly-Herzberg J., L’eau-forte de peintre, la société des aquafortistes, tome II, Léonce Laget, Paris, 1972
Vial E. et Audin M., Dictionnaire des artistes et ouvriers d’arts du Lyonnais, tome 2, Paris, 1918