Alexandre Isidore Leroy de Barde naît à Montreuil-sur-Mer le 15[1] ou le [2],[3]. Il est le fils de François-Isidore Leroy de Barde et de Marie Lebel[3].
Il semble être autodidacte[4]. En 1792, il émigre en Angleterre avec sa famille monarchiste pour éviter la Révolution[4].
Il se voue à l'aquarelle qu'une Anglaise souhaite remettre à l'honneur et se consacre surtout à l'étude des natures mortes[2].
La première mention de lui en tant qu'artiste est celle d'un exposant "honoraire" à l'exposition de l'Académie royale de 1797 où il expose deux aquarelles, Fruit et Raisins[4].
Il accompagne Louis XVIII à Gand en qualité de garde du corps et ne rentre à Montreuil qu'après la chute définitive de l'Empire[2]. Le roi le fait chevalier de saint Louis en 1816 et lui confère l'année suivante le titre de son premier peintre d'histoire naturelle[2].
Marié en 1818, il partage quelques années après sa résidence entre Paris et Bernieulles[2].
Passionné de voyage, d'exotisme et par les curiosités, il parcourt pendant vingt ans le monde à la recherche d'objets, de minéraux, de fossiles... puis il ouvre, à Paris, un cabinet de Curiosités constitué de 2 192 spécimens d’histoire naturelle (oiseaux, coquillages, animaux, minéraux), de 80 vases et objets d’antiquités et de 288 « curiosités des sauvages » provenant des mers du Sud (armes, habillement, ustensiles, instruments de marine, de musique).
Ce Cabinet sera cédé à la Société d’agriculture et des arts de Boulogne pour qu'elle fonde à partir de ses éléments un musée[5]. Il vend pour 10 000 francs à la ville de Boulogne ses collections d'histoire naturelle et d'antiquités comprenant 2 640 pièces[2]. Le , le conseil municipal de Boulogne-sur-mer décide de l’achat de ces « curiosités », et de la création de ce musée dans les bâtiments de l’ancien séminaire, Grand-Rue[6].
Après sa mort, les tableaux qu'il avait collectionnés sont achetés par la ville de Boulogne-sur-Mer[1].
Trois de ses gouaches ornent en 2008 le bureau d'Henri Loyrette, président-directeur du musée du Louvre jusqu'en 2013[7].
Famille
La famille Leroy de Barde est une famille noble française éteinte, originaire de Picardie, ayant compté quelques personnalités sous l'Ancien Régime. Parmi elles, des receveurs généraux des Finances comme Armand Leroy de Barde ou François Leroy de Barde (officier) et, au XVIIIe siècle, le peintre Alexandre Isidore Leroy de Barde (1777-1828), promoteur des cabinets de curiosités.
Histoire
Nicolas Leroy, seigneur de Moyenneville, prend le nom de « Barde », issu d'un fief situé à Coulonvillers que son épouse née Antoinette de Hesdin lui a apporté en dot par leur mariage, le [2]. Dans les Archives généalogiques et historiques de la noblesse de France de M. Laîné (publiées en 1828), on lit qu'au XVIe siècle, le fils de Nicolas Leroy fut Adrien Leroy (1582-1627), écuyer, seigneur de Barde, Limeux, Royaumont, Le Titre et Valines.
On a relevé le nom d'Adrien Leroy parmi ceux inscrits en minuscule gothique sur la grande cloche de l'église de Cayeux-sur-Mer en 1602. Il appartenait à la maison du duc de Guise et était trésorier de France à Amiens. Marié le avec Charlotte de Rune, il sera à sa mort en 1627 inhumé en l'église du couvent des Cordeliers à Abbeville[8]. il eut comme descendants Claude, François, Antoinette. Du mariage de François avec Élisabeth Desfontaines, le , naît Nicolas ; du mariage de ce dernier Nicolas avec Antoinette de Cacheleu, le , naît le prénommé de même Nicolas qui, épousant Marguerite Thérèse Tillette de La Motte le , est le père de Nicolas-François Leroy, chevalier, seigneur de Barde[2].
Né le du mariage de Nicolas-François Leroy et de Marie-Jeanne Prévost[2], François Isidore Leroy de Barde, seigneur de Royaulmont, de Hurt, de Bois-Collart, ancien capitaine au régiment de Picardie, a émigré à Londres en 1792, fuyant la Révolution française avec son épouse née Marie Françoise Le Bel de la Fresnoye et ses enfants[5], et fait les campagnes de Mgr le duc de Bourbon accompagné de ses deux plus jeunes fils. Il est mort à Abbeville le .
Le plus jeune de ses fils est Alexis Hilarion, né en 1779, chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Le second est Alexandre Isidore, né en 1777 (voir ci-dessus). Armand Nicolas, le plus âgé, fut page de Louis XVI[9].
Né le à Buire-le-Sec et receveur général des finances, Armand Nicolas Leroy de Barde épouse le à Londres Adèle Louise Henriette de Sainte-Hermine. Il est fait chevalier de Saint-Louis[10]. Receveur général à Périgueux, il fait en 1820 ou 1822 l'acquisition du château de Lanmary, « s'y installe avec sa femme et ses quatre enfants et le transforme considérablement »[11]. On lit son nom sur l'obélisque qu'il fait ériger en 1836 dans la forêt de Lanmary, sur l'actuelle commune de Cornille[12]. Il meurt le à Périgueux.
Héraldique
Les Leroy portent « d'azur, à trois écus d'argent chacun chargé d'une croix pattée de gueules », les Hesdin, à qui ils doivent l'apport du fief de Barde portent « de gueules; à trois trèfles d'or, soutenus de trois croissants de même »[13].
Œuvre
Spécialisé dans la représentation de sujets d'histoire naturelle, il est aussi collectionneur d'art[1]. En 1803 il réalise une aquarelle représentant soixante et onze coquillages[3].
Son œuvre Réunion d'oiseaux étrangers placés dans différentes caisses, exécutée en 1810, fait l'objet d'une exposition à Londres en 1814, puis à Paris, en 1817[14], puis le roi Louis XVIII acquiert de lui six grandes gouaches (dont Réunion d'oiseaux étrangers placés dans différentes caisses[15], toutes aujourd'hui conservées au musée du Louvre) et le nomme « Premier peintre d’histoire naturelle »[16].
Musée du Louvre, six tableaux sus-mentionnés de la collection du roi Louis XVIII ainsi qu'une nature morte aux prunes et pêches, aquarelle et gouache.
↑Le Web pédagogique ; photos sur le site de la RMN. Référence bibliographique : « Le chevalier Leroy de Barde et les cabinets de curiosités anglais », in : Annick Notter (1997), éd. La découverte du paradis : Océanie : curieux, navigateurs et savants. Paris : Somogy Editions d'art, pp. 33-6.
↑ a et bVincent Pomarède, 1001 peintures au Louvre : De l’Antiquité au XIXème siècle, Paris/Milan, Musée du Louvre Editions, , 363 p. (ISBN2-35031-032-9), p. 524-525
↑ Catalogue de l'exposition De David à Delacroix - La peinture française de 1774 à 1830 Grand Palais, 1974, voir n°122 du catalogue : "Réunion d'oiseaux étrangers placés dans différentes caisses" par Alexandre Isidore Leroy de Barde.
Marie Hoffmann, « Appréhender les collections ethnographiques dans un musée au début du XIXe siècle : le cas de Boulogne-sur-Mer / Le cabinet d'Alexandre-Isidore Leroy de Barde », dans Arts premiers dans les musées de l’Europe du Nord-Ouest (Belgique, France, Pays-Bas), Publications de l’Institut de recherches historiques du Septentrion, (ISBN9782490296293, lire en ligne), p. 67
Alexandre Isidore Leroy de Barde et W. Bullock, A descriptive catalogue of the different subjects represented in the large water colour drawings by the Chevalier de Barde, now exhibiting at Mr Bullock's Museum, Whittingham & Rowland, Londres, 1814.
Joachim Busse, Internationales Handbuch aller Maler und Bildhauer des 19.Jahrhunderts, Busse, Wiesbaden, 1977, p.754.
Madeleine Pinault-Sorensen, The painter as naturalist : fron Dürer to Redouté, Flammarion, 1991.
Andreas Beyer, Bénédicte Savoy, Wolf Tegethoff et Eberhard König, Allgemeines Lexikon - Die bildenden künstler aller Zeiten und Völker, Saur, Münich, 1992, vol.84, p.117.
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999, vol.8, p.561 (voir N. Leroy).
Martine Denoyelle, Naturalisme et illusion - Les vases grecs et étrusques d'Alexandre Leroy de Barde, revue du Louvre, 2002.
Le chevalier Leroy de Barde et les cabinets de curiosités anglais, in : Annick Notter et Association générale des conservateurs des collections publiques (France). Section Nord-Pas-de-Calais (Auteur).
La découverte du paradis Océanie : curieux, navigateurs et savants, Annick Notter, Paris, Somogy Editions d'art, , (ISBN2850562742) ; (ISBN978-2850562747).
Château Lagrézette, de Éric Deschodt et Alain-Dominique Perrin, Éditions du Regard, Paris, 2005.