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Agnès Cécile Marie-Madeleine Valois[2] naît le à Rouen. En raison d’une erreur à l’état civil, son nom de famille est Valois avec un seul « L », comme pour ses deux sœurs, alors que la graphie utilisée pour son père et son frère est Vallois. Elle est baptisée le , jour de la déclaration de guerre de l'Allemagne à la France.
Elle est la fille de Gaston Vallois, fils de Jules, et de Cécile Debreuil. Agnès a deux grandes sœurs, Marguerite-Marie et Cécile, et un petit frère, Pierre.
De 1936 à 1938, Agnès Valois travaille en médecine hospitalière en salle militaire ; puis de 1938 à 1940, elle travaille en salle d’opération ; à la fin de cette période, elle devient infirmière anesthésiste.
Après l’échec du débarquement de Dieppe le dans le cadre de l’opération Jubilee à laquelle ont participé des soldats alliés de huit nationalités (surtout des Canadiens et quelques Britanniques), des soldats blessés alliés et allemands sont amenés auprès des Augustines à partir de 2h du matin le 20 août. À partir de cette nuit-là, dix infirmières augustines[4], dont Agnès Valois, soignent et apportent réconfort sans relâche à plusieurs centaines de blessés dont une cinquantaine d’Alliés et ce au-delà de la volonté des Allemands qui avaient peur qu’elles puissent relayer des informations importantes.
Malgré les menaces, Agnès Valois et les autres infirmières augustines s’assureront que les blessés alliés reçoivent les mêmes soins médicaux que les militaires allemands : le soldat canadien Russel Dube rapporte qu’il a vu Agnès Valois frappée par deux soldats allemands pour lui avoir lavé la figure et sommée de s’éloigner des soldats alliés mais Agnès Valois les repoussa pour continuer les soins. Les infirmières augustines procurent aussi clandestinement aux soldats alliés alcool, friandises, raisin, etc. pris directement dans les stocks allemands de l’hôtel-Dieu.
Dix soldats canadiens et anglais succombèrent la nuit de leur arrivée à l’hôtel-Dieu, trois d’entre eux échappèrent à la fosse commune, leurs corps ayant été, malgré le danger, subtilisés par les Augustines pour leur donner des sépultures décentes. Ces trois soldats sont maintenant enterrés dans le carré réservé aux soldats étrangers du cimetière Saint-Sever de Rouen[5],[6].
Parmi les soldats canadiens, il y eut entre autres un soldat, du nom d’Edwin Bennett, grièvement blessé au visage : la ténacité d’Agnès Valois ayant permis d’obtenir l’assistance d’un ophtalmologiste de Berlin, il recouvra la vue. Après l’opération, ce médecin allemand confiera que si elle n’avait « pas été là, il ne l’aurait pas fait ». Bennett, dont la vue était revenue pendant sa captivité, n’avait jamais aperçu sa bienfaitrice. Il la reconnut au son de sa voix en 1982 lors de commémorations[7]. Agnès Valois obtient aussi la vie sauve d’un autre soldat canadien, Roland Laurendeau, que les Allemands voulaient tuer d’une balle dans la tête tellement il était agonisant, ce soldat recroisera Agnès Valois lors d’un voyage au Québec en avril 1993 et, tout comme Edwin Bennett en 1982, la reconnaîtra également au son de sa voix, voix entendue cinquante-et-une années plus tôt.
Plusieurs mois plus tard, fin novembre 1942, la plupart des soldats alliés sont soit morts soit déportés en Allemagne dans les camps de prisonniers ; seuls deux blessés intransportables canadiens sont encore soignés à l’hôtel-Dieu. À la demande d’un des deux, le commandant Robert J. Hainault, et malgré les risques, Agnès Valois enlève et brûle le portrait d’Adolf Hitler présent dans la salle de soin où séjournait le militaire canadien.
Après la guerre
Après de nouvelles études d’infirmière de 1944 à 1946, Agnès Valois est promue surveillante de service et assistante au bloc opératoire.
En 1963, Agnès Valois obtient le diplôme des cadres après une année à Poitiers. Grâce à ce diplôme, elle devient, en 1964, surveillante en chirurgie.
Le , en raison de la fermeture de l’hôtel-Dieu, elle arrive au monastère Sainte-Marie de Thibermont, situé dans la commune de Martin-Église, et prend le nom de sœur Agnès-Marie. Elle exerce de 1968 à 1974 à l’hôpital de Dieppe comme surveillante en chirurgie, puis de 1974 à sa retraite en 1979 au service gériatrie de Château-Michel, également à Dieppe.
Elle meurt le à Martin-Église (Seine-Maritime)[1]. Le jour de sa mort, la municipalité de Dieppe fait mettre les drapeaux de la commune en berne[1]. Le 24 avril 2018, une cérémonie en hommage à Agnès Valois et une messe célébrée par l’abbé Geoffroy de la Tousche, curé de la paroisse Saint-Jean-Paul-II de Dieppe, ont lieu à Hautot-sur-Mer au cimetière des Vertus qui est le cimetière militaire canadien où sont enterrés plusieurs centaines de militaires de l’opération Jubilee ; cet hommage se fait en présence d’Isabelle Hudon, ambassadrice du Canada en France, de Fabienne Buccio, préfète de la région Normandie et préfète de la Seine-Maritime, de Nicolas Langlois, maire de Dieppe, et de Sébastien Jumel, député de la Seine-Maritime et ancien maire de Dieppe ; Agnès Valois est enterrée plus tard dans la journée à Dieppe au cimetière de Janval dans le carré réservé aux religieux[9],[10],[11].
↑En plus d’Agnès Valois qui portait le nom de sœur Sainte Marguerite-Marie, il y avait quatre autres religieuses de Rouen (sœur Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, sœur Sainte Monique, sœur Sainte Clotilde et sœur Marie Joseph) et cinq religieuses de Dieppe (sœur Sainte Marie du Sacré Cœur, sœur Saint François de Salle, sœur Saint François Xavier, sœur Sainte Monique et mère Marguerite-Marie). Ces noms sont rappelés lors de la remise à Agnès Valois des insignes de chevalier de l’ordre national du Mérite le 5 février 1993.
↑[« Les funérailles de sœur Agnès-Marie Vallois auront lieu au cimetière des Vertus, près de Dieppe », sur Actu.fr, 24 avril 2018 (consulté le 3 mai 2018).
Sœur Agnès-Marie Valois, l’Ange blanc, brochure à l’adresse d’Agnès Valois rédigée par Gérard Leterc, lauréat de l’Académie normande des lettres et de l’Académie de Rouen, 78 p., 2013.