L'abbaye d'Hauterive (« Altaripa » : la haute rive) est fondée par Guillaume de Glâne, seigneur de Villars-sur-Glâne et d'Arconciel, avec l'accord de l'évêque de Lausanne (1137). Une pancarte, datée de 1139, énumère les donations faites par le seigneur Dominus Wilhelmus de Glana, avec le consentement du comte de Genève, Amédée Ier, et souscrites par Guillaume de Glâne, Thorin et Jorran de Gruyère et Raoul/Rodolphe de Ponte[9].
Entre 1131 et 1137, Guillaume de Glâne fait venir des religieux de l'abbaye de Cherlieu à qui il offre les terrains nécessaires. À cet effet, il fait démolir son château et réemploie les matériaux pour la construction de l'abbaye où il mourra en ou 1143 en qualité de frère convers et sera inhumé dans le chœur.
Les moines en provenance de l'abbaye de Cherlieu vont s'installer pendant une vingtaine d'années aux abords du site qui verra s'élever l'abbaye. Entre 1150 et 1160, l'église, le cloître et les bâtiments communautaires sont érigés avec le bois de la proche forêt. Un siècle plus tard, le mur d'enceinte, la chapelle des hôtes, le moulin et la ferme[10] sont construits. Sous la direction de l'abbé Pierre Dives le cloître, une partie des bâtiments et l'église sont reconstruits en pierre entre 1310 et 1330 par une trentaine de tailleurs venus du chantier de la cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg[11].
Les terres de l'abbaye provenant de l'héritage de Guillaume de Glâne, celle-ci sera, dans ses premières années, en conflit avec les comtes de Gruyère. En effet, un des membres de cette famille, en l'occurrence Rodolphe Ier de Gruyère, avait épousé la sœur de Guillaume et hérité d'une partie des biens de ce dernier. L'abbaye n'aura de cesse de réclamer ces biens qu'elle obtiendra en partie[12].
Ses armoiries sont : « parti, au premier de sable à la bande échiquetée de gueules et d'argent (qui est de Bernard de Clairvaux) ; au deuxième de gueules semé de croisettes d’argent au lion d'or brochant (qui est de Guillaume de Glâne) »[13].
L'abbaye possédera des maisons à Fribourg dès 1180 ainsi que la seigneurie d'Ecuvillens (siège supposé des seigneurs de Glâne) avec les terres, dîmes et cens dès sa fondation. Elle saura s'allier la protection de Berthold IV de Zähringen puis de Hartmann V de Kibourg, en remplacement d'Hugues III de Chalon.
L'abbaye d'Hauterive n'aura qu'une seule « fille » qui est l'abbaye de Kappel am Albis, fondée en 1185.
Fermeture
Elle fut fermée en 1848 par décision du gouvernement radical fribourgeois, à la suite de la guerre du Sonderbund. Les locaux furent utilisés comme école d'agriculture, puis comme école normale où enseigna notamment l'abbé Bovet.
Retour des moines
Une communauté cistercienne venue de l'abbaye autrichienne de Wettingen-Mehrerau, et dirigée par le R.P. Kleiner, y reprit la vie monastique en 1939. Actuellement, la liturgie est chantée en partie en latin (empruntant au répertoire du chant grégorien cistercien traditionnel), et en partie en français (selon une harmonisation étroitement inspirée du plain chant).
Dix-huit moines cisterciens vivent à l'abbaye d'Hauterive.
Architecture et description
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! Comment faire ?
Orgues
Depuis le XIVe siècle les orgues sont utilisées dans les abbayes cisterciennes pour soutenir le chant de l'office divin. Ainsi en fut-il aussi à Hauterive. Au XVIIe siècle, l'abbaye possédait même deux orgues.
Au XIXe siècle, le facteur d'orgues Aloys Mooser (1770-1839) y créa un instrument d'une sonorité exceptionnelle, à une époque où l'église était utilisée à d'autres fins que monastiques.
En 1954, pour des raisons de gestion du patrimoine culturel, les orgues furent transférées à l'église Saint-Michel de Fribourg.
Un petit orgue le remplaça à partir de 1956, mais il s'avéra inadapté au renouveau liturgique et musical qui suivit le concile Vatican II ; les moines se mirent donc à la recherche d'un nouvel instrument. Construit par la manufacture Kuhn SA, il a été béni et inauguré le .
Bernard-Emmanuel de Lenzbourg († ), de 1761 à 1795 ;
Robert Gendre († ), de 1795 à 1812 ;
Aloys Dosson, dernier abbé jusqu'en 1848.
Abbés (1939 à nos jours)
Dom Sighard Kleiner, premier prieur de la communauté restaurée : 1939-1950 (décédé en 1995).
Dom Bernard Kaul, de 1950 à 1994 (décédé en 2001).
Dom Mauro-Giuseppe Lepori, de 1994 à 2010 (nommé Abbé Général de l'Ordre Cistercien à Rome le ).
Dom Marc de Pothuau (né en 1970), entré à Hauterive en 1995, premiers vœux monastiques en 1997, Profession solennelle en 2000, a été ordonné prêtre en 2007 (originaire du Limousin France) (60e abbé) depuis le ).
Notes et références
↑(la) Leopold Janauschek, Originum Cisterciensium : in quo, praemissis congregationum domiciliis adjectisque tabulis chronologico-genealogicis, veterum abbatiarum a monachis habitatarum fundationes ad fidem antiquissimorum fontium primus descripsit, t. I, Vienne, , 491 p. (lire en ligne), p. 143.
↑Paul Lullin et Charles Le Fort, Régeste genevois : Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés relatifs à l'histoire de la ville et du diocèse de Genève avant l'année 1312, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, , 542 p. (lire en ligne), p. 86, REG n°298.
↑Nommée en premier lieu « Combes » elle prendra le nom de Grangeneuve en 1263
Catherine Waeber-Antiglio, Hauterive - La construction d'une abbaye cistercienne au Moyen Âge, Fribourg Suisse, Éditions universitaires, (ISBN2-8271-0118-1)
Núria Delétra-Carreras, L'Abbaye de la Maigrauge, 1255-2005, Fribourg, La Sarine, (lire en ligne)
Jean-Joseph Hisely, Histoire du comté de Gruyère, vol. 1, Lausanne, Georges Bridel, coll. « Mémoires et documents de la Société d'histoire de la Suisse romande, Volume 10 », (lire en ligne)
Louis-Joseph Lalive d'Epinay, Étrennes fribourgeoises, Jos. Schmidt, (lire en ligne), p. 99, 120, 121
Ernst Tremp (éd.), Liber Donationum Altaeripae. Cartulaire de l'Abbaye cistercienne d’Hauterive (XIIe – XIIIe siècles)., Lausanne, Société d'histoire de la Suisse romande, Mémoires et documents, Série 3, 15,