Étienne Manac'h (Étienne Manoël Manac'h), né le à Plouigneau (Bretagne) et mort le (à 82 ans) à Concarneau, est un diplomate de carrière, écrivain français.
Il a été accusé d'avoir transmis des informations à l'URSS durant la guerre froide.
À partir de 1941, il se rallie à la France libre en Turquie, puis est radié de l'Éducation nationale en . En 1943, il devient délégué de la France Libre en ce même pays en remplacement de Géraud Jouve. Il est chargé par le comité français de Libération nationale de développer des contacts clandestins avec les membres de la Résistance qui travaillent dans les ambassades de Vichy dans les États des Balkans. Après la guerre, il est affecté en Tchécoslovaquie, d'abord comme secrétaire d'ambassade à Prague, puis comme consul général à Bratislava. Avec d'autres diplomates occidentaux, il est expulsé du pays en 1951, prétendument pour espionnage et soutien aux « éléments hostiles au régime »[1]. Entre 1951 et 1969, il occupe divers postes, notamment directeur de cabinet de Guy Mollet (1958-1959) et directeur d'Asie-Océanie à l'administration centrale du ministère des Affaires étrangères (Quai d'Orsay) de 1960 à 1969, où il joue un rôle influent dans le déroulement des négociations entre Washington et Hanoï pendant la guerre du Vietnam[2]. De 1969 à 1975, Étienne Manac'h est ambassadeur de France en République populaire de Chine.
Étienne Manac'h est proche du parti communiste dans sa jeunesse avant de rejoindre la SFIO.
L'ouvrage de l'historien Christopher Andrew écrit en collaboration avec Vassili Mitrokhine, ancien archiviste du KGB ayant fait défection pour la Grande-Bretagne en 1992, fait état de son dossier au KGB où il était considéré comme un « contact confidentiel » plutôt que comme un agent, qui fournissait des renseignements de temps à autre pour des raisons idéologiques. Son premier contact avec le renseignement soviétique, qui lui avait assigné le nom de code Taksim, remontait à son séjour en Turquie en 1942, et son dernier à 1971.
Ses renseignements étaient considérés comme importants par le KGB, qui lui affecta six officiers traitants successifs au cours de ses vingt-neuf années de contact, le dernier étant Mikhaïl Stepanovitch Tsymbal, alias Rogov, chef du 5e département de la première direction générale du KGB[3] , ancien rezident du KGB à Paris de 1954 à 1959[4].
Accueil critique
Le sinologue Simon Leys considère la lecture de l'ouvrage Mémoires d’Extrême-Asie comme « très reposante ». « Banalités et lieux communs se bousculent, en effet, au fil de ces pages immortelles, sur lesquelles souffle un esprit très… diplomatique »[5].
L'écrivain et critique littéraire Yves Florenne (d) y lit au contraire des « pages de la plus simple beauté, nullement cherchée, et qui vient de la rencontre d’un sentiment profond avec un destin. Ce ne sont pas les seules d’un livre dont l’auteur sent passer l’histoire et sait la saisir. »[6].
Journal intime 2 : de la France libre à la Guerre froide ; Texte établi, présenté et annoté par Bérénice Manac'h, Morlaix, Skol Vreizh, 2010[8] (ISBN978-2-915623-72-7)
↑Vernant, Jacques, « Etienne M. Manac'h. Mémoires d'Extrême-Asie. La face cachée du monde », Politique étrangère, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 43, no 1, , p. 117–120 (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) Christopher Andrew et Vassili Mitrokhine, The Sword and the Shield : The Mitrokhin Archive and the Secret History of the KGB, New York, Basic Books, (1re éd. 1999) (ISBN0-465-00312-5), p. 152 (édition française : Christopher Andrew et Vassili Mitrokhine, Le KGB contre l'Ouest 1917-1991 : Les archives Mitrokhine, Paris, Fayard, , 983 p. (ISBN2-213-60744-3)