C'est peut-être dans cet hôtel que, le , à l'occasion d'une réception donnée par Isabeau de Bavière, femme de Charles VI, s'est déroulé l'épisode connu sous le nom de Bal des ardents durant lequel le roi faillit mourir brûlé[2]. Ce qui est certain, c'est qu'en 1404 ce dernier ordonna la destruction de la bâtisse.
Historique des différents bâtiments actuels
Au XVe siècle, le quartier des bords de Bièvre était en dehors de Paris, dans le bourg Saint-Marcel, ceint de sa propre muraille et développé sur le lieu d'une nécropole gallo-romaine autour de l'église renfermant la tombe de saint Marcel. Il est délaissé par la noblesse qui, depuis le XIIIe siècle, y possédait des résidences de plaisance ou « séjours », au profit d'une activité industrielle attirée par les eaux de la Bièvre et occupé alors par plusieurs familles de teinturiers, dont les familles Gobelin et Canaye. Jean (ou Jehan) Goblin, s'y installe en 1447.
L'emplacement de l'hôtel de la Reine Blanche figure encore en 1450 sur le plan du Bourg Saint-Marcel[3]. Philibert Gobelin, fils de Jean, fait construire, le , une terrasse en échafaud surplombant la Bièvre. Le , toute l'actuelle rue des Gobelins, sauf le no 7, possession du chapitre de Saint-Victor, appartient à la famille Gobelin[4].
Gilles Gobelin, sous François Ier (règne 1515-1547), établit la teinture en écarlate[5], puis les Canaye[réf. nécessaire], et ils font reconstruire une demeure et des bâtiments industriels sur l'emplacement de l'ancien hostel, le nom de « Reine Blanche » restant attaché au lieu.
De 1500 à 1535 s'élève ainsi un grand corps de logis à tourelles, deux étages avec deux escaliers à vis et deux étages de caves.
Au XVIIe siècle, le bâtiment est racheté par Jean L'Hoste qui le transforme en habitat, crée la cour d'honneur et ajoute un passage cocher[6].
Plus tard, il devient une brasserie puis un club jacobin en 1790. S'agglomèrent autour, au cours des siècles, plusieurs bâtiments à vocation industrielle, une tuilerie, une tannerie puis, au milieu du XVIIIe siècle, l'ensemble des bâtiments devient la propriété d'Antoine Moinerie qui y établit de nouveau une teinturerie.
Les deux escaliers à vis comportent en leur centre un unique morceau de bois de bas en haut et qui soutient la toiture suivant des techniques flamandes[7].
La pavillon à tour a été complètement détruit pendant la Commune de Paris, puis reconstruit à l'identique[7].
En 1980, 1989 et 1995, les différents bâtiments sont classés monuments historiques. De 1999 à 2002, les divers bâtiments parasites du XIXe siècle sont détruits, l'îlot rénové et les bâtiments historiques restaurés. Ils sont ouverts à la visite.
Vues de la cour intérieure
Pavillon nord avec tour et porche d'entrée.
Porche d'entrée et bâtiment principal vus de la galerie.
↑Maurice Fenaille et Fernand Calmettes, État général des tapisseries de la manufacture des Gobelins depuis son origine jusqu'à nos jours, 1600-1900, vol. 1 : Les Ateliers parisiens au XVIIe siècle (1601-1662), Paris, Hachette, (lire en ligne), p. 76-77.
↑Jèze, État ou Tableau de la ville de Paris, considérée relativement au nécessaire, à l'utile, à l'agréable et à l'administration, Paris, Prault père, (lire en ligne), p. 380.
↑Plaque située à proximité de l'entrée de l'îlot, sur la rue Gustave-Geffroy.