La représentation des États républicains comme rouges et des États démocrates comme bleus s'est standardisé à partir de l'élection présidentielle américaine controversée de 2000. Les partis étaient jusqu'alors représentés avec des couleurs différentes et variantes[1].
Interprétation
Le qualificatif « rouge » ou « bleu » cherche à souligner la tendance partisane continue des votants des différents États. Les États rouges sont ceux régulièrement remportés par le Parti républicain (conservateur) et les États bleus ceux régulièrement remportés par le Parti démocrate (libéral).
Ainsi, même si dans tous les États s'expriment des électeurs démocrates et républicains, la couleur désignée de l'État permet de mettre en lumière la tendance générale de vote aux différentes élections. Par exemple, des élections de 2000 à 2004, seuls trois États avaient changé de couleur, tandis que jusqu'en 2016, 37 des 50 États américains avaient votés pour le même parti à chaque élection.
Les États dont le résultat du vote changent régulièrement d'un État à l'autre sont appelés États pivots (en anglais: swing states).
États bleus
Votant majoritairement pour les candidats du Parti démocrate lors des élections présidentielles et d'autres scrutins, les "États bleus" sont souvent perçus comme étant plus progressistes, en particulier sur des sujets comme les droits civiques, l'environnement, la santé publique et l'éducation[2].
Depuis les années 1990, la Californie est devenue un bastion du Parti démocrate, avec des électeurs généralement progressistes. L'État a évolué politiquement en raison de sa forte population, notamment à Los Angeles et à San Francisco.
New York est historiquement un État démocrate, avec une forte influence de la ville de New York, où les démocrates dominent. L'État a voté pour les démocrates lors de toutes les élections présidentielles récentes (à l'exception de 1984 et 1988).
New Jersey a tendance à soutenir les démocrates lors de toutes les élections présidentielles depuis 1992, sauf en 1988. Les villes comme Newark et Jersey City ont des électorats libéraux.
Le Massachusetts est un État historiquement démocrate avec un fort soutien aux politiques progressistes. L'État a une politique favorable aux droits civils et à l'égalité des sexes. Il a voté systématiquement pour le Parti démocrate depuis 1984, et ses sénateurs et gouverneurs ont aussi tendance à être démocrates.
L'Oregon a tendance à être un État démocrate, notamment en raison de sa population urbaine croissante à Portland et de son engagement en faveur de l'environnement et des droits civils.
L'Illinois est un autre bastion du Parti démocrate, en particulier en raison de l'énorme influence de Chicago, une ville très progressiste. L'État a traditionnellement soutenu des politiques libérales et a un gouvernement largement dominé par les démocrates . L'Illinois a voté pour les démocrates lors de chaque élection présidentielle depuis 1992, sauf en 1984 (pour Ronald Reagan).
Autrefois un État républicain dominant, la Virginie a connu un changement politique au cours des dernières décennies, avec une forte croissance démographique dans les régions urbaines comme le nord de la Virginie, qui penche plus démocrate. Elle a voté pour les démocrates lors de toutes les élections présidentielles depuis 2008.
Le Connecticut, comme d'autres États de la région de la Nouvelle-Angleterre, est connu pour ses politiques progressistes. Le Connecticut a voté démocrate lors de toutes les élections présidentielles depuis 1992.
Ce petit État de la Nouvelle-Angleterre a une longue histoire de soutien au Parti démocrate, avec des politiques axées sur la protection sociale, l'éducation et la santé publique. Rhode Island a voté démocrate lors de chaque élection présidentielle depuis 1988.
Maryland est un État de la côte Est de tradition démocrate depuis les années 1960. Connu pour ses politiques inclusives, il est réputé pour avoir vu naître la liberté de religion aux États-Unis.
Le Vermont a une forte tradition libérale, et bien que ses élus soient parfois plus indépendants (comme Bernie Sanders), il soutient généralement les démocrates au niveau national. Le Vermont a voté démocrate lors de toutes les élections présidentielles récentes, à l'exception de 2000 où Ralph Nader, candidat du parti vert, a eu un bon résultat.
Hawaï est un bastion démocrate, en partie grâce à sa petite population mais aussi à ses valeurs progressistes, en particulier dans des domaines comme les droits des indigènes. Hawaï a voté démocrate dans toutes les élections présidentielles récentes.
États rouges
Ces États ont des tendances républicaines principalement en raison de leurs électorats ruraux, conservateurs et religieux, et de leur préférence pour des politiques de gouvernement limité, de faible taxation et de valeurs sociales traditionnelles[3].
Le Texas est un bastion républicain depuis les années 1980, en raison de son électorat conservateur et de l'influence de l'industrie pétrolière. Il a voté républicain dans toutes les élections présidentielles depuis 1980, bien qu'il soit devenu plus compétitif récemment.
L'Utah est l'un des États les plus conservateurs en raison de sa forte population mormone, qui tend à soutenir les valeurs familiales traditionnelles et les politiques conservatrices. Depuis 1964, l'Utah a systématiquement voté pour les candidats républicains à la présidence.
Ces États ruraux sont fortement républicains, principalement en raison de leur économie agricole et de leur faible densité de population. Les deux États votent républicain depuis 1968.
L'expression « Amérique violette » (en anglais : Purple America) souligne les nuances à apporter au concept d'États rouges et bleus. Ainsi, il n'existerait pas vraiment d'États bleus ou rouges, seulement une Amérique violette avec des variantes plus ou moins fortes.
L'affirmation de la théorie d'États bleus et rouges souligne la polarisation au sein de la société américaine. La frontière (notamment idéologique) entre les deux partis était jusqu'à alors considérée comme plus poreuse[4].
Notes et références
Notes
↑Contrairement entre autres au terme « swing states », régulièrement écrit en langue anglaise dans la presse francophone, les termes « red states » et « blue states » ne semblent pas être plébiscités dans cette dernière. L'utilisation de termes « États rouges » et « États bleus » en langue française a donc semblé préférable pour l'écriture de cet article.
↑(en-GB) Victoria Bekiempis et Dharna Noor, « ‘Red’ US states pass progressive laws while ‘blue’ states vote for conservative measures », The Guardian, (ISSN0261-3077, lire en ligne, consulté le )