Doctrine élaborée à l'époque de la guerre froide, d'une part par l'Union soviétique (et ses satellites au sein du Pacte de Varsovie), et d'autre part par les États-Unis (et ses alliés au sein de l'OTAN), celle-ci affirme que l'utilisation à grande échelle de l'arme nucléaire par l'un des deux protagonistes provoquerait à coup sûr la destruction des deux camps. C'est la forme extrême de la dissuasion, où les bénéfices d'une attaque seraient invalidés par les pertes, puisqu'il y aurait annihilation de chacun des belligérants. Il est donc nécessaire pour chaque belligérant de disposer d'un arsenal d'armes de destruction massive suffisant pour annihiler l'ennemi.
Cette stratégie est une forme d'équilibre de Nash, dans lequel chacune des parties ne peut rompre l'équilibre qu'en s'exposant à être détruit.
La doctrine sous-entendue par cette expression s'analyse comme la capacité pour chaque bloc d'annihiler l'autre par une attaque nucléaire massive en cas d'agression : le premier qui tente de détruire l'autre est en quelque sorte assuré d'être détruit à son tour, annulant complètement l'intérêt d'une telle attaque[1]. Les puissances constituées représentaient des forces de destruction capables de « faire sauter plusieurs fois la planète », selon une expression populaire très en vogue à l'époque, en cas de guerre nucléaire. Les Américains renoncent donc à la doctrine des « représailles massives » pour celle d'une « riposte graduée ».
Développement de l'arme nucléaire
C'est en invoquant cette doctrine que, durant la guerre froide, les deux superpuissances qu'étaient les États-Unis et l'Union soviétique ont développé un stock d'armes nucléaires leur permettant de se détruire mutuellement et éviter qu'une « première frappe » adverse ne les désarme.
Dans la série Doctor Who (saison 7, épisode 8) un épisode à pour titre francophone « Destruction mutuelle assurée », en référence à cette doctrine militaire.
Pierre Mélandri, « Imaginer l'inimaginable. Guerre nucléaire et stratégie américaine depuis 1945 », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 1, no 1, , p. 57-74 (lire en ligne) ;
Destruction assurée(en) (Assured destruction), situation où les comportements ou les choix sont dissuadés, car ils auront des conséquences punitives accablantes. Le concept de destruction assurée apparaît parfois aussi dans le débat sur la peine de mort et le débat sur la biotechnologie.