Émilie Monnet est une artiste multidisciplinaire autochtone d'origine anichinabée et française établie à Montréal.
Biographie
Née d'une mère anichinabée et d'un père français[1], Émilie Monnet est née à Ottawa et a grandi entre l’Outaouais et la Bretagne[2] dans ce double héritage[3]. Elle déménage à Montréal en 2007[3].
Son travail est à la croisée entre le théâtre, la performance et les arts médiatiques[4]. Elle interroge les notions d'identité, de mémoire, d'héritage, de langage et puise dans la mythologie, les rêves, l'imaginaire[5].
D’abord formée en sciences sociales, elle étudie les arts médiatiques et a une maîtrise en Études de la Paix et Résolutions de conflits des universités Deusto en Espagne et Uppsala en Suède. En 2008 elle est diplômée du programme d'interprétation Ondinnok[6] en partenariat avec l'École Nationale de Théâtre du Canada.
En 2011, elle obtient avec Moe Clark le prix LOJIQ[7] pour le collectif qu'elles ont fondé Bird Messengers. Elle fonde également les productions Onishka. Institution artistique interdisciplinaire, basée à Montréal, Onishka a pour objectif de créer des liens entre les communautés autochtones francophones et anglophones québécoises, canadiennes, et de partout dans le monde[8].
En 2016, elle a fondé l'évènement Scènes contemporaines autochtones[9],[10], qui a pour objectif de diffuser, produire et valoriser le travail d'artistes autochtones en spectacle vivant.
En 2018, elle entame une résidence de 3 ans au Centre du Théâtre d'Aujourd'hui, où elle présente sa création Okinum en septembre 2018[11],[12]. Sa pièce Okinum a été publiée par les éditions Les Herbes rouges, et a été finaliste du Prix du Gouverneur Général en 2021[13],[14], et a été présentée à l’échelle nationale et internationale dans ses versions anglaise et française[5].
En 2022, elle achève sa triade sur la figure de Marguerite Duplessis composée de Marguerite : la pierre, Marguerite : la traversée et Marguerite : le feu[5], en collaboration avec Angélique Wilkie et Marilou Craft[15]. Pendant deux ans, elle a travaillé à reconstruire le passé de cette femme qui l’a inspirée. Sa quête fait l’objet d’un balado documentaire, Marguerite la traversée, dans lequel le récit de l’artiste et des entrevues avec des historiens s’entremêlent[3].
Dans le cadre du au Festival TransAmériques 2024, elle présente Nigamon/Tunai, une pièce de théâtre immersive produite par Onishka et coécrite avec l'artiste Waira Nina, originaire de la nation autochtone inga, en Amazonie colombienne[17]. Émilie Monnet et Waira Nina utilisent sur scène des instruments inventés par Leonel Vázquez[18].
Émilie Monnet œuvre également comme militante féministe et pour les droits et la reconnaissance des peuples autochtones. Elle s’est impliquée à l’Association des femmes autochtones du Québec et à l’Organisation des Nations unies[19]. Pour elle, l’art est un outil politique. « Mon arme, c’est la relation avec le public, la possibilité de le rejoindre sur le plan émotionnel, de cœur à cœur. L’art a aussi cette capacité de transformer une colère ou un sentiment, à travers l’abstraction, l’expression, les rencontres et les collaborations[19]. » Ce sont ses divers engagements politiques qui l'amènent à développer sa pratique artistique et à s’impliquer dans des projets auprès des femmes judiciarisées et des jeunes autochtones[20].
↑Marie-Paule Grimaldi, « Faire cercle avec les arts autochtones : entretien avec celles qui tracent d’autres chemins », Spirale : arts • lettres • sciences humaines, no 262, , p. 81–88 (ISSN0225-9044 et 1923-3213, lire en ligne, consulté le )