Dans un article pour le New York Times de septembre 1977, Grace Glueck relate que la communauté activiste de femmes artistes de Los Angeles avait demandé au musée de Los Angeles de présenter dans ses collections et expositions une moitié d’œuvres faites par des femmes : le musée avait alors proposé une exposition historique dédiée à une unique artiste femme[2]. Il y avait eu un accord entre les parties sur le nom d'Artemisia Gentileschi[2]. Peu après, lors d'un symposium sur Le Caravage au Musée d'art de Cleveland, la rencontre d'un membre du musée de Los Angeles avec des collègues, dont Ann Sutherland Harris, aboutit à une proposition de cette dernière : que le musée subventionne une recherche historique sur les femmes artistes[2]. La proposition est acceptée et Harris recrute peu après Linda Nochlin[2]. La recherche est effectuée par les deux historiennes de l'art dans des musées, bibliothèques et collections privées, durant cinq ans[2].
La Française Françoise Collin indique en 1977 que l'idée de l'exposition remonte à 1971, lorsque des femmes avaient fait remarquer l'absence d’œuvres de femmes au sein de l'exposition « Le Caravage et ses successeurs » et revendiqué leur présence dans des expositions, citant notamment l'artiste Artemisia Gentileschi[3] — une élève du Caravage considérée comme la première femme de l'histoire de l'art occidental à avoir significativement contribué à celui-ci[2].
Propos et organisation
Évènement international, l'exposition met en lumière le travail de 83 grandes artistes femmes, de 12 pays — d'Europe et d'Amérique —, sur quatre siècles[4]. L'exposition est considérée comme la première exposition internationale d’œuvres d'artistes femmes[4],[3],[5],[2] et compte environ 150 peintures, ainsi que des dessins et quelques impressions[4]. L'objectif principal est, selon les curatrices, de faire mieux connaître le travail de ces artistes, souvent en partie oublié ou masqué en lien avec le sexe ou le genre de leur auteures[4],[2], et de questionner l'évolution de la place des femmes artistes au fil des siècles concernés, dans les arts et dans la culture[4],[2]. Ann Sutherland Harris souligne notamment que l'exposition est là pour prouver que les femmes ont toujours eu un grand potentiel au sein des arts visuels et qu'elles ont pu avoir davantage de contributions au domaine artistique lorsque les limitations à leur formation ou à leur carrière ont été moindres ; de plus, il n'y a pas de distinction marquée entre les travaux de femmes ou d'hommes en termes de style, sujet, ou technique[4]. La sculpture, les arts graphiques et la photographie n'ont pas été pris en compte afin d'éviter une certaine « lourdeur »[2].
L'exposition devient rapidement un événement important dans l'histoire de l'art[9]. Elle permet d'introduire les contributions d'artistes femmes majeures de quatre siècles au public, jusque-là habitué à une histoire de l'art dominée par les hommes[2].
Catalogue de l'exposition
(en) Ann Sutherland Harris et Linda Nochlin, Women Artists: 1550-1950, New-York, Los Angeles County Museum of Art et Alfred A. Knopf, , 368 p.
Galerie d'images
L'exposition Women Artists: 1550-1950 au Brooklyn Museum en 1977
↑(en) Ann Sutherland Harris, Linda Nochlin, Los Angeles County Museum of Art et Museum of Art, Women artists: 1550-1950 ; [exhibition catalog ; exhibition dates December 21, 1976 - March 13, 1977, Los Angeles County Museum of Art, April 12 - June 12, 1977, University Art Museum, the University of Texas at Austin, July 14 - September 4, 1977, Museum of Art, Carnegie Institute, Pittsburgh, County Museum of Art, (ISBN978-0-87587-073-1, OCLC247754951), p. 366-367