En , sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Michèle Alliot-Marie nomme Véronique Malbec directrice des Services judiciaires en remplacement de Dominique Lottin[15]. Chargée de la gestion de la carrière des magistrats et des moyens des juridictions, elle est confrontée à une grève nationale de dix jours au début de l'année 2011 à la suite d'une déclaration présidentielle menaçant de sanctions les magistrats qui auraient failli dans l'affaire de Pornic[16].
La même année, elle gère la procédure disciplinaire à l'encontre du vice-procureur de Bobigny, Jean-Dominique Le Milon, qui avait assimilé lors d'un procès les méthodes de policiers prévenus — qui avaient accusé à tort un automobiliste d'avoir renversé l'un d'eux — à celles de la Gestapo, et que le Conseil supérieur de la magistrature avait à deux reprises refusé de sanctionner[17],[18]. En 2012, elle déclare que la Chancellerie ne demandera pas de sanction à l'encontre du juge Renaud Van Ruymbeke lors de l'audience disciplinaire organisée pour son action en marge de l'affaire Clearstream 2[19].
Procureure générale
Après trois ans passés à la tête de cette administration centrale, Véronique Malbec succède à Léonard Bernard de la Gatinais[20] comme procureure générale près la cour d'appel de Rennes en 2013[21],[22]. En poste dans la cinquième cour d'appel de France, elle dénonce, lors d'une visite du ministre Jean-Jacques Urvoas en 2016, le manque de moyens de sa juridiction et estime que celle-ci est la moins bien dotée en nombre de magistrats : « notre ministère est sinistré, les enveloppes budgétaires ne permettent pas de couvrir les besoins »[23]. Alors que les postes de magistrats non pourvus dans les parquetsbretons atteignaient 13,5 % de leurs effectifs en 2016, elle demande — une première pour une procureure générale — aux procureurs de son ressort de renoncer à certaines de leurs missions pour « se concentrer sur l'essentiel », notamment en « suspendant leur participation aux instances partenariales » et en « renonçant à rédiger les rapports administratifs pour lesquels les parquets sont régulièrement sollicités »[24]. La même année, elle se réjouit du caractère provisoire de l'état d'urgence décrété après les attentats de 2015, répétant que « les magistrats restent garants des libertés individuelles »[25].
Après l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron, la garde des SceauxNicole Belloubet, séduite par ses propositions en matière de « simplification des procédures civile et pénale », propose Véronique Malbec pour succéder à Marc Robert comme procureure générale près la cour d'appel de Versailles, un poste très convoité puisqu'à la tête de la deuxième plus grande cour d'appel de France[16]. Tandis que Jean-François Thony lui succède à Rennes, le Conseil supérieur de la magistrature valide sa nomination qui intervient le [26]. Lors de l'audience solennelle de son installation, elle déclare : « les justiciables sont exigeants : ils ont raison, et nous ne devons pas les décevoir »[27]. S'adressant aux parlementaires présents, elle ajoute : « vous votez les lois, mais aussi les crédits : nous comptons sur vous ! »[28]. Peu après son arrivée à Versailles, elle se déclare « résolument favorable » au projet de réforme constitutionnelle visant à renforcer l'indépendance du parquet, qui « seule permettra de couper le lien avec le pouvoir politique »[29]. Elle continue de dénoncer la faiblesse des moyens humains alloués à la justice, mettant en cause Rachida Dati d'avoir limité le nombre d’admis au concours de l’École nationale de la magistrature et estimant que Christiane Taubira puis Jean-Jacques Urvoas« ont pris la mesure du problème » en permettant une multiplication par trois du nombre d'élèves magistrats en 2017[29].
À la tête du Secrétariat général du ministère de la Justice, elle est chargée d'assister la garde des Sceaux dans l'administration du ministère et d'assurer la coordination générale des services et la modernisation de celui-ci, notamment en proposant des évolutions dans son organisation et son fonctionnement[35]. À ce titre, en , elle préside le premier Comité de coordination de l’action internationale en matière de justice, destiné à mettre en œuvre la stratégie de coopération internationale du ministère[36]. En , elle intervient sur le thème « La femme, invisible ? » lors de l'assemblée générale de l'association Femmes de Justice[37]. En , elle est indirectement visée par une plainte pour faux et usage de faux déposée par le député LREMThierry Solère, faisant l'objet d'une instruction pour fraude fiscale et trafic d'influence, qui l'accuse d'avoir fondé la demande de levée de son immunité parlementaire sur des éléments qu'elle savait inexacts lorsqu'elle était procureure générale près la cour d'appel de Versailles[38],[39]. À l'occasion de la journée internationale des droits des femmes en , elle insiste sur sa volonté d'inscrire durablement l'égalité entre les femmes et les hommes au cœur de la politique de ressources humaines du ministère et annonce qu'elle conduit un projet d’accord sur l’égalité professionnelle afin d'appuyer la démarche menée par Isabelle Rome, haute fonctionnaire à l'égalité femmes-hommes[40]. En , elle signe une convention avec le Délégué interministériel à la sécurité routière, Emmanuel Barbe, afin d'engager le ministère dans une politique de lutte contre l'insécurité routière vis-à-vis de ses agents[41]. Chargée de coordonner la transformation numérique du ministère dans le cadre de la réforme globale de la justice, elle déclare que 530 millions d’euros ont été alloués au projet et que 260 emplois ont été créés pour adapter les infrastructures ministérielles[42].
D'après La Lettre A, Véronique Malbec « joue un rôle central dans la reconfiguration à tous les étages de la Chancellerie » et « a la main sur les nominations stratégiques dans les grandes directions et au sein de l'équipe » du nouveau ministre[46]. Alors que la magistrate Charlotte Bilger est remerciée seulement trois jours après sa nomination comme conseillère spéciale d'Éric Dupond-Moretti, Le Monde explique que son départ a été poussé par la nouvelle directrice de cabinet, « guère enthousiaste à l’idée d’accueillir une conseillère spéciale qui, comme c’est l’usage, ne rendrait compte qu’au ministre », et relève que celui-ci « n’a pu que se résoudre à suivre la volonté de Mme Malbec et se retrouve aujourd’hui avec un cabinet dont il n’a choisi aucun membre ou presque »[47].
La commission des Lois de l’Assemblée nationale, obligatoirement saisie avant une telle nomination, peut s’y opposer à la majorité des trois cinquièmes (articles 13 et 62 de la Constitution). En l’absence d’une telle opposition, la nomination de Véronique Malbec intervient le [51]. Elle prend ses fonctions le [52] et succède à Claire Bazy-Malaurie, magistrate financière, en poste depuis 2010.
Le , Véronique Malbec est nommée au grade de chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur au titre de « inspectrice générale adjointe des services judiciaires du ministère ; 29 ans de services civils »[54]. Elle est faite chevalier de l'ordre le [55], puis promue le au grade d'officier dans l'ordre au titre de « procureure générale près la cour d'appel de Versailles »[55].
Le , Véronique Malbec est nommée au grade de chevalier dans l'ordre national du Mérite au titre de « sous-directrice à la direction des services judiciaires ; 24 ans de services civils »[56]. Elle est faite chevalier de l'ordre le [57], puis promue le au grade d'officier dans l'ordre au titre de « directrice des services judiciaires »[57].
↑Bérengère Margaritelli, « « Les femmes sont-elles incompétentes, invisibles, se cachent-elles délibérément ? » : Femmes de justice demande des engagements pour la parité », Journal Spécial des Sociétés, (lire en ligne).
↑Hervé Gattegno, « Affaire Solère : le député a déposé une plainte qui vise deux hautes magistrates », Le Journal du dimanche, (lire en ligne).
↑« Affaire Solère: le député accuse deux magistrates de "faux" et porte plainte », Public Sénat, (lire en ligne).
↑Sophie Tardy-Joubert, « Le ministère de la Justice s’engage pour l’égalité femme-homme », Actu-Juridique.fr, (lire en ligne).
↑« Lutte contre les accidents de la circulation liés au travail - Le ministère de la justice s'engage dans une politique spécifique de prévention », ID CiTé, (lire en ligne).
↑Syndicat national des ingénieurs de l’industrie et des mines, « Le numérique pour une justice plus lisible, plus accessible et plus efficace », IIMpact Éco, no 1, , p. 12-13 (lire en ligne [PDF]).