Dans cet ouvrage, Kant propose un programme en deux parties pour établir la paix entre les hommes.
La première partie (les « articles préliminaires ») comprend six mesures (les « conditions préliminaires à toute paix perpétuelle ») qui devraient être adoptées au plus vite :
Aucun traité de paix ne doit valoir comme tel, si on l'a conclu en se réservant tacitement matière à guerre future.
Nul État indépendant ne pourra être acquis par un autre État, par échange, héritage, achat ou donation.
Premier supplément : De la garantie de la paix perpétuelle.
Deuxième supplément : Article secret pour la paix perpétuelle ; Kant y demande que les philosophes soient consultés sur ces sujets
Appendice I : Du désaccord entre la morale et la politique relativement à la paix perpétuelle.
Appendice II : De l'accord de la politique et de la morale selon la notion transcendantale du droit public.
Remarques générales
L'ouvrage est fréquemment associé à la théorie de la paix démocratique, mais diffère de son acception moderne à plusieurs égards. Kant parle d'États républicains et non démocratiques, qu'il définit comme ayant des gouvernements représentatifs ainsi qu'une séparation des pouvoirs[1]. Il n'évoque pas la question du suffrage universel, aujourd'hui essentiel dans les démocraties modernes et central dans l’œuvre des penseurs modernes de la paix démocratique. En outre, Kant ne pense pas, au contraire des théoriciens de la paix démocratique, que le simple fait que les gouvernements soient de forme républicaine suffise à garantir la paix : pour mettre en œuvre son programme sont davantage nécessaires la liberté de circulation des personnes (hospitalité) et la création d'une ligue de nations.
S'il ne peut garantir que les républiques ne se feront jamais la guerre entre elles, il estime qu'il s'agit des formes de gouvernements les plus pacifiques.
Postérité
Le retentissement de l'ouvrage de Kant fut immédiat et considérable dans toute l'Europe[1]. Il influencera notamment la politique étrangère d'Alexandre Ier dont l'éducation avait été marquée par les idées libérales et qui sur les conseils de son ministre polonais Adam Jerzy Czartoryski s'efforcera de transformer la politique européenne en proposant de créer une ligue de « tous les États qui désireront réellement rester en paix »[1].
(de) Hermann Klenner, Kants Entwurf Zum ewigen Frieden : Illusion oder Utopie ?, ARSP. Archiv. für Rechts- und Sozialphilosophie, Vol. 82, No. 2, 1996, pp. 151-160, (ISSN0001-2343).
Alexis Philonenko, L'idée de progrès chez Kant, Revue de Métaphysique et de Morale, Vol. 79, No. 4, Octobre-, pp. 433–456, (ISSN0035-1571).
(es) Germán A. de la Reza, La invención de la paz. De la República cristiana del duque de Sully a la Sociedad de naciones de Simón Bolívar, Siglo XXI Editores, México, 2009, (ISBN978-6-0703-0054-7).
(en) Bogumil Terminski, The evolution of the concept of perpetual peace in the history of political-legal thought, Perspectivas internacionales: Revista de ciencia política y relaciones internacionales, Vol. 6, No. 1, 2010, pp. 277-291, (ISSN1900-4257).
Notes et références
↑ ab et cJacques-Alain de Sédouy, Le Concert européen. Aux origines de l’Europe 1814-1914, Fayard, 2010, p.30 et suiv