L'éleveur de Vaguely Noble, le Major Lionel Holliday, mourut l'année de sa naissance et c'est son fils qui décida de ne pas l'engager dans les courses classiques anglaises et de l'inscrire aux ventes de 2 ans en décembre à Newmarket. Entre-temps, le poulain se révéla surdoué et, s'il eut besoin de trois courses avant d'ouvrir son palmarès, il surclassa les meilleurs poulains de sa génération dans l'Observer Gold Cup, qu'il enleva de sept longueurs. Sur le ring de Newmarket, Vaguely Noble suscita donc une bataille d'enchères, remportée par un riche chirurgien esthétique américain, le Dr Franklyn, pour la somme de 136 000 Guinées, soit le record du monde à l'époque[1]. Le grand propriétaire Nelson Bunker Hunt lui fit une offre mirobolante pour s'associer avec lui sur la propriété du jeune champion qui fut envoyé en France en 1968, faute d'engagement dans les classiques anglais. Confié au grand entraîneur Étienne Pollet (qui fut le mentor du mythique Sea Bird), il confirma ses dispositions à 3 ans et ne connut la défaite qu'une fois en cinq sorties. En octobre, il remporta le Prix de l'Arc de Triomphe en battant le vainqueur du Derby d'EpsomSir Ivor, et le rating de 140 que lui conféra Timeform, l'un des plus élevés de l'histoire des courses, dit bien la très haute estime en laquelle il fut tenu.
À l'issue de sa victoire dans l'Arc, Vaguely Noble fut immédiatement envoyé à la reproduction. Le haras de Gainsway Farm à Lexington dans le Kentucky, déboursa 1,25 million de dollars pour 25 % de la propriété du cheval[2], ce qui fit de lui, à une valeur de 5 millions de dollars, le cheval le plus cher du monde[1]. Le cheval se montra à la hauteur de cet investissement en s'affirmant vite comme l'un des meilleurs reproducteurs de son temps, et donnant de grands champions. Il fut sacré deux fois Tête de liste des étalons en Angleterre et en Irlande, et une fois Tête de liste des pères de mères en Angleterre et en Irlande, ses filles se révélant de très bonnes poulinières, à l'image de la grande championne Dahlia, l'une des cinq poulinières de l'hémisphère nord à avoir engendré au moins quatre lauréats de groupe 1.
Le père de Vaguely Noble, Vienna (qui appartenait à Winston Churchill), fut un bon cheval sur les pistes mais un reproducteur irrégulier, ce qui le conduisit d'un exil à l'autre, de l'Angleterre au Japon en passant par la France, avec une réputation d'impuissance, qui fit dire que ses produits anglais étaient dus à son souffleur (le cheval sans valeur chargé de vérifier que les poulinières sont en chaleur). Sa mère, Noble Lassie, fut une bonne compétitrice, puisqu'elle s'adjugea les Lancashire Oaks, un groupe 2. Mais à part lui, aucun de ses produits ne brilla en compétition.
Pedigree
Origines de Vaguely Noble (IRE), mâle bai né en 1965