L'université de Königsberg (Albertus-Universität Königsberg) était une université de la ville allemande de Königsberg, en province de Prusse-Orientale. Fondée en 1544 par le duc Albert de Brandebourg, elle fut désignée poétiquement un siècle plus tard sous l'appellation d’Albertina en son hommage. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l'université fut fermée et Königsberg annexée et rebaptisée Kaliningrad par l'Union soviétique. L'université russe d'État Emmanuel-Kant se veut le successeur des traditions de l'université Albertus.
Dès les premières années, attirés par des enseignants prestigieux, les étudiants se pressent sur ses bancs : on recense 300 étudiants avant 1550; rapidement, ces derniers se recrutent dans l'ensemble du monde germanique[2].
En dépit de cet essor, les querelles théologiques qui traversent le monde protestant n'épargnent pas l'université, qui s'affirme au fil des années comme un bastion évangélique, alors que, en 1613, le duc en Prusse, Jean-Sigismond, s'est converti au calvinisme[2].
Au XVIIe siècle, l'université a vu son nom rattaché à celui de Simon Dach, qui devient son recteur en 1656, et de ses amis poètes. C'est alors que son surnom d’Albertina, lui fut donné. Dans la foulée de la visite du TsarPierre Ier de Russie en 1697, les liens entre le futur Royaume de Prusse et la Russie impériale se resserrèrent. On peut citer Cyril Razoumovski et Michel Miloradovitch parmi les étudiants russes de l'université.
Au XVIIIe siècle, Emmanuel Kant est le recteur de l’université de Königsberg, ville qu’il n'a jamais quittée, et dont la sépulture se trouve sur le site de l’Université Russe d’État Emmanuel Kant. Un jardin botanique fut inauguré en 1811, durant les guerres napoléoniennes. Deux ans plus tard, l’astronome Friedrich Wilhelm Bessel installa son observatoire à deux pas du jardin[3].
Au XXe siècle, l'université dut son rayonnement à son école de mathématiques, à laquelle étaient associés les noms d'un professeur d'Albert Einstein, Hermann Minkowski, et d'un des mathématiciens modernes les plus marquants, David Hilbert.
La bibliothèque Albertina, située Dritte Fliess Strasse, contenait 230 000 volumes. L'université comptait 900 étudiants en 1900.
Fermeture et disparition
Le , l'université fêta ses 400 ans[N 2]. Comme le note un rapport de renseignement britannique, l'université est cependant fermée lors de la mobilisation de la province par le Gauleiter Erich Koch, conformément à son décret du 13 juillet 1944 astreignant la population âgée de 15 à 65 ans à participer à la défense du Reich, notamment par l'érection de fortifications[6]. Durant les nuits du 26 au , Königsberg fut la cible de bombardements intenses par la Royal Air Force. La ville historique fut détruite, ainsi que 80 % du campus de l'université.
Conformément aux accords de Potsdam de 1945, Königsberg fut intégrée à l'Union soviétique. Le nouvel Institut pédagogique de Kaliningrad utilisa l'ancien campus de 1948 à 1967, puis reçut le statut d'université sous l'appellation d'« Université russe d'État Emmanuel Kant. »
Fidèle au contexte de sa création, la faculté de théologie de Königsberg est un bastion du luthéranisme, tandis que celle de l'Université Frédéric de Halle représente le piétisme.
Max Fleischmann signe l'acte final des Conférences de paix de La Haye pour la codification du droit international. Philipp Zorn représente l'Empire allemand aux Conférences de paix de La Haye.
Ernst Forsthoff écrit The Total State en 1933 et devient plus tard président de la Cour constitutionnelle de Chypre. Albert Hensel(de) est un avocat fiscaliste de premier plan. L'expert en droit international Herbert Kraus(de) fonde le groupe de travail de Göttingen. L'avocat privé Fritz Litten(de) s'échappe en Irlande du Nord en 1933. La carrière d'Alfred Manigk(de) en tant qu'avocat civil commence à Königsberg.
Neuf cliniques, des collections importantes et la bibliothèque de 220 000 volumes ont fait de la faculté de médecine de l'Université de Königsberg une réputation nationale.
↑(en) J. L. Heilbron, The Oxford Guide to the History of Physics and Astronomy, vol. 10, Oxford University Press, , « Bessel », p. 28
↑Louis Clappier, Place-forte Kœnigsberg, Julliard, , 236 p.
↑Valeriy Galtsov (trad. Alexandre Smirnov), « Königsberg à Kaliningrad : problèmes de patrimoines historique et culturel », Revue de la bibliothèque nationale universitaire de Strasbourg, no 5, , p. 39-45 (DOI10.4000/rbnu.2829)