Charpentier aurait composé six Te Deum, bien que seuls quatre soient encore disponibles, H.145, H.146, H.147 et H.148[1],[a 1]. Il semble qu'il ait composé ou au moins exécuté cette pièce pour la célébration de la bataille de Steinkerque en [a 2], ou encore en 1696 pour la célébration du traité de Turin[3].
Charpentier considère la tonalité en ré majeur comme « lumineuse et guerrière[1]. » L'introduction instrumentale, en forme de rondeau, précède le premier verset chanté par la basse seule. Le chœur et les autres solistes se joignent à elle progressivement. Charpentier semble avoir voulu concevoir la pièce d'après l'exégèse traditionnelle du texte latin. Ainsi, le chœur prédomine dans la première partie (versets 1-10, louanges à Dieu, dimension céleste), et les solistes dans la seconde partie (versets 10-20, partie christologique, dimension séculière). Dans les versets suivants, nos 21-25, les solistes et le chœur alternent et le verset final est une grande fugue pour chœur avec un court trio de solistes dans l'épisode central[1].
Effectif vocal et instrumental
La pièce est écrite pour chœur (SATB) et cinq solistes (SSATB), accompagnés d'un ensemble instrumental composé de deux parties de violons, de deux deux parties d’altos (« hautes-contre de violon » et « tailles de violon »), deux flûtes, deux hautbois, trompette, basse de trompette et timbales colla parte, et basse continue. La basse continue est jouée à l’orgue et est doublée par les basses de violon, violes de gambe, bassons, basses de cromorne et serpent. Dans les moments où l'on choisit d'abandonner l'orgue, le clavecin et/ou le théorbes peuvent participer à la réalisation de la basse continue.
Réception et célébrité
À suite de la redécouverte de ce Te Deum par le musicologue Carl de Nys en 1953, son premier enregistrement sur microsillon a été effectué la même année, avec la Chorale des Jeunesses musicales de France et l'Orchestre de chambre des Concerts Pasdeloup ; le chef d'orchestre était Louis Martini. Le disque a été accueilli avec enthousiasme et l'impact de ce Te Deum subsiste jusqu'à nos jours[a 3].
Dans le sketch « Quand on est président de la république » du Palmashow, la musique peut être entendue lorsque les deux comédiens parodient un président à la Louis XIV.
Te Deum H.146, Chorale des Jeunesses musicales de France, Orchestre de Chambre des Concerts de Pasdeloup, dir. Louis Martini LP Erato 1953 report CD Erato 2014
Te Deum H.146, Chœur Symphonique et Orchestre de la Fondation Gulbelkian de Lisbonne, dir. Michel Corboz. CD Erato 1977
↑p. 617 - 618 ; motet Te Deum (H 146, cette œuvre), Te Deum à 8 voix avec flûtes et violons (H 145) ainsi que Prélude (H 145a), Te Deum à quatre voix (H 147) et Te Deum à quatre voix (H 148)
↑ a et bp. 21 ; « L'impact du Te Deum est tel à l'époque que la télévision choisit pour son indicatif de l'Eurovision la fanfare d'ouverture qui, avec trompettes et timbales, signale la retransmission des grands événements sportifs, artistiques et politiques. Le monde entier connaît au moins huit mesures de Marc-Antoine Charpentier. »
Autres sources
↑ abc et d(en) Marc Antoine Charpentier (trad. Taylor, Steve, préf. Schauerte-Maubouet, Helga), Te Deum (H. 146). Vocal score, Cassel, Bärenreiter Verlag, (ISMN M-0006-52543-0[à vérifier : ISMN invalide]), p. V-VIII