Séparatisme camerounais anglophone

Drapeau de l'Ambazonie.

Le séparatisme camerounais anglophone est une idéologie politique qui prône l'indépendance des deux régions anglophones du Cameroun, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, en une république fédérale d'Ambazonie.

Histoire

Origines

En 1884, le Cameroun devient un protectorat allemand. En 1918, après la défaite de l'Allemagne lors de la Première Guerre mondiale, le protectorat est divisé en deux ; sa partie orientale, soit 45 du territoire, est confiée à la France et sa partie occidentale, soit 15 du territoire, au Royaume-Uni, sous mandat de la Société des Nations (SDN)[1]. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la SDN, devenue l'Organisation des Nations unies (ONU), confie le Cameroun à son Conseil de tutelle dont la mission est de l'accompagner vers l'indépendance[1].

La décolonisation du Cameroun se fait en deux temps. Le , le Cameroun français accède à l'indépendance sous le nom de « république du Cameroun » avec comme président Ahmadou Ahidjo[2]. Le , l'ONU organise un référendum au Cameroun britannique qui exclut l'indépendance totale du territoire et propose aux électeurs deux options : l'indépendance par rattachement au Cameroun ou au Nigeria. La partie nord choisit de rejoindre le Nigeria, tandis que la partie sud choisit de rejoindre le Cameroun pour former la « république fédérale du Cameroun » le [3]. En 1966, le chef d'État dissout les partis politiques et crée un parti unique, l'Union nationale camerounaise (UNC)[3]. Le , à l'issue d'un référendum constitutionnel, le chef d'État proclame la république unie du Cameroun, mettant ainsi fin au fédéralisme[4],[3].

Le mouvement des années 1980 aux années 2010

Dans un mémorandum daté du , l'avocat Fongum Gorji Dinka annonce que les régions anglophones devraient devenir indépendant en tant que république d'Ambazonie[5],[6].

Le , le Cameroon Anglophone Movement (CAM), l'une des plus grandes associations affiliées au mouvement All Anglophone Congress (AAC), déclare l'indépendance des régions anglophones. Cette position est soutenue par une conférence qui se tient à Bamenda en 1994. Cette dernière déclare que si le gouvernement « persiste dans son refus d'engager des réformes constitutionnelles substantielles, ou ne les réalise pas dans un laps de temps raisonnable », elle proclamera « l'indépendance du Southern Cameroons, en prenant toutes les mesures nécessaires pour défendre et préserver la souveraineté et l'intégrité territoriale de celui-ci »[7]. En 1995, le Conseil national du Cameroun méridional (CNCM), un parti politique sécessionniste voit le jour[8]. En décembre 1999, ses membres prennent le contrôle d'une station locale de la Cameroon Radio Television (CRTV) à Buéa et proclament l'indépendance de la « république du Cameroun méridional »[9].

Le 1er octobre 2001, à l'occasion du 40e anniversaire de la réunification du Cameroun, une manifestation pacifique organisée par des séparatistes dans les villes de Kumbo et Bamenda est violemment réprimée par la police. Au moins trois militants sont tués et cinq sont blessés à Kumbo. Des leaders séparatistes sont arrêtés[10].

Fin 2017, dans un contexte de crise socio-politique, des revendications indépendantistes émergent[11],[12]. Le , Sisiku Julius Ayuk Tabe déclare symboliquement l'indépendance des régions anglophones sous le nom de république fédérale d'Ambazonie. Les manifestations qui suivent cette déclaration d'indépendance font l'objet d'une répression meurtrière[13].

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. a et b « Pourquoi le Cameroun se déchire-t-il ? », sur Le Point, (consulté le )
  2. « 1er janvier 1960 - Le Cameroun ouvre le bal des indépendances africaines - Herodote.net », sur www.herodote.net (consulté le )
  3. a b et c « Pourquoi le Cameroun se déchire-t-il ? », sur Le Point, (consulté le )
  4. Le Monde Afrique, « Crise anglophone : pourquoi le Cameroun s’enflamme ? » (consulté le )
  5. Anthropology in Africa: challenges for the 21st century, Langaa Research & Publishing CIG, coll. « ICASSRT monograph », (ISBN 978-9956-792-79-5)
  6. « Cameroon’s anglophone war, Part 1: A rifle as the only way out », sur web.archive.org, (consulté le )
  7. Piet Konings, Thomas Weiss et Georges Courade, « Le «problème anglophone» au Cameroun dans les années 1990 », Politique africaine, vol. 62, no 1,‎ , p. 25–34 (DOI 10.3406/polaf.1996.5959, lire en ligne, consulté le )
  8. Le Monde Afrique, « Crise anglophone : pourquoi le Cameroun s’enflamme ? » (consulté le )
  9. « CAMEROUN. Les indépendantistes anglophones haussent le ton », sur Courrier international, (consulté le )
  10. Christophe Ayad, « Sécessionnistes réprimés au Cameroun », sur Libération (consulté le )
  11. Le Point magazine, « Les anglophones du Cameroun revendiquent le fédéralisme », sur Le Point, (consulté le )
  12. « Les anglophones camerounais veulent leur indépendance », sur Le Figaro, (consulté le )
  13. « Le Cameroun anglophone, en ébullition, compte ses morts », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )

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