Dans le nom hongroisSalkaháziSára, le nom de famille précède le prénom, mais cet article utilise l’ordre habituel en français SáraSalkaházi, où le prénom précède le nom.
Sara Salkaházi appartenait à une famille bourgeoise d'origine allemande. Jeune femme, elle travailla à différents emplois, y compris ceux de relieuse, de journaliste et de rédactrice pour un journal. À cette époque, sa vie religieuse n'était guère portée à la piété, et par moments elle flirtait même avec l'athéisme. Avant d'entrer au couvent elle s'était fiancée, mais avait bien vite rompu son engagement.
Vie religieuse
Elle prononça ses vœux chez les Sœurs du service social en 1930. Son rêve aurait été d'être envoyée dans les missions au Brésil, mais cela ne put se réaliser, dans les premières années parce qu'elle passait pour avoir un caractère « difficile », et par la suite en raison de la Seconde Guerre mondiale qui avait éclaté.
Au cours des derniers mois du conflit, elle aida à mettre à l'abri des centaines de Juifs dans un immeuble qui appartenait aux Sœurs du service social à Budapest. En tant que sœur responsable de la maison, elle fit secrètement la promesse à Dieu, en présence de sa supérieure, d'être toujours prête à se sacrifier elle-même pour que les autres sœurs sortissent indemnes de la guerre. Le récit et le texte de son engagement ont été conservés dans son journal.
Martyre
Dénoncée aux autorités par une femme qui travaillait dans la maison des sœurs, elle fut arrêtée par des membres du parti pro-nazi hongrois, les Croix fléchées, en même temps que les Juifs qu'elle protégeait. À la vérité elle était absente au moment des arrestations et aurait pu s'enfuir, mais elle choisit pourtant de revenir. Les prisonniers furent emmenés sur les rives du Danube et abattus, avec quatre femmes juives et un auxiliaire chrétien qui n'appartenait pas à cette congrégation. Le corps de la religieuse ne fut jamais retrouvé. Les meurtres ont été découverts en 1967, au cours du procès de certains anciens membres des Croix fléchées.
Le , sœur Sára fut béatifiée par le pape Benoît XVI[1] ; la proclamation a été lue par le cardinal Péter Erdő au cours d'une messe en plein air célébrée devant la basilique Saint-Étienne de Pest à Budapest[1]. Il y était dit notamment : « Elle était prête à assumer des risques pour les persécutés [...] pendant les jours de grande terreur. Son martyre est toujours d'actualité... et il nous montre sur quoi se fonde notre humanité. » C'est la première béatification à avoir eu lieu en Hongrie depuis celle du roi saint Étienne Ier de Hongrie, béatifié en 1083 en même temps que son fils Imre et l'évêque italien Gérard de Hongrie, qui avaient contribué à la conversion de la Hongrie au christianisme.
S'exprimant au cours de la messe, le rabbin József Schweitzer a dit de sœur Sara : « Je sais par expérience personnelle... combien en ces temps-là il était dangereux et héroïque d'aider les Juifs et de les sauver de la mort. Puisant sa force dans sa foi, elle a conservé le commandement de l'amour et jusqu'à la mort. »