Le syndrome de détresse respiratoire aigu (SDRA) — en anglais : Acute respiratory distress syndrome (ARDS) — est une cause de détresse respiratoire par œdème pulmonaire lésionnel.
Le SDRA est défini par l'association de quatre critères : détresse respiratoire depuis moins d'une semaine, opacités pulmonaires bilatérales sur la radiographie thoracique ou la tomodensitométrie (TDM), pas d'argument pour une cause cardiaque d'œdème pulmonaire, et hypoxémie.
Le SDRA est causé par une atteinte de la membrane alvéolocapillaire, dont la capacité d'échanges gazeux chute radicalement. Ceci entraîne également un défaut de compliance pulmonaire. Cette manifestation peut apparaître dans un grand nombre de situations pathologiques avec des mécanismes différents. Il est caractérisé par une inflammation du parenchyme pulmonaire qui mène à des anomalies d'échanges de gaz avec une libération en parallèle de médiateurs inflammatoires du parenchyme pulmonaire qui causent une inflammation et une hypoxémie. Souvent une défaillance multiviscérale résulte rapidement de cet état.
Son traitement, à la fois étiologique et symptomatique, ne permet une survie que dans la moitié des cas pour les SDRA dits « sévères ». Son pronostic reste donc encore très sombre et il peut laisser des séquelles importantes.
Historique
Le syndrome de détresse respiratoire aigüe a été décrit pour la première fois en 1967[1].
Définition
Critères de Berlin
L'ARDS Definition task force a proposé, en 2012, un ensemble de critères dits « de Berlin »[2],[3] afin de pallier les imprécisions des précédents critères diagnostiques (imprécision sur la définition du caractère aigu, absence de niveau de PEEP (positive end-expiratory pressure), chevauchements des notions d'acute lung injury (ALI) et acute respiratory distress syndrome, etc.). Un SDRA est présent lorsque les quatre critères suivants sont présents :
opacités pulmonaires bilatérales floconneuses sur la radiographie thoracique ou la TDM, non expliquées par un épanchement, une atélectasie, ou des nodules ;
pas d'autre cause d'œdème pulmonaire, cardiaque, rénale ou hépatique, ni de surcharge volémique (échocardiographie nécessaire) ;
hypoxémie avec un rapport PaO2/FiO2 < 300 mmHg.
La gravité est évaluée selon le rapport P/F :
SDRA léger : PaO2/FiO2 entre 200 et 300mmHg avec PEEP ou CPAP ≥ 5cm H2O ;
SDRA modéré : PaO2/FiO2 entre 100 et 200mmHg avec PEEP ≥ 5cm H2O ;
SDRA sévère : PaO2/FiO2 ≤ 100mmHg avec PEEP ≥ 5cm H2O.
La notion d'ALI a, par ailleurs, été supprimée aux dépens de celle de SDRA léger.
Autres définitions
De nombreuses autres définitions existent :
celle de la conférence de consensus américano-européenne sur le SDRA (AECC)[4] :
état clinique du patient : détresse respiratoire d'installation aigüe,
gaz du sang perturbés : rapport PaO2/FiO2 < 200 [en cas de rapport PaO2/fiO2 < 300, on parle d'ALI (en anglais : acute lung injury)],
Phase de « cicatrisation », parfois compliquée par la formation d'une fibrose.
Dans les lavages alvéolaires de SDRA, on peut observer des Trichomonas, parasites unicellulaires flagellés[10]. Ces Trichomonas se présentent sous une forme amiboïde, sans flagelle, ce qui rend difficile leur identification sous le microscope[11]. La colonisation des espaces alvéolaires par le parasite est un phénomène secondaire, fréquent au-delà de J5, probablement favorisé par l'hypoxie locale du DAD. La transformation amiboïde est un argument en faveur d'une action délétère du parasite, qui reste néanmoins conjecturale.
Il existe des facteurs de risque génétiques[13], dont des variants de l'ACE[14].
Modalités thérapeutiques
Dans tous les cas, le traitement de la cause doit être fait lorsque cela est possible (traitement d'une infection par exemple).
Ventilation mécanique
Les modalités de la ventilation mécanique au cours du SDRA a fait l'objet de la publication de recommandation par différentes sociétés savantes américaines et européennes[15].
Elle peut aggraver les dommages aux tissus pulmonaires déjà induits par cette affection. On vise donc à minimiser les risques de volo/barotrauma, quitte à permettre un niveau relativement élevé d'hypercapnie (hypercapnie permissive) et d'hypoxémie. On se basera, pour cela, sur la mesure de la pression alvéolaire (pression de plateau inspiratoire) qui doit être ≤ 30 cm H2O. On cherchera par ailleurs à surveiller l'apparition d'une hyperinflation dynamique (appelée autrement auto-PEEP) potentiellement responsable de tamponnade gazeuse. En gros, le volume courant est réglé à un bas niveau (6 ml/kg) par rapport à d'habitude[16].
Selon la théorie de l'open lung ventilation certaines alvéoles affaissées peuvent être maintenues ouvertes par un niveau de PEEP plus élevé[17] (selon le niveau de FiO2) après avoir été recrutées par de hautes pressions de ventilation (40-50 cm H2O) : c'est le concept du recrutement alvéolaire. La méthode de recrutement alvéolaire (méthode apnéique, non-apnéique et décubitus ventral) ne fait pas encore l'objet de consensus mis à part l'intérêt démontré récemment pour le décubitus (ou position) ventral à la phase aigüe des SDRA les plus sévères[18].
Les niveaux de PEEP sont probablement différents selon que le SDRA soit d'allure focale (PEEP probablement non élevée) ou d'allure diffuse (PEEP probablement élevée).
L'objectif de PaO2 est probablement entre 55 et 80 mmHg.
La sédation est très souvent pratiquée, en revanche, la curarisation des patients fait l'objet de débats, à cause d'importants effets indésirables [19],[20] ;
Thérapeutique n'ayant pas fait la preuve de leur efficacité
La ventilation oscillatoire à haute fréquence ne fait plus partie des modalités de ventilation utilisées (certains sous-groupes de patients pourraient peut-être encore en bénéficier mais des études complémentaires sont nécessaires)[21],[22].
Il s'agit d'une atteinte grave et la mortalité peut atteindre 50 % dans les formes les plus sévères[8]. Même après guérison, il peut exister des séquelles musculaires, neurologiques, cognitives ou psychologiques[23], avec une baisse de la forme physique sur plusieurs années[24].
Notes et références
↑Ashbaugh DG, Bigelow DB, Petty TL, Levine BE, « Acute respiratory distress in adults », The Lancet, 1967;2:319-323.
↑(en) ARDS Definition Task Force, Ranieri VM, Rubenfeld GD, Thompson BT, Ferguson ND, Caldwell E, Fan E, Camporota L, Slutsky AS. « Acute Respiratory Distress Syndrome : The Berlin Definition » JAMA 2012;307(23):2526-33. PMID22926653
↑(en) « The American-European Consensus Conference on ARDS. Definitions, mechanisms, relevant outcomes, and clinical trial coordination. » Am J Respir Crit Care Med. 1994;149(3 Pt 1):818-24. PMID7509706
↑ a et b(en) Ashbaugh « Acute respiratory distress in adults » Lancet 1967;2(7511):319-23 PMID4143721
↑(en) Murray « An expanded definition of the adult respiratory distress syndrome » Am Rev Respir Dis. 1988 Sep;138(3):720-3 PMID3202424
↑(en) Ferguson « Development of a clinical definition for acute respiratory distress syndrome using the Delphi technique » J Crit Care 2005 Jun;20(2):147-54 PMID16139155
↑(en) « Positive end-expiratory pressure setting in adults with acute lung injury and acute respiratory distress syndrome: a randomized controlled trial » JAMA. 2008;299(6):646-55. PMID18270353
↑(en) « Prone positioning in severe acute respiratory distress syndrome » N Engl J Med. 2013;368(23):2159-68. PMID23688302
↑ a et bDocteur Dominique FALCON, « Le syndrome de détresse respiratoire aigu », Corpus médical de la faculté de médecine de Grenoble , Août 2002.
lire en ligne
↑(en) « Neuromuscular blockers in early acute respiratory distress syndrome » N Engl J Med. 2010;363(12):1107-16. PMID20843245
↑(en) Ferguson ND, Cook DJ, Guyatt GH, Mehta S, Hand L. et al. ; Oscillate Trial Investigators; Canadian Critical Care Trials Group « High-frequency oscillation in early acute respiratory distress syndrome » N Engl J Med. 2013;368(9):795-805. PMID23339639
↑(en) Young D, Lamb SE, Shah S, MacKenzie I, Tunnicliffe W. et al.Oscar Study Group « High-frequency oscillation for acute respiratory distress syndrome » N Engl J Med. 2013;368(9):806-13. PMID23339638