Du fait de l’augmentation de la population juive à Strasbourg, la synagogue de la rue Sainte-Hélène, construite en 1834, devient trop petite. La communauté envisage, dès 1889, de construire une nouvelle synagogue.
Comme beaucoup d’autres bâtiments strasbourgeois de cette époque, elle est construite dans un style néoroman, mais librement interprété dans un grès rose provenant de Phalsbourg à une époque où le choix du matériau de construction n’était pas anodin. Sa tour octogonale, ses tourelles de chevet et sa façade évoquaient la cathédrale de Spire.
Le chantier du gros œuvre est terminé en novembre 1897. L’aménagement intérieur achevé, l’inauguration du nouveau lieu de culte se déroule le , 21 Eloul 5658 du calendrier hébraïque[3]. La synagogue avait une capacité d’accueil de 1 639 places, dont 825 pour les hommes, 654 sur la tribune réservée aux femmes, 40 aux choristes et 100 dans l’oratoire.
Le facteur d’orgue E. A. Roethinger de Strasbourg construira les grandes orgues qui comptent soixante deux jeux, trois claviers à cinquante six touches et un pédalier à trente deux marches.
Panorama vers le quai Kléber en 1898.
Panorama vers le quai Kléber en 2011.
Destruction et renaissance de la Communauté
Pillée de son mobilier et de son orgue qui sont revendus, la synagogue est incendiée par un commando des Jeunesses hitlériennes composé de Badois et d'Alsaciens le 12, le 30 septembre ou le [4]. La ruine qui subsista fut dynamitée et démolie en novembre de l’année suivante[5].
Les autorités d’occupation accusent les Juifs alors qu’ils étaient soit expulsés, soit réfugiés en Dordogne et dans le Limousin lors de l’évacuation de Strasbourg en septembre 1939. Aucun de ses membres n’avait été autorisé à revenir à Strasbourg et les biens restés dans les appartements évacués aux alentours de la synagogue furent vendus aux enchères ou volés.
Rien n'a été reconstruit à l'emplacement de la synagogue. S'y trouve aujourd'hui le square de l'ancienne synagogue.
Une stèle du souvenir est installée le , mais à la suite de la construction du centre commercial de la Place des Halles en 1979 à l'arrière du square, elle a été réinstallée à l’entrée de l’allée des Justes-parmi-les-Nations.
La station de tram ouverte en 1994 sur le quai Kléber est nommée Ancienne synagogue - Les Halles.
↑Jean Daltroff, La synagogue du quai Kléber de Strasbourg : (1898-1941, Bernardswiller, I.D. l'Édition, , 95 p. (ISBN978-2-367-01007-6, OCLC827866986).
↑Collectif. La Synagogue de la Paix, 1958. Impr. Dernières Nouvelles d’Alsace. D.L. mars 1959/90.039.
Théodore Rieger, Denis Durand de Bousingen, Klaus Nohlen, Collection Strasbourg architecture 1871-1918, Paris, Éditions Le Verger, 1991, (p. 169)
Archives de la communauté israélite de Strasbourg : Protocole du jeudi 9 avril 1896, cérémonie de la pose de la première pierre de la synagogue du quai Kléber, p. 349-350
(de) Protokoll Register Einweihung der neuen Synagogue
Jean Daltroff, La synagogue du quai Kléber de Strasbourg (1898-1941), Bernardswiller, ID-L’Édition, juillet 2012, p. 65-69 (ISBN978-2367010076)
Hans Haug, De la première pierre à la synagogue de la paix, dans La synagogue de la Paix, Strasbourg, 1959, p. 13-26
Dominique Jung, « 1940 : les Nazis détruisent la synagogue de Strasbourg », Les Saisons d'Alsace, hiver 2015, p. 32-33
Marie Goerg-Lieby, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA), « L'incendie de la Synagogue consistoriale de Strasbourg », dans Bertrand Merle (préf. Victor Convert, intro. Marie-Claire Vitoux), 50 mots pour comprendre la Résistance alsacienne, Strasbourg, Éditions du Signe, , 196 p. (ISBN978-2-7468-4334-9), p. 19-20