Le siège de Nieuport (du 3brumairean II () au 8brumairean II () ) est une tentative française infructueuse de capturer les ports de la Manche utilisés par l'armée britannique en Belgique en 1793.
Nieuport était défendue par un peu moins de 1 300 hommes, composée du 53rd (Shropshire) Regiment of Foot britannique(en), de deux faibles bataillons de Hesse et de quelques dragons. Un troisième bataillon de Hessois atteint le port le , mais la ville a été sauvée par la réaction rapide des principaux commandants alliés. Plus tôt dans le mois, Frédéricduc d'York s'était déplacé vers l'est à Englefontaine dans le but d'aider le prince de Saxe-Cobourg à assiéger Maubeuge. Une fois qu'il a découvert que ses communications avec la Grande-Bretagne étaient menacées, le duc d'York s'est déplacé vers l'ouest, suivi de Saxe-Cobourg avec la moitié de son armée.
Les plaines des environs de Nieuport étant coupées par une multitude de fossés remplis d'eau et d'inondations, le général Hoche répondait, avec quelques pièces de 4, à la canonnade avec du gros calibre des assiégés.
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Étant allé en avant pour reconnaître le terrain que nous devions occuper, je trouvai le général Hoche occupé à canonner Nieuport. Il avait, disait-il, reçu l'ordre d'attaquer et de prendre de suite cette place, mais le jour commençant à baisser et l'ennemi répondant à sa canonnade avec du gros calibre, il ne put bientôt s'occuper que de former une batterie sur la roule près du canal de Nieuport et d'ordonner des communications dans son camp. Il est nécessaire de remarquer que les plaines des environs de Nieuport sont coupées par une multitude de fossés remplis d'eau. Aussitôt que la colonne que commandait le général Gougelot arriva à la hauteur de Vulpen, elle prit la position qui lui avait été indiquée.
Le général Vandamme, occupé probablement à Furnes, y passa la nuit, de sorte que la direction du siège de Nieuport était, pour ce moment, confiée particulièrement au général Hoche.
À minuit, ce général fit passer au général Gougelot l'ordre de se mettre en marche avec sa troupe, de grand matin, pour aller prendre une position près de la Grande-Remise prenant par Rams-Capelle, en lui indiquant de se placer de manière à pouvoir couvrir le siège et empêcher le passage des troupes qui étaient à Dixmude, en cas qu'elles voulussent porter secours à Nieuport. Cet ordre ne fut pas exécuté avec autant d'exactitude qu'on l'aurait désiré. Plusieurs petits événements en furent cause ; le général Hoche avait demandé un officier de l'état-major du général Gougelot pour conférer avec lui sur celle marche ; on m'y envoya comme adjudant-général : l'ingénieur Guignard m'y accompagna; nous nous perdîmes ensemble au milieu de la nuit, et le brouillard fut si épais à la pointe du jour que nous ne pûmes parvenir à regagner le camp qu'à sept heures du matin. Cependant, le général Vandamme, étant arrivé, fit de bonne heure sommer la ville; immédiatement après, les batteries qu'avaient élevées le général Hoche commencèrent à donner.
Le général Gougelot ne jugea pas à propos de se mettre en marche avant que le pont qui se trouve en avant de Rams-Capelle sur le petit canal d'Énouden, fût établi. Cette colonne, en attendant au bord de cette rivière le rétablissement de ce pont, eût été inutilement exposée au feu de l'ennemi.
Aussitôt que ce pont fut rétabli nous nous sommes mis en marche. La colonne n'avait point encore entièrement passé le pont que le général Gougelot reçut verbalement l'ordre d'attaquer, avec ses huit bataillons, Nieuport, de son côté ; le mieux, disait-on, qu'il le pourrait. On savait cependant qu'il n'avait que des pièces de campagne.
Tandis que le général Gougelot était à considérer un petit corps de cavalerie ennemie du côté de la Grande-Remise au bord du canal de Guenne-Watergand, je m'occupai à placer les huit bataillons autour de Nieuport du côté de Tête-Saint-Georges. À peine avais-je placé trois bataillons que je m'aperçus que les fossés qui m'entouraient s'emplissaient d'eau. On me prévint qu'on avait lâché les écluses. J'en fis avertir le général Vandamme et je demandai des ordres; j'envoyai chercher le général Gougelot, et l'ordonnance ne put le trouver. Je m'apercevais, cependant, que le courant de l'inondation était extrême. Je courus reconnaître le chemin du côté de Rams-Capelle, et alors, je vis que, si nous tardions à nous retirer, nous courrions risque de ne pouvoir sauver aucune de nos pièces. Quoique j'eusse envoyé deux fois auprès du général Vandamme pour avoir des ordres, ainsi qu'auprès du général Gougelot, je ne recevais aucune réponse. Il me paraissait, cependant, qu'il n'y avait aucun moment à perdre; aussi je priai le citoyen Varé, commandant du 4e bataillon de volontaires de Seine-et-Oise, de me communiquer son opinion. Il pensa, ainsi que moi, que nous devions sur-le-champ nous retirer et repasser le canal d'Enouden.
Aussitôt ce mouvement et après avoir pris tous les moyens possibles pour accélérer la marche de la retraite de l'artillerie des bataillons, à peine la colonne avait-elle passé Rams-Capelle que les chemins furent inondés. On fut obligé d'abandonner un caisson du 22e régiment qui était tombé dans un fossé par la maladresse du charretier.
Les tirailleurs de notre colonne, qui ne s'aperçurent point assez tôt de notre mouvement, furent obligés de passer dans l'eau pour nous rejoindre ; plusieurs ont manqué d'être noyés. En même temps, l'inondation gagnait les batteries du général Hoche. Il fut obligé de retirer ses pièces.
Quelque temps après avoir repassé le ruisseau d'Enouden, on m'ordonna de placer notre colonne en seconde ligne, derrière celle du général Hoche.
Le 3 brumaire (), à une heure du matin, le général Gougelot reçut l'ordre de se mettre en marche de suite pour se rendre près d'Oost-Dunkerque, en traversant le canal de Furnes à Nieuport, à la hauteur de Vulpen. Je suis allé pour prendre des renseignements sur cet ordre chez le général Hoche ; je ne le trouvai pas ; un des officiers de son état-major me dit que le général Hoche avait reçu l'ordre d'attaquer de nouveau Nieuport, dans la même position que la veille : que, quoique le général Hoche trouvât la chose impraticable, il était allé faire établir des batteries près du canal, suivant l'ordre qu'il avait reçu; mais, quoique décidé d'obéir, il allait protester contre cet ordre ; qu'il pensait que nous devions nous retirer à Furnes et fortifier.
En passant près de Vulpen avec la colonne, le général Vandamme, qui se trouvait au pont, donna au général Gougelot les renseignements sur la position qu'il devait occuper; il lui dit de placer sa droite au canal et d'étendre gauche jusqu'aux dunes, laissant Oost-Dunkerque derrière lui, en lui recommandant particulièrement de bien garder la digue qui se trouve en avant et qui empêchait l'inondation de gagner de ce côté. Il me dit en particulier de reconnaître moi-même la place de grand matin. Cet ordre avait étécuté ; l'ingénieur Guignard avait passé la nuit à reconnaître les fortifications de la place entre le canal et les dunes ; mais, à la pointe du jour, le général Vandamme écrivit au général Gougelot qu'il était décidé à la retraite et lui ordonna de marcher sur Coquexide, en lui recommandant de choisir une position dans les environs de ce village et d'attendre de nouveaux ordres. Il lui annonçait cependant qu'en cas de persévérance dans le projet de retraite, il continuerait sa marche par Œdinkerque. Nous arrivâmes de très bonne heure à Coquexide.
Le général Gougelot arriva de bonne heure, le 4 brumaire (), à Avesnes-Capelle, quoiqu'il eût été obligé de rétablir un pont pour y arriver ; il se mit aussitôt en route avec la troupe qui lui avait été annoncée et qui l'attendait.
Le général Vandamme lui avait ordonné de marcher en colonne d'attaque jusqu'à Scorback et, de là, de passer l'Yperlée pour se rendre à Schoor, où il devait se fortifier et rester en observation.
Avant d'arriver à Scorback (Schoorbakke) désigné sur la carte « ancien bureau de France »), nous fûmes obligés de rétablir cinq ponts ; si la nouvelle route de Furnes à Scorback n'eût été pavée, il aurait été impossible de pénétrer dans le pays ; une partie des prairies étaient inondées, les fossés environnant les chemins étaient pleins d'eau et à peu près au niveau du pavé ; il était de toute impossibilité de quitter un instant la route ; on n'y trouvait aucun emplacement où l'on pût seulement déployer deux bataillons.
Arrivé à Scorback au bord de l'Yperlée, nous trouvâmes le pont brûlé et la rivière tellement gonflée par les inondations qu'elle paraissait être plutôt un fleuve qu'une rivière ordinaire ; nous fûmes obligés de bivouaquer près de Scorback, faisant face à Dixmude ; l'ingénieur Guignard s'occupait fortement à construire le pont de Scorback, mais les moyens lui manquaient. La terreur nous avait précédés dans ce pays; tout était disparu; on ne trouvait pas un seul ouvrier qui pût nous être utile ; nous restâmes dans celle position jusqu'au 8 brumaire ().
Le général Vandamme, en voulant que nous passions l'Yperlée, espérait que cette marche vraiment hardie aurait décidé la garnison de Nieuport, sinon à évacuer, au moins à capituler. Bien d'autres officiers ne voyaient point ainsi que lui.
Il est bien difficile de forcer une place à se rendre, quelque faible qu'elle soit, lorsqu'elle n'est pas cernée et qu'elle peut recevoir des secours et des vivres à chaque instant. On sait que les sièges les plus difficiles sont les ports, lorsque les assiégeants ne sont pas maîtres de la mer.
Si nous avions passé l'Yperlée, il n'y a point de doute qu'ayant cinq ponts derrière nous et une rivière très large, nous n'étions point capables de subir le moindre échec sans qu'il en résultat les plus grands malheurs pour les sept bataillons que commandait le général Gougelot. Pendant que nous restions à Scorback à nous occuper de rétablir ce pont et à nous fortifier, le siège continuait : mais le feu ne me parut jamais vif de la part des assiégeants, soit que les munitions aient manqué ou quelque autre cause, que je n'ai, à cause de mon éloignement, pu connaître et qui ont pu entraver nos opérations.
Je me suis souvent informé si l'on avait eu soin d'élever des batteries pour tirer à boulets rouges sur la mer et éloigner ainsi les vaisseaux. J'ai appris qu'on avait négligé cette mesure qui me parut cependant indispensable, et que, au contraire, les troupes avaient beaucoup souffert du feu des frégates.
Dans la nuit du 8 au 9 (29 au ), sur les minuit, le général Gougelot reçut ordre de se mettre en marche pour se rendre à Furnes où il recevrait de nouveaux ordres. Ce général fit de suite ses dispositions ; mais pour ne point marcher en désordre et éviter une multitude d'accidents qui arrivent souvent dans les marches de nuit, surtout dans un pays inondé, on ne se mit en marche qu'à la pointe du jour, après avoir fait marcher devant lui tous ses équipages.
En passant à Furnes, le général Vandamme me dit de cantonner les troupes du général Gougelot dans les anciens cantonnements d'Hondschoote. Je m'aperçus alors que les troupes qui avaient été occupées au siège de Nieuport s'étaient retirées partiellement de devant cette place, ce qui, selon moi, a dû causer une partie du désordre qu'on a remarqué à la levée de ce siège.
On voit parce rapport qu'il est une multitude de choses des plus intéressantes dont je n'ai pu avoir une connaissance exacte, étant éloigné du siège avec l'armée d'observation.
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