Le Service aérien gouvernemental (SAG) est une organisation créée par le gouvernement du Québec en 1960 pour gérer et coordonner les opérations aériennes de divers ministères provinciaux. Conçu initialement pour regrouper la flotte aérienne gouvernementale, le SAG est devenu au fil des décennies un acteur clé dans la lutte contre les incendies de forêt, les opérations de transport médical d’urgence, et les interventions en cas de catastrophe. Fort d’une flotte diversifiée et d'une expertise reconnue, le SAG collabore également à des missions internationales et représente un modèle d’innovation en matière d’aviation publique.
Le Service aérien gouvernemental est créé à la suite d’une loi votée en mars 1960 par l'Assemblée nationale du Québec, visant à regrouper sous une seule flotte tous les appareils détenus par les ministères provinciaux. À l’époque, le gouvernement de Jean Lesage dispose de cinq avions répartis entre les ministères de la Colonisation, de la Chasse et Pêche, et des Terres et Forêts, ce qui limitait l'efficacité et la coordination des opérations. Le premier ministre Paul Sauvé est à l'origine de cette idée, mais décède avant sa réalisation, laissant son successeur, Antonio Barrette, prendre les premières mesures pour sa mise en place. Cependant, après la prise de pouvoir du Parti libéral en juin 1960, une vente de la flotte est envisagée[1].
Le sous-ministre des Transports, Jacques Verreault, parvient à convaincre les nouveaux élus de maintenir la flotte en activité et propose trois options pour sa gestion : vendre les avions, confier leur exploitation au secteur privé ou conserver les appareils sous une gestion unifiée. C’est la troisième option qui est finalement retenue, ouvrant la voie à la création d’un service aérien gouvernemental unique pour centraliser les opérations[1].
Paul Gagnon, qui rejoint le gouvernement en juillet 1960 en tant que pilote-instructeur, est choisi pour diriger ce nouveau service. En octobre 1960, le Service aérien gouvernemental (SAG) est officiellement créé, avec Gagnon en tant que premier directeur général. À ses débuts, le SAG regroupe six avions, y compris un DC-3 récemment acquis, et se consacre principalement à des missions de transport pour le gouvernement[1].
Dès les premières années de son existence, le SAG est sollicité pour intervenir dans la lutte contre les incendies de forêt.
En 1961, le Service aérien gouvernemental acquiert deux avions Canso auprès du gouvernement fédéral canadien. Ces appareils, autrefois utilisés pour des missions militaires durant la Seconde Guerre mondiale, sont modifiés pour la lutte contre les incendies avec l'ajout de deux réservoirs externes de 300 gallons chacun. Ces réservoirs amovibles permettent aux Canso de larguer des milliers de litres d'eau sur les incendies de forêt avec une grande efficacité. Ces appareils voient également leurs moteurs, hélices et équipements radio modernisés pour répondre aux besoins de leur nouvelle mission civile. Le coût total de transformation s'élève à 125 000 $ par appareil, financé pour moitié par le gouvernement fédéral dans le cadre d’un partenariat pour la protection des forêts[3].
Dès leur première saison d'opérations en 1961, ces avions-citernes réalisent 25 sorties, larguant environ un million et demi de gallons d’eau pour éteindre les incendies au Québec et à Terre-Neuve. À la suite du succès de ces interventions, le gouvernement québécois procède à l’achat de cinq autres Canso en 1962, modifiés pour inclure des réservoirs internes développés par Field Aviation, offrant ainsi une meilleure capacité de largage rapide et précis[4].
Le SAG devient également un acteur clé dans les collaborations internationales en matière de lutte contre les incendies. En 1967, une délégation du SAG se rend au Chili pour évaluer le territoire forestier et envisager la location de bombardiers d’eau québécois pendant les saisons d’incendie. L'année suivant, deux avions Canso quittent pour une mission au Chili[2]. Cette initiative marque le début d’une longue collaboration avec divers pays en Amérique latine et en Afrique[5].
En réponse aux limites opérationnelles des avions Canso pour la lutte contre les incendies de forêt, le SAG s'associe avec Canadair pour concevoir un appareil novateur destiné spécifiquement à cette mission. Ainsi naît le CL-215, un bombardier d'eau amphibie robuste dont le prototype voit le jour en 1964, équipé de moteurs prévus initialement pour le CL-204[6]. Cet avion, capable de larguer des charges d'eau d'une capacité de 1 200 gallons (environ 4 500 litres) pendant des missions de plusieurs heures, présente une conception qui doit résister aux contraintes sévères du rechargement et aux vibrations lors des survols des brasiers. Son écopage se réalise en dix secondes en glissant sur l’eau sur une distance de 610 mètres, grâce à deux écopes situées sous la coque de l'avion.
La conception inclut des réservoirs majoritairement intégrés sous le plancher, renforcés pour supporter la masse de l’eau et la pression intense durant les opérations. Bien qu’au départ certains doutes existent quant à son design anachronique, les modifications successives, incluant le moteur R-2800 série C et des ajustements de l’empennage, confirment sa fiabilité[7]. Le 23 octobre 1968 marque le premier vol du CL-215, réalisé avec le prototype nommé C-FEU-X[7].
En 1969, la province de Québec passe une commande de 15 appareils après avoir initialement prévu d'en acquérir 20, devenant ainsi la première région à s'engager fermement dans l'achat du CL-215[7].
En 1972, le SAG étend ses activités pour inclure le transport aérien des malades, une mission qui répond aux besoins urgents des régions éloignées. Ce service est disponible 24 heures sur 24 et permet d’intervenir dans l’heure suivant une demande du ministère des Affaires sociales. Face à l’augmentation rapide de ce type de transport, le SAG propose dès 1974 l’acquisition d’un avion spécifiquement aménagé pour le transport médical, avec des équipements médicaux à bord pour améliorer la prise en charge des patients[8]. Le tableau suivant présente les données relatives au nombre de transports de malades effectués par le Service aérien gouvernemental, offrant un aperçu de l'évolution de cette activité essentielle au fil des années :
En 1976, le SAG a diversifié et structuré ses activités pour répondre aux besoins de plusieurs ministères et assurer divers services publics. Les missions du SAG se divisent alors en plusieurs catégories[8] :
À cette époque, le SAG explore également des possibilités d’expansion de ses services pour répondre aux besoins croissants des institutions publiques québécoises[8] :
En septembre 1981, sous l'impulsion du Dr Pierre Fréchette, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) mandate l’Hôpital de l’Enfant-Jésus pour établir un service d’évacuations aéromédicales au Québec, connu sous le nom d’ÉVAQ. Ce programme, seul service aéromédical officiellement reconnu par le gouvernement du Québec, est conçu pour offrir un accès rapide aux soins spécialisés aux patients des régions éloignées en situation d’urgence médicale[9].
Le premier avion-ambulance, le Valentine-Lupien, débute son service en septembre 1981. Capable d’atteindre une vitesse de croisière de 750 km/h et une autonomie de vol de trois heures et demie, cet avion peut opérer sur des pistes courtes de 1 220 mètres. Il est baptisé en hommage à Valentine Lupien, une infirmière qui prodiguait des soins dans le nord du Québec dès 1937. En 1982, l'équipe de maintenance du SAG, conçoit un escalier spécialement adapté à l’avion-ambulance, doté de caractéristiques telles que des marches antidérapantes et un cran de sûreté, permettant une montée et une descente sécurisées pour les patients et le personnel médical[9].
En 1988, le Valentine-Lupien est remplacé par un avion-ambulance Challenger, plus rapide et plus économique en carburant, avec une autonomie de vol accrue. Ce changement améliore considérablement la capacité du SAG à effectuer des évacuations aéromédicales rapides et sur de longues distances, renforçant ainsi l’efficacité des interventions d’ÉVAQ pour les patients en situation critique[9].
Depuis sa création, le programme ÉVAQ a permis d’assurer le transport de plus de 52 000 patients (2010)[9].
Aujourd’hui, le SAG gère une flotte de 21 aéronefs, composée d’avions et d’hélicoptères, et mobilise plus de 250 employés, incluant des techniciens en aéronautique, régulateurs de vol, agents de bord, pilotes et personnel administratif. Cette organisation assure un soutien continu, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, pour répondre aux besoins aériens des différents ministères dans le cadre de leurs missions[10].
Le SAG intervient dans divers domaines, répondant aux besoins spécifiques des ministères à travers une gamme de services aériens spécialisés :
Depuis sa création dans les années 1960, la flotte du SAG a connu une expansion et une diversification remarquables. Initialement composée d’appareils adaptés aux besoins de l’époque. À travers plusieurs décennies, le SAG a ainsi modernisé et diversifié ses équipements, reflétant les avancées technologiques et les nouvelles exigences en matière de sécurité et d’efficacité.
Destruction totale lors d'un accident mortel à Eucott Bay, C-B, sous la propriété de Wilderness Airline (1993).
Destruction totale lors d'un accident, ouragan Hugo sous la propriété de ChalkAir (1989).
Destruction totale lors d'un accident à Schefferville (août 2008) sous la propriété de Labrador Air Safari[17].
Destruction totale lors d'un accident aux États-Unis en novembre 1997.
Destruction totale lors d'un accident, atterrissage Kangiqsujuaq, juin 1990.
Vendu à la Collins Foundation en 2017 et toujours immatriculé (N983CF).
Dernière immatriculation au Honduras (HR-ASR).
Ensuite vendu à Buffalo Airways en 2018.
Atterrissage sur le ventre en direct série télévisée Ice Pilots.
Destruction totale lors d'un accident, États-Unis (1986).
Plus en état de vol depuis septembre 2006.
Destruction totale par démantèlement.
Plus en état de vol.
Destruction totale lors d'un accident, approche à Umiujaq le 3 décembre 1993[26].
Destruction totale lors d'un accident, feu de moteur au décollage le 20 janvier 1998.
Actuellement au Musée de l’aviation de l’Atlantique, repeint en CF-CAF[27].
Destruction totale lors d'un accident mortel, près des Chutes Montmorency le 25 octobre 1995[29].
Destruction totale lors d'un accident, près de Alma le 22 janvier 2020[30].
Depuis sa création, le Service aérien gouvernemental (SAG) a été impliqué dans plusieurs incidents et accidents au cours de ses missions.
Les accidents les plus graves ont entraîné des pertes humaines et la destruction d’appareils, notamment des avions-citernes et des appareils affectés aux missions sanitaires. Par exemple, plusieurs incidents sont survenus dans les années 1960 et 1970 avec des appareils comme le Beaver, l’Otter, et le Canso. Un total de trois accidents mortels a été enregistré, incluant la perte d’un CL-215 en 1991, causant la mort du commandant et du premier officier[2]. D’autres incidents notables incluent des sorties de piste ou des atterrissages d’urgence, souvent en raison de défaillances mécaniques ou de conditions de piste inadéquates, notamment dans les régions nordiques.
En 1997, la direction de la maintenance du SAG a obtenu la certification ISO 9001 pour ses pratiques de maintenance[2].
Pour renforcer la sécurité, le SAG a mis en place un Bureau de gestion de la sécurité aérienne (BGSA) en 2004[2].
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