La rue de Rennes est une voie du 6e arrondissement de Paris. Elle est une artère commerçante majeure de la rive gauche de la capitale.
Situation et accès
La rue de Rennes débute place du Québec et finit place du 18-Juin-1940. De tracé rectiligne et d'orientation nord-sud, elle mesure plus d'un kilomètre de longueur et vingt mètres de largeur. Ouverte au milieu du XIXe siècle, c'est une voie récente à l'échelle de l'histoire de Paris : son bâti, de gabarit assez homogène, rassemble en effet uniquement des bâtiments postérieurs à 1850.
La rue est nommée d'après la ville de Rennes car en 1853, la rue aboutissait à la « gare de Rennes » — aujourd'hui gare de Paris-Montparnasse — à partir de laquelle partent des lignes desservant la Bretagne.
Historique
La rue de Rennes est une réalisation du Second Empire. Elle devait à l'origine rejoindre la Seine. C'est pour cette raison que la numérotation commence au 41, les numéros précédents ayant été réservés pour la partie de la rue qui devait être percée au nord du boulevard Saint-Germain[1]. La partie existante a été percée en deux fois.
Son ouverture s'est faite à la suite du décret du depuis les rues Notre-Dame-des-Champs et de Vaugirard jusqu'à la place du 18-Juin-1940. Le plan annexé à ce décret n'attribuait à la voie qu'une largeur de 20 mètres. Elle a cependant été ouverte, suivant des alignements différents, sur une largeur de 22 m, telle qu'elle figure sur le plan annexé au décret du et fixant son nivellement entre la rue de Vaugirard et la place du 18-Juin-1940.
La seconde tranche fait suite au décret du depuis le boulevard Saint-Germain jusqu'aux rues de Vaugirard et du Regard. Le percement de cette voie entraîne la disparition de plusieurs rues[2],[3] :
La troisième tranche n'a jamais été percée ; le tracé finalement retenu impliquait la destruction de l'Institut de France[4],[5].
En 1880, le débouché de la rue de Rennes sur le boulevard du Montparnasse a pris le nom de « place de Rennes » (aujourd'hui place du 18-Juin-1940). En 1977, la partie située au contact de la place Saint-Germain-des-Prés s'est trouvée englobée à cette dernière.
On parle souvent de la rue de Rennes en référence à l'attentat de la rue de Rennes, perpétré devant le magasin Tati, le . C'est le dernier et le plus meurtrier (7 morts et une soixantaine de blessés) d'une série commencée le (11 morts en tout). Perpétré en plein jour, il est revendiqué par le CSPPAC, un faux nom dissimulant le Hezbollah agissant pour le compte de l'Iran[7], qui réclame la libération du chef libanais Georges Ibrahim Abdallah. Le chef du commando terroriste responsable des attaques, Fouad Ali Salah, est arrêté en . Une plaque inaugurée par le président François Mitterrand honore la mémoire des victimes.
La rue de Rennes a été réaménagée au début des années 2010. Une première étape concernant la partie sud entre la place du 18-Juin-1940 et le boulevard Raspail a été lancée en [8] et s'est achevée le [9] : élargissement des trottoirs, création de bandes cyclables et de places de livraison. Pour permettre ces aménagements, les couloirs de bus ont été supprimés bien que quatre lignes de bus, dont deux lignes Mobilien, y circulent[10].
No 50 : au-dessus de la porte se trouve un bas-relief figurant le dragon de sainte Marguerite réalisé en 1732 par Paul-Ambroise Slodtz. Il surplombait à l'origine un portail donnant sur une cour intérieure, la cour du Dragon. La cour fut détruite au milieu du XXe siècle et le portail, pourtant classé monument historique, fut détruit en 1935 pour laisser place à un immeuble en béton. La fresque présentée de nos jours est une copie, l'originale se trouvant au musée du Louvre.
No 64 : ici avait lieu pendant le siège de Paris le conseil municipal de Bourg-la-Reine, qui se réunit du au dans un premier temps dans l'ancien immeuble No 43 du boulevard Saint-Germain (l'immeuble actuel date de 1890), puis ici, Jean Alphonse Gosse étant maire[13].
No 71 : en 1919, Simone de Beauvoir, encore enfant et qui vit jusqu'alors dans le bel appartement où elle est née en 1908, au 103, boulevard du Montparnasse[14], sa famille ayant subi des revers de fortune, déménage à cette nouvelle adresse dans un logement moins cossu au sixième étage, sans ascenseur pour y accéder, ni eau courante ; elle y vit jusqu'en 1929[15].
No 76 : cinéma L'Arlequin. Une partie du sous-sol de l'immeuble a abrité, de 1948 à 1956, le cabaret-théâtre La Rose Rouge (150 places) dirigé par Nikos Papatakis (1918-2010) qui en avait été cofondateur lors de son ouverture, en 1947, dans un restaurant du même nom situé 53, rue de la Harpe[16]. Le film de fiction La Rose rouge (1951) réalisé par Marcel Pagliero (1907-1980) retrace l’ambiance du lieu.
Nos 136-138 : ancien immeuble du Grand bazar de la rue de Rennes, inauguré le , dû à l'architecte Henri Gutton (qui s'est fait remarquer à Nancy avec le mouvement Art nouveau). Les poutrelles métalliques de l'immeuble proviennent des ateliers de l'ingénieur Armand Moisant. En 1910, il devient les Grands Magasins de la rue de Rennes, qui deviennent dans les années 1920 la propriété des Magasins Réunis. Vers 1960, ceux-ci plaquent une nouvelle façade plus banale sur la façade d'origine. Le bâtiment originel est détruit puis reconstruit[18]. En 1974, l'édifice devient un magasin Fnac, le premier magasin de l'enseigne à Montparnasse qui propose des livres.
No 112 : Bibliothèque André-Malraux.
Nos 136-138 : Intérieur de l'ancien Grand bazar.
No 140-140 bis : immeuble de l'ancien magasin Félix Potin, ouvert en 1904, œuvre de l'architecte Paul Auscher, grande surface alimentaire de six étages richement décorée en style Art nouveau qui proposait notamment un « service de cuisine pour la ville » avec son rayon traiteur[19]. La façade et la toiture du bâtiment sont classées monuments historiques. Cet immeuble fut ensuite repris par Tati. L'attentat de la rue de Rennes y est commis le . La zone commerciale est désormais occupée par Zara.
↑Adolphe Alphand (dir.), Adrien Deville et Émile Hochereau, Ville de Paris : Recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêtés préfectoraux concernant les voies publiques, Paris, Imprimerie nouvelle (association ouvrière), (lire en ligne), « Décret du 28 juillet 1866 », p. 368
↑Janson, Percement de la rue de Rennes entre Saint-Germain-des-Prés et la rue du Vieux-Colombier, 1867 [lire en ligne]
↑Michel Auboin, Arnaud Teyssier et Jean Tulard, La Police. Histoire et dictionnaire, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1059 p. (ISBN2221085736), p. 516-517.
↑Xavier Lenormand, Bour g-la-Reine, Histoire des Rues, PAO Imprimerie Nouvelle Orléans, no 24932, 1994 (ISBN2-9509068-0-X) — Ouvrage édité au profit des œuvres sociales de la mairie., p. 46.
↑Gilles Schlesser (préf. Claude Villers), Le Cabaret « rive gauche » : De la Rose rouge au Bateau ivre (1946-1974), Paris, Éditions de l'Archipel, , 682 p. (ISBN978-2-84187-849-9), chap. 6 (« Les premiers pas de la rive gauche (1946-1950) »)
↑Jean-Michel Dumay, « Félix Potin réinvente l'épicerie », Le Monde Magazine, 7 août 2010, p. 36-39.
↑Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris. 2: L - Z, Éd. de Minuit, (ISBN978-2-7073-1053-8), page 752.
Annexes
Bibliographie et source
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
E. Hénard, « Le prolongement de la rue de Rennes, à Paris, et le projet de pont en X sur la Seine », Le Génie civil, t. LVII, no 2, no 1457, , p. 29-32 (lire en ligne)planche II
« Projet de prolongement de la rue de Rennes, à Paris, par élargissement de la rue Bonaparte », Le Génie civil, t. LX, no 19, no 1552, , p. 373-374 (lire en ligne)
Yoann Brault et Baptiste Essevaz-Roulet, « La rue de Rennes : un siècle d'hésitations », Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France. 2007-2008, t. 134-135, , p. 179-285 (lire en ligne)