Rokeya Sakhawat Hussain ou Rokeya Sakhawat Hossain (1880 – 1932) est une écrivainebengalie, notamment connue pour son travail en faveur de l'égalité des sexes. Elle a fondé la première école élémentaire dédiée aux filles et femmes musulmanes, qui existe toujours en 2009. Féministemusulmane reconnue, elle est citée comme influence par des écrivaines féministes contemporaines comme Taslima Nasrin et Sufia Kamal.
Née Roquia Khatun, elle fut plus tard Begum Roquia Sakhawat Hussain, Begum étant un terme honorifique donné à une femme en signe de respect. Dans ses textes en anglais, elle signait Rokeya.
Biographie
Roquia Khatun naquit en 1880 dans le village of Pairabondh, Rangpur[1], durant le Raj et qui se trouve aujourd'hui au Bangladesh. Son père, Jahiruddin Muhammad Abu Ali Haidar Saber, était un zamindar (propriétaire) éduqué. Roquia avait deux sœurs, Karimunnesa Khatun et Humayra Khatun ; ainsi que trois frères. Son frère ainé, Ibrahim, et sa sœur aînée Karimunnesa, ont tous deux eu une grand influence sur elle. Karimunnesa voulait étudier le Bangla, langue majoritaire au Bengale. La famille désapprouvait car les familles musulmanes de classe élevée préféraient l'arabe et le persan comme langue de travail et d'éducation plutôt que le bangla, leur langue natale.
Ibrahim enseigna l'anglais et le bangla à Roquia et Karimunnesa.
Karimunnesa est mariée à 14 ans et devint connue plus tard comme poétesse. Ses deux fils, Nawab Abdul Karim Gaznawi et Nawab Abdul Halim Gaznawi, devinrent hommes politiques et eurent des ministères dans l'administration britannique.
Roquia se maria à l'âge de 16 ans en 1896. Son époux, de langue urdu, Khan Bahadur Sakhawat Hussain, était magistrat délégué de Bhagalpur, aujourd'hui l'État indien du Bihar. Il encourage sa femme à poursuivre son éducation en anglais et bengali. Il lui suggère aussi d'écrire[1], et sur son conseil, elle adopte le bengali comme langue car langue de la masse. Son premier écrit, en 1902, s'intitule Pipasa (Soif).
Sa production littéraire est en bengali ou en anglais, et comporte plusieurs essais et quelques fictions[1]. Elle y décrit notamment avec humour et insolence l'absurdité de la société patriarcale[1]. Une de ses œuvres les plus connues, Sultana's Dream, publiée initialement en 1905, traduite en français au début des années 2020, est une utopie littéraire, le rêve d'un pays paisible, le Ladyland[2], où les femmes gouvernent et où les hommes sont confinés dans le pendant masculin d'un harem[1],[3],[4]. Outre son activité littéraire, elle s'investit particulièrement dans le domaine de l'éducation des jeunes femmes, créant une école pour filles[1],[5], et participe activement aux débats et conférences concernant la promotion des femmes jusqu'à sa mort, le 9 décembre 1932[5].
↑(en) Leslie de Bont, « An Ecofeminist Foremother? Rokeya Sakhawat Hossain’s Oneiric Representation of Nature, Technology and Gender Roles in “Sultana’s Dream” », RMA, no 26, (DOI10.35562/rma.305, lire en ligne)