Il naît à Santa Tecla, département de La Libertad à El Salvador, fils de Roberto D'Aubuisson et de Joaquina Arrieta. Il descend de Jacques, Marie, Germain, Gustave d'Aubuisson, né en 1822 à Toulouse, arrivé à 20 ans au Salvador où il s'installa comme marchand de quincaillerie [6]. Son père, Pierre d'Aubuisson, était marquis et seigneur de Nailloux et de Ramonville-Saint-Agne[7].
Son père meurt en 1954. Après des études chez les Jésuites et les Maristes[8], il sort diplômé de l'Académie militaire nationale en 1963.
Le , Eduardo, le fils de Roberto D'Aubuisson, est assassiné(en) au Guatemala, en compagnie de William Pichinte et José Ramón González, deux députés salvadoriens, et de Gerardo Ramírez, leur chauffeur. Leurs meurtres restent non-résolus à ce jour, bien que les enquêteurs suspectent les cartels de la drogue, particulièrement actifs dans la région[9],[10].
En , l'autre fils de Roberto D'Aubuisson, Roberto Junior(en), est élu maire de Santa Tecla (la ville natale de son père)[11]. Il est largement réélu en 2018[12].
Les escadrons de la mort
Pendant la guerre civile qui ravage le Salvador de 1978 à 1992, il est une figure centrale derrière les « escadrons de la mort » qui portent la responsabilité de nombreuses exécutions extra-judiciaires. Directeur adjoint de l’Agence de sécurité nationale jusqu'en 1979, il dérobe des dossiers sur des opposants de gauche et des théologiens de la libération et dirige des escadrons de la mort pour les assassiner.
L'assassinat de Monseigneur Romero
Le major Roberto D'Aubuisson est impliqué dans l'assassinat d'Óscar Romero, archevêque de San Salvador (), selon la commission de la Verdad.
Une enquête judiciaire conduite au Salvador par le juge Atilio Ramirez avait rapidement désigné d'Aubuisson et le général Medrano (protégé des États-Unis). Mais après des menaces et une tentative d'assassinat, Atilio Ramirez quitte subitement le pays et les poursuites judiciaires cessent. En exil, le juge Ramirez explique que l'équipe d'enquêteurs de la police criminelle ne s'était présentée sur les lieux du crime que quatre jours après qu'il a été commis et que ni la police ni le représentant du ministère de la justice ne présentèrent au procès de pièce à conviction. Sa conclusion était qu'il existait « indubitablement », depuis le début, une « sorte de conspiration pour couvrir le meurtre »[13].
L'assassin de Mgr Romero n'a jamais été officiellement identifié, moins encore inculpé. Se fondant sur un grand nombre d'interviews de militants du parti Arena et de responsables américains, ainsi que sur l'étude de télégrammes du département d'État, les journalistes Craig Pyes et Laurie Beclund affirment, dès 1983, que le major d'Aubuisson avait planifié le meurtre avec un groupe d'officiers d'active qui tirèrent même au sort à qui reviendrait l'honneur d'être chargé de l'exécution.
L'ex-ambassadeur des États-Unis Robert White(en) qui, lorsqu'il était en poste au Salvador, avait accès aux télégrammes du département d'État, entre autres informations internes, déclare en 1984 devant le Congrès des États-Unis qu'il ne fait pas « l'ombre d'un doute » que d'Aubuisson avait lui-même « planifié et ordonné l'assassinat » de Romero[13]. Il expliqua ensuite en 1986 toujours devant le Congrès des États-Unis, qu'il y avait suffisamment d'éléments pour mettre en cause des escadrons de la mort menés par le major d'Aubuisson[14]. Cette thèse est reprise en 1993, dans un rapport officiel des Nations unies, décrivant d'Aubuisson comme le maître d'œuvre de l'assassinat.
Tortionnaire
L’ambassadeur des États-Unis Robert White(en) le décrit comme un « assassin psychopathe »[15]. Admirateur d'Adolf Hitler, D'Aubuisson aurait déclaré un jour : « Vous, les Allemands, étiez très intelligents. Vous avez réalisé que les Juifs étaient responsables de la propagation du communisme et vous avez commencé à les tuer »[2].
Carrière politique
D'Aubuisson est un fervent opposant à la Junta Revolucionaria de Gobierno établie en par un groupe d'officiers progressistes, qu'il qualifie notamment de « menace marxiste » pour le Salvador. Au début des années 1980, il apparaît récurremment à la télévision salvadorienne pour dénoncer ceux qu'il considère comme des traitres ou des communistes. Le , le Washington Post rapporte des propos de D'Aubuisson « parlant ouvertement de la nécessité de tuer 200 000 à 300 000 personnes[N 1] pour rétablir la paix au Salvador »[16]. Le mois suivant, D'Aubuisson se lance officiellement en politique en co-fondant l'Alliance républicaine nationaliste (plus connu sous l'acronyme d'ARENA), un parti politique d'extrême droite. D'Aubuisson jouit d'une solide réputation auprès d'une partie de la bourgeoisie salvadorienne en raison de ses actions contre la gauche et de ses stratégies de contre-insurrection efficaces.
Candidat à l'élection présidentielle salvadorienne de 1984(en), D'Aubuisson obtient 376 917 voix au premier tour, soit 29,77% des suffrages exprimés, ce qui lui permet d'accéder au second tour.
Lors de celui-ci, D'Aubuisson obtient 651 741 voix, soit 46,41% des suffrages exprimés, et est battu par José Napoleón Duarte, le candidat du parti chrétien-démocrate, qui recueille quant à lui 752 625 voix, soit 53,59% des suffrages exprimés. Après l'annonce des résultats, D'Aubuisson s'est présenté comme victime d'une fraude électorale, dénonçant également une ingérence américaine dans l'élection au profit de Duarte, qui s'est avéré plus tard être un agent de la CIA.
↑Philadelphia Inquirer, Nordland Rod, 23 mars 1984
↑Maurice Lemoine, avant-propos à Oscar Martínez Peñate, Le Soldat et la Guérillera. Une histoire orale de la guerre civile au Salvador, Syllepse, , p. 15