Issu d'une famille protestante des Cévennes, Robert Verdier est le fils d'un d'enseignant laïque et dreyfusard, ayant adhéré sur le tard au socialisme. C'est au gré d'une mutation de son père qu'il nait à Saint-Girons, en Ariège[1].
Dès ses débuts dans l'enseignement, il s'engage dans le syndicalisme, devenant le secrétaire académique de la fédération générale de l'enseignement CGT à Montpellier, où il a été muté à la rentrée 1933.
Robert Verdier, qui avait été membre des étudiants socialistes, se tourne vers l'engagement politique après les émeutes du 6 février 1934. Il adhère à la SFIO et participe aux campagnes électorales, et notamment celles du Front populaire.
De retour à Paris en 1937, muté au Lycée Carnot, il fréquente Ernest Labrousse et Amédée Dunois. Dans les débats internes de la SFIO, il soutient alors la ligne blumiste.
La Résistance
Militant pacifiste et antifasciste, c'est aussi un résistant de la première heure : dès le début de l'Occupation, il reprend contact avec des militants (Labrousse, Amédée Dunois, Paul Colliette, Édouard Depreux, Gérard Jaquet) pour reconstruire des structures socialistes clandestines. Le cercle de discussion du départ devient une structure clandestine de propagande, publiant le bulletin Socialisme et liberté, puis le journal Le Populaire. Il participe au développement du mouvement Libération-Nord de Christian Pineau et Henri Ribière, organisé à la fin de l'année 1941 autour d'un autre journal clandestin, Libération.
Il est nommé secrétaire-adjoint du Comité d'action socialiste de la zone Nord (CAS-Nord) et devient secrétaire général du comité central de la zone occupée[réf. nécessaire] ; après la création du CAS unifié (zones Nord et Sud), il remplace Amédée Dunois, déporté, à son exécutif. Il remplace Jean Biondi en tant que responsable des liaisons avec les départements de l'est et du nord de la zone occupée après son arrestation et sa déportation. Lorsqu'en 1943, le CAS unifié se transforme en Parti socialiste clandestin, il est désigné comme adjoint du secrétaire général Daniel Mayer. Il est délégué par le parti socialiste SFIO à l'Assemblée consultative provisoire (1944-1945).
À partir d', il passe dans la clandestinité.
La Quatrième République
Proche de Léon Blum, élu député de la Seine en , il doit quitter la direction du parti lorsque, au congrès d'août, celle-ci est mise en minorité par le congrès. Il devient alors le chef de file de l'opposition interne à Guy Mollet.
Il est ensuite nommé directeur-adjoint puis directeur du Populaire de 1950 jusqu'à la fin de 1954.
En 1948, il est conseiller au cabinet d'Édouard Depreux, lorsque celui-ci est nommé ministre de l'Éducation nationale. Il sera ensuite un des organisateurs des Cercles Jean-Jaurès, qui rassemble les enseignants socialistes ou proches des socialistes.
Il retrouve un siège de député en 1951. Durant cette législature, il se rapproche d'Alain Savary, avec qui il va d'abord partager un engagement anticolonialiste avant qu'ils ne s'opposent tous deux au projet de Communauté européenne de défense (CED), préconisant en revanche l'élargissement de l'Europe à Six.
Il est réélu en 1956 et devient président du groupe parlementaire, mais appartient comme son ami Daniel Mayer à la minorité du parti et s'oppose à la politique algérienne de Guy Mollet, Président du conseil, et de Robert Lacoste, ministre de l'Algérie. Il vote ainsi contre les pouvoirs spéciaux demandé par Mollet en , et démissionne de la présidence du groupe parlementaire.
En a lieu le retour du général de Gaulle au pouvoir, avec le soutien de la SFIO : Guy Mollet devient ministre dans le gouvernement De Gaulle qui met en place la Cinquième République. Robert Verdier vote contre l'investiture du gouvernement de Gaulle, puis quitte la SFIO pour participer à la création du cartel de l'Union des forces démocratiques (UFD), mis sur pied en pour les législatives.
En septembre, il devient secrétaire général adjoint du Parti Socialiste Autonome (PSA) dirigé par Édouard Depreux.
Lors des législatives de 1958, il n'est pas réélu et retrouve un poste de professeur. Il exercera au lycée Buffon jusqu'à sa retraite, en 1976.
La Cinquième République
Du PSU au Nouveau Parti Socialiste
En 1960, le PSA fusionne avec l'Union de la gauche socialiste pour former le Parti socialiste unifié (PSU). Verdier est alors membre du bureau national du parti et directeur de son hebdomadaire, Tribune du socialisme.
Réputé pour sa courtoisie et son ouverture d'esprit, également sa modestie et son intégrité, il préside le comité directeur du PS de 1975 jusqu'au congrès de Metz (1979)[5]. Cette année-là, il signe la motion déposée par Pierre Mauroy et passe donc dans la minorité. Il abandonne cependant toute responsabilité dans le parti après cette date.
Auteur de plusieurs ouvrages historiques, il a activement collaboré avec Robert Blum à l'édition de L'Œuvre de Léon Blum chez Albin Michel, travail auquel ont participé les jeunes Pierre Vidal-Naquet et François Furet.
Retiré dans le pays de ses ancêtres, Robert Verdier est mort à l'âge de 98 ans et a été inhumé dans la sépulture familiale, au cimetière communal de Meyrueis (Lozère)[6].
Œuvres
PS-PC, une lutte pour l'entente 1920-1976, Seghers, 1976
Bilan d'une scission, le congrès de Tours, Gallimard, 1981
Les Socialistes en Résistance (codirection avec Pierre Guidoni), Seli Arslan, 1999
Mémoires, préface de Pascal Ory, L'Harmattan, 2005
Notes et références
↑« Robert Verdier, un proche de Léon Blum », La Dépêche du midi, (lire en ligne)
↑Hommes & Libertés, revue de la LDH, no 133, page 2.
↑Robert Verdier In memoriam
Dans Cahiers Jaurès 2009/2 (No 192), pages 79 à 83
Voir aussi
Bibliographie
Gilles Morin, De l'opposition socialiste à la guerre d'Algérie au Parti socialiste autonome, thèse de doctorat d'histoire sous la direction d'Antoine Prost, Université Paris I, 1992, dactylographiée (disponible : Paris I-BU Pierre Mendès France et Paris I-CHS)