Margherita, fille unique d'Antonio Lotti et d'Amata Ferri, naquit à Roccaporena, hameau de Cascia, dans le diocèse de Spolète, en Ombrie (Italie). Selon la légende, un essaim d'abeilles blanches aurait tournoyé autour du bébé endormi dans le berceau le lendemain du baptême. Elles lui posaient du miel dans la bouche, sans lui faire le moindre mal. Un homme qui s'était blessé à la main et qui rentrait se faire soigner chez lui voulut chasser les abeilles avec sa main blessée et se trouva mystérieusement guéri. La famille était plus étonnée qu'inquiète. À Laerne (Belgique), on peut voir une statue de sainte Rita entourée d'abeilles.
On sait peu de choses des parents de Rita, sauf qu'ils étaient surnommés « les porte-paix de Jésus-Christ ». Ils jouaient le rôle de médiateurs entre clans et familles, pour essayer de faire oublier les exigences de la vendetta. Cet exemple, Rita ne l'oublia pas. Dès l'âge de 16 ans, elle avait pensé à la vie religieuse, mais ses parents en avaient décidé autrement. Ils avaient arrangé son mariage avec un jeune homme riche et noble du pays, Paolo Mancini. Bien qu'elle les eût suppliés de la laisser entrer au couvent, elle dut l'épouser en et fut la mère de jumeaux, Giangiacomo Antonio (Giovanni) et Paulo Maria. Son époux, Paolo, était prompt à s'emporter et, bien qu'apparemment il se fût adouci depuis la naissance de ses enfants, il s'était fait des ennemis dans la région. Pendant 18 ans elle pria pour que son mari se convertisse. Elle gravissait son calvaire en priant pour la conversion de son indigne époux. Une nuit, en , il fut assassiné. Certains récits font état d'un guet-apens, d'autres d'une querelle qu'il aurait provoquée et à l'issue de laquelle il aurait été tué.
Rita continua de se consacrer à ses enfants, mais ces derniers étaient décidés à venger la mort de leur père. Elle tenta de les en dissuader et de leur faire comprendre que ce serait un meurtre. Elle pria pour qu'ils renoncent à leurs desseins et demanda à Dieu qu'Il leur prenne la vie plutôt qu'ils finissent comme leur père. Six mois plus tard, leurs deux fils moururent de causes naturelles, emportés par une épidémie de peste, après avoir imploré le pardon de leur mère.
Vie religieuse
En 1420, Rita, à l'aube de la quarantaine, se retrouvait seule. Elle demanda son admission chez les religieuses augustines du monastère Sainte-Marie-Madeleine de Cascia. Elle fut éconduite, car les constitutions de l'ordre interdisaient d'accueillir les veuves. De plus, la famille de son mari et celle de son assassin ne s'étaient pas réconciliées. Le monastère avait peur de représailles. Mais elle insista, et finalement fut admise à une condition : elle devait réconcilier sa famille et les meurtriers de son mari. Elle poursuivit ce but, ce qui s'avéra difficile. Quand les deux clans s'accordèrent mutuellement le pardon devant l'évêque de Cascia (elle avait alors 36 ans), elle fut autorisée à entrer au monastère où elle resta jusqu'à sa mort, en 1457.
Religieuse âgée, Rita essaya de vivre jusqu'au bout les exigences de son état : vie de prière, obéissance, pauvreté et pénitence[1]. À la suite d'un sermon sur la Passion de saint Jacques de la Marche, elle demanda à Dieu de la faire participer, dans sa chair, aux souffrances du Christ. Elle aurait été exaucée et une épine de la couronne du Christ devant lequel elle priait se serait détachée pour venir se fixer sur son front. C'est pourquoi on la représente avec une plaie incurable au front. Stigmatisée par cette marque, elle supporta l'épreuve qu'elle avait demandée.
Elle fut au service des plus pauvres de Cascia, qui bénéficièrent de la qualité de sa charité. Elle se rendit à Rome en 1450 pour le jubilé ou l'« année d'or » que le pape avait décidé afin de remercier Dieu d'avoir libéré le pays de toutes les guerres. À 69 ans, elle parcourt avec quelques sœurs les 180 kilomètres qui les séparaient du centre de la chrétienté.
Sur son lit de mort, Rita demande à sa cousine d’aller lui cueillir une rose. Bien qu’en plein hiver, la parente trouve la rose ; cet épisode est à l’origine des nombreuses représentations de la sainte répandant des roses, symbole des grâces qu’elle obtient pour ceux et celles qui font confiance en son intercession[2]. Elle meurt le , à l'âge de 76 ans. Dès le jour de sa mort, le peuple de Cascia proclame sainte cette « servante du Seigneur »[3], bien avant que l'Église catholique ne la reconnaisse comme telle. Le peuple de Cascia avait été témoin de miracles et de prodiges inexplicables.
Béatification
Elle fut béatifiée en 1628 par le pape Urbain VIII, et c'est au secrétaire particulier de ce dernier, le cardinal Fausto Poli, né à environ quinze kilomètres de Cascia, que l'on doit le développement de son culte, autorisé par le Saint-Siège à partir de 1672.
On la fête le 22 mai. Elle est invoquée dans les cas désespérés.
La première biographie de la sœur Rita est parue en 1610[4]. Elle est aussi mentionnée dans un volume sur quelques Augustiniens importants[5].
Son corps
À Cascia, les restes mortels de la sainte sont abrités derrière une grande grille en fer forgé, dans la chapelle de style néo-byzantin qui lui est consacrée. Ils sont conservés à l’intérieur d’une châsse de verre et d'argent, dans la basilique qui a été consacrée comme église le et érigée en basilique par le pape Pie XII le . La basilique est reliée à l'ancien monastère Sainte-Marie-Madeleine. Des études médicales[6] ont confirmé la présence sur la zone frontale gauche de traces d'une lésion osseuse (peut-être une ostéomyélite) ; le pied droit montre des signes d'une maladie dont elle a souffert pendant ses dernières années, peut-être associée à une sciatique (elle mesurait 157 cm) ; le visage, les mains et les pieds sont momifiés, tandis que le reste du corps, vêtu de l’habit des augustines, n’est plus qu’un squelette[7].
En France, c’est à partir de Givet, dans les Ardennes, que le culte à sainte Rita s’est répandu, semble-t-il, de façon durable. Il fut sans doute introduit par des immigrés italiens. Dans l’église Saint-Hilaire, il n’y eut à l’origine qu’une statue de sainte Rita placée au-dessus d’un autel latéral. Aujourd’hui, c’est une église où l’on vient de loin en pèlerinage et où il y a plus de deux cents ex-voto[9].
À Vendeville, près de Lille, on vénère sainte Rita depuis 1927 dans l’église Saint-Eubert. Une guérison survenue à la suite d'une neuvaine à sainte Rita est à l’origine de la vénération à la sainte. C’est aujourd'hui un lieu où de nombreux fidèles se rendent en pèlerinage[9].
Nice constitue un autre centre de dévotion à sainte Rita en France[10]. En 1934, le père Andrea Bianco, religieux de la Congrégation des Oblats de la Vierge Marie et recteur de l’église de l’Annonciation, invita une paroissienne qui avait perdu un bijou de famille auquel elle tenait beaucoup à prier sainte Rita. Elle retrouva son bijou et, en reconnaissance, offrit à l’église une statue que le recteur installa sur le premier autel latéral près de l’entrée. En 1955, le père Cagliari, prêtre de la même Congrégation, fonda la Revue Sainte Rita qui, par sa grande diffusion (jusqu’à quarante-mille exemplaires), contribua de façon significative à faire connaître et aimer sainte Rita dans toute la France[9].
À Montpellier, dans la Chapelle des Pénitents Bleus[11], rue des Étuves, se trouve un autel et de nombreux ex-voto à Sainte Rita; une messe est célébrée en présence de la confrérie des pénitents bleus le samedi à 9 h le plus proche du .
En 2016, l'église de Tergnier dans le département de l'Aisne a accueilli une statue de sainte Rita qui reçoit les prières des fidèles.
À Curgies dans le Nord, près de Jeanlain et Valenciennes, une chapelle adossée à l'église du village est dédiée à Sainte-Rita. Elle abrite une statue de la sainte ainsi qu'un autel et de nombreux ex-votos. De nombreux fidèles viennent s'y recueillir et allumer une bougie.
A Bonneville en Haute Savoie, au 2397 Route de Clermont, se trouve une statuette de Sainte Rita où il est possible d'allumer une bougie
En Belgique, à Bruxelles, une chapelle est dédiée à sainte Rita, dans l’église Sainte-Marie-Madeleine, rue de la Madeleine, près de la Gare Centrale[13]. En Flandre Occidentale, une chapelle dédiée à sainte Rita se trouve dans l'église du Sacré-Coeur à Kruiseke, un village de la commune de Wervik[14]. On trouve également une chapelle dédiée à Sainte Rita à Ninove, près du Beigembos. En Wallonie, un sanctuaire situé à Marchienne-au-Pont lui est dédié, dans lequel il est possible de la prier, de lui demander son aide, et de la remercier[15].
Au Brésil, à Santa Cruz, dans l'état de Rio Grande do Norte, une statue monumentale de sainte Rita a été inaugurée en 2010. Avec 56 mètres de haut, c'est la plus grande statue religieuse catholique au monde. Elle fait d'ores et déjà l'objet d'un grand pèlerinage[16].
À l'entrée de Cascia, se trouve une statue de Sainte Rita. Elle a été réalisée et offerte par le sculpteur libanais Nayef Alwan. Les travaux ont été achevés en un an et la roche a été choisie du village de Tartej – une des montagnes libanaises.
↑"Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. Comme Marie, elle nous conduit à lui par son attitude, ses actes et ses paroles" sur le site jesus.catholique.fr.
↑(it) Agostino Cavallucci, Vita della B. Rita da Cassia, dell'Ordine di S. Agostino, Raccolta, e descritta da F. Agostino Cavallucci da Fuligno Agostiniano Baccelliere in Sacra Teologia, Curato, e Custode dell' honorata Compagnia de' Centurati di S. Agostino della Città di Siena. Dedicata All' Illustriss. e Reverendiss. Sig. Cardinal Savli Protettore della sudetta Religione, Siena : Matteo Florimi, (lire en ligne).
↑Saint-Martin, Simplicien, Histoire De La Vie du Glorieux Père St. Augustin Religieux, Docteur de l’Église, Evesque d’Hippone, Et de plusieurs SS.BB. et autres hommes Illustres de son Ordre de Hermites. Recueillie par le R.P.S. Sainct Martin Religieux du mesme Ordre, Professeur du Roy en la faculté de Theologie en l’Université de Tolose, Toulouse, A. Colomiés, Imprimeur du Roy, (lire en ligne), p. 565-584.
↑(it) Santa Rita da Cascia : storia, devozione, sociologia. Atti del Congresso internazionale in occasione del 1. centenario della canonizzazione, 24-26 settembre 1998, Roma, Institutum historicum Augustinianum, 2000.
↑(en) « History & Heritage » [« Historique et héritage »], sur saintritashrine.org, site du sanctuaire Sainte-Rita-de-Cascia de Philadelphie (consulté le ).
↑Les religiosités populaires : Archaïsme ou modernité ? par Robert Peloux et Christian Pian, Éditions de l'Atelier, 2010, pp. 37 et sqq. Les auteurs sont frappés par le caractère superstitieux de cette vénération : les pèlerins n'osent plus s'adresser à Dieu, jugé trop lointain, mais vont à sainte Rita. Ils remarquent aussi l'extrême misère et la détresse profonde de ceux qui viennent prier.
Sainte Rita de Cascia. La Sainte des cas désespérés, Léon Cristiani, Apostolat, 1958.
(it) Cristina Siccardi, Maria Teresa. Alla conquista di Cascia, Milan, Gribaudo Editore, .
Yves Chiron, La véritable histoire de Sainte Rita : L'avocate des causes perdues, Perrin, coll. « Hors collection », , 252 p. (ISBN978-2-262-01662-3). : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Manuel des Prières à Sainte Rita. Les prières les plus fortes pour les causes désespérées, Émilie Bonvin, Éd. Cristal, 2007 (ISBN978-2-84895-046-4).
Rita, la rose de Cascia, Père Alexandre Volta o.m.v., Éd. Œuvres de Sainte Rita, 2007.
Emilie Bonvin, Sainte Rita : Prières et Neuvaine, Neuilly-sur-Seine, Exclusif, coll. « Prières et neuvaines », , 96 p. (ISBN978-2-84891-093-2).
Sainte Rita, La grâce d'aimer, André Bonet, Éd. du Rocher, 2011 (ISBN978-2-268-04088-2).
Prier 15 jours avec Sainte Rita, André Bonet, Éd. Nouvelle Cité, 2012 (ISBN978-2-853-136-662).
Marie Allain, Sainte Rita de Cascia : Dernier espoir des causes perdues, Plombières-les-Bains, Ex Aequo éditions, coll. « Hors temps », , 116 p. (ISBN978-2-35962-536-3).