Le nom de la dynastie, « Qarakhan », dérive du nom de combat d’Idat Shad, qui en 681 lutta contre les Chinois de la Dynastie Tang (618 — 907) sous le nom de Qarakhan, Prince (ou roi, khan) noir (qara).
En 934[1], les Qarakhanides dirigés par le Sultan Satuq Bughra Khan ou Satuq Bughra Qara-Khan 'Abd al-Karim (règne 920-956) se convertissent collectivement à l’Islam. Sous le règne de Harun Ier (982 – 993), les Qarakhanides prennent en 992Boukhara aux Samanides. Sous le règne de ses successeurs, les Qarakhanides achèvent la conquête de la Transoxiane et le renversement des Samanides jusqu’en 999.
L’expansion dans le Khorassanpersan est cependant empêchée par les Ghaznévides d’origine turque. Après leur défaite face aux Seldjoukides (1040), ces derniers représentent les adversaires les plus dangereux des Qarakhanides.
En 1041, le royaume unitaire est définitivement divisé en un royaume occidental et un royaume oriental.
À cette époque, les attaques des Seldjoukides peuvent être repoussées. Mais, en 1089, ceux-ci vainquent les Qarakhanides du royaume occidental sous le règne d’Ahmad Ier (1081 – 1095) et occupent Boukhara et Samarcande. Ahmad Ier ne peut assurer son pouvoir qu’avec le soutien des Seldjoukides et la reconnaissance de leur souveraineté. Par la suite, les khans du royaume occidental sont intronisés et déposés par les Seldjoukides. Malgré cette sujétion, les Qarakhanides de Transoxiane développent une intense activité architecturale. Ainsi, sous Muhammad II (1102 – 1130), on érige entre autres le minaret de Kalyan et la citadelle de Boukhara.
En 1141, les Qarakhanides doivent reconnaître la souveraineté des Kara-Khitans et, à partir de 1180, celle des Khwârazm-Shahs ou Khorezmiens. Ces derniers déposent en 1212 le dernier khan des Qarakhanides, Ulugh Sultan Uthman (1200 – 1212).
Le royaume oriental
Le royaume oriental de Kachgarie peut également affirmer sa position malgré la partition. Après une situation stable sous Abu Chudja Arslan (1032 – 1057) et Tughril Ier (1056 – 1075) comme dans le royaume occidental, Harun II (1075 – 1102) doit certes reconnaître la souveraineté der Seldjoukides, mais ceux-ci ne peuvent exercer autant d’influence que dans le royaume occidental. À cette époque, Balasagun, résidence du roi oriental, est un centre de culture turco-musulmane. On y édite entre autres un "miroir du prince" turc, le Qutadghu Bilig de Yusuf Khass Hadjib et une encyclopédie turque, le Diwân lughât at-Turk (« Recueil des langues turques ») de Mahmud al-Kashgari.
Mais le déclin du royaume oriental commence en 1128 quand les Kara-Khitans sont appelés dans le pays pour combattre des nomades révoltés. Bientôt, ils vainquent aussi les Qarakhanides et occupent de grandes portions du pays, si bien que le royaume oriental ne peut plus se maintenir qu’autour de Kachgar, où les Qarakhanides sont déposés en 1211 par les Khwârazm-Shahs.
Baypakov (Baipakov), Karl M. (2001) “La culture urbaine du Kazakhstan du sud et du Semiretchie à l’époque des Karakhanides”, Études Karakhanides, special issue of Cahiers d’Asie Centrale, 9: 141-75.