Ces douze procès ont été menés par des tribunaux militaires américains et non par le tribunal international de Nuremberg, mais ils se sont tenus au même endroit, sous l’appellation « Procès de criminels de guerre devant le tribunal militaire de Nuremberg ». Le procès de Krupp AG est le troisième concernant des industriels allemands, avec le procès Flick et le procès IG Farben.
Dans le procès Krupp, douze anciens dirigeants du groupe sont accusés d’avoir permis l’armement des forces armées allemandes, et ce faisant, d’avoir activement participé à la préparation des guerres d’agression menées par les nazis. Ils sont également poursuivis pour avoir eu recours à de la main d’œuvre forcée. Les principaux accusés sont Alfried Krupp von Bohlen und Halbach, directeur général du groupe depuis 1943 et son père, Gustav Krupp, qui figurait parmi les accusés initiaux du procès international de Nuremberg, sans être traduit en justice pour raisons médicales.
L’accusé Karl Heinrich Pfirsch est acquitté, tous les autres sont condamnés à des peines de prison variant de trois à douze ans d’emprisonnement. En outre, le principal accusé, Alfried Krupp, se voit contraint de vendre ses actions de la société.
Pendant le procès, Alfried Krupp nie toute culpabilité.
« L’économie a besoin d’un développement sûr ou en croissance. En raison des rivalités entre les partis politiques en Allemagne et du désordre généralisé, il n’y avait aucune possibilité de prospérité. […] Nous pensions qu’Adolf Hitler nous garantirait un développement sain, et il l’a fait. Nous, les Krupp, ne nous sommes jamais intéressés à la politique. Nous voulions seulement un système qui fonctionne bien et nous permette de travailler sans entraves. La politique ne fait pas partie de nos affaires »
— Alfried Krupp, Nuremberg, 1947.
Effectivement, le groupe Krupp a prospéré sous le régime nazi. Selon des estimations prudentes, il employait près de 100 000 personnes, dont 23 000 prisonniers de guerre.
Les accusations
Crimes contre la paix en participant à la préparation de guerres d’agression en violation de traités internationaux.
Crimes contre l’humanité pour participation au meurtre, à l’extermination, à l’esclavage, à la déportation, à l’emprisonnement, à la torture et à l’utilisation du travail forcé de civils des territoires occupés par les troupes allemandes, d’Allemands et de prisonniers de guerre.
Participation à un complot contre la paix.
Tous les accusés sont inculpés des quatre chefs d’inculpation, sauf Lehmann et Kupke qui ne sont pas poursuivis pour le second. Les premier et quatrième chefs d’inculpation sont rapidement abandonnés, faute de preuve.
Contre-espionnage, relations publiques et police des usines (Werkschutz)
12 ans
Werner Wilhelm Heinrich Lehmann
Responsable de la main d’œuvre, adjoint de Ihn
6 ans
Hans Albert Gustav Kupke
Responsable des camps de travail
2 ans et dix mois
Sur les onze condamnés, tous sont reconnus coupables d’utilisation de main d’œuvre forcée (chef d’accusation no 3) et six sont également condamnés sur la base du deuxième chef d’accusation.
Le , deux ans et demi après leur condamnation, ils sont tous en liberté. Alfried Krupp est libéré le , lors d'une amnistie accordée par la haut-commissaire américain John McCloy. La confiscation des biens de la société est annulée et on lui restitue sa fortune personnelle de dix millions de dollars (de l'époque)[1], et il reprend le contrôle du groupe en 1953.
Notes et références
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Krupp Trial » (voir la liste des auteurs).
(en) Grietje Baars: Capitalism´s Victor´s Justice? The Hidden Stories Behind the Prosecution of Industrialists Post-WWII. In: The Hidden Histories of War Crime Trials. Kevin Jon Heller and Gerry Simpson, Oxford University Press 2013, (ISBN978-0-19-967114-4).
(de) D. M. Friz, Alfried Krupp und Berthold Beitz — der Erbe und sein Statthalter, Zürich: Orell-Füssli 1988; (ISBN3-280-01852-8).
(en) Kevin Jon Heller: The Nuremberg Military Tribunals and the Origins of International Criminal Law. Oxford University Press, 2011, (ISBN978-0-19-955431-7).
(de) Kim Christian Priemel: Der Sonderweg vor Gericht. Angewandte Geschichte im Nürnberger Krupp-Prozess. In: Historische Zeitschrift 294, 2012, Nr. 2.