Les Plathelminthes (ou Platyhelminthes) sont un embranchement du règne des Animaux (Animalia). Ils sont appelés en français Vers plats ou Platodes[1].
Étymologie
Du grec ancienπλατύς, platús, « aplati » et ἕλμινς, hélmins, « ver intestinal » : ce sont les « vers plats ».
Le terme peut s'écrire aussi bien « Plathelminthes » (qui est le nom scientifique notamment en français et en allemand) que « Platyhelminthes » (nom préféré par les scientifiques anglophones pour des raisons phonétiques). Les deux sont acceptés comme noms scientifiques valides et considérés synonymes et simples variations graphiques. L'ICZN ne couvrant pas la nomenclature supérieure à la famille, les deux graphies sont valables et sont utilisées par différentes institutions ou bases de données (le World Register of Marine Species (9 novembre 2023)[2] et l'INPN (9 novembre 2023)[1] préfèrent la graphie anglaise). Les spécialistes Ulrich Ehlers et Beate Sopott-Ehlers considèrent néanmoins que la forme la plus propre est « Plathelminthes »[3].
Description
Les Plathelminthes sont des vers plats dont de nombreuses espèces sont des parasites[4]. Cet embranchement regroupe principalement des vers qui sont des animaux allongés sans appendice. Les vers les plus connus de la classe des Turbellaria (vers plats non exclusivement parasites) sont les planaires, vers libres, nageurs ou rampants, dont l’épaisseur du corps peut mesurer moins d’un millimètre.
Les plathelminthes ont une symétrie bilatérale et appartenaient à l'ancienne catégorie des acœlomates (ils ne possèdent pas de cavité générale : ni cœlome ni pseudocœlome[5]), il est apparu que l'absence de cœlome est due à une régression de ce dernier. La seule trace de leur ancien cœlome restant visible est leur mésenchyme. Ils n'ont pas d'anus séparé de la bouche, leur tube digestif possède une unique ouverture (qui sert à la fois de bouche et d'anus). Ils possèdent par ailleurs un appareil génital complexe.
Ils peuvent se reproduire de façon sexuée (les planaires sont hermaphrodites, la reproduction est croisée) ou par scissiparité. Leur corps étant extrêmement fragile, ils sont capables de régénérer une de ses parties amputées, y compris la tête, qui contient un réseau organisé de neurones[6]. Ce sont des êtres complexes, qui sont capables d’apprentissage et donc de mémoire, les contenus mémorisés restant intacts après décapitation et régénération de la tête[7].
Classification
La classification des Plathelminthes est variable selon les auteurs. Ce groupe se compose de plus de 20 000 espèces et comporte traditionnellement quatre classes qui correspondent à des adaptations à un milieu précis :
les cestodes comme le ver solitaire ou ténia, ou les nombreux cestodes qui peuvent infecter les animaux, dont les oiseaux qui peuvent les transporter d'un continent à l'autre.
Les vers plats sont encore mal connus, hormis quelques espèces posant des problèmes importants pour la santé humaine ou animale, ou utilisés comme modèles en laboratoires.
Quelques collections naturalistes de référence en conservent des échantillons collectés dans le monde, dont celle du MHNG (Muséum d'histoire naturelle de Genève) réputée pour contenir environ 25 % des types de cestodes du monde, avec plus de 30 000 préparations[9].
Leur classification évolue, notamment sur la base de caractères ultrastructuraux, dont ceux relatifs à leurs spermatozoïdes[10].
Certaines espèces introduites hors de leur milieu d'origine sont devenues invasives en Europe et/ou posent problème en s'attaquant à de nombreux invertébrés :
Platydemus manokwari, classé dans les « 100 espèces envahissantes les plus néfastes au monde », a été découvert pour la première fois en Europe, à Caen en 2014. C'est la septième espèce de platyhelminthe introduite en France. C'est un prédateur d'escargots et de vers de terre[13],[14] ;
Caenoplana coerulea (dos noir et ventre bleu), qui mange des cloportes, iules, perce-oreilles, et aussi des escargots. Il a été trouvé en France, à Minorque et au Royaume-Uni ;
Australoplana sanguinea var. alba, grand prédateur de vers de terre trouvé en Irlande et au Royaume-Uni. Sa couleur (rosée à orangée) varie selon sa nourriture.
↑(en) Tal Shomrat et Michael Levin, « An Automated Training Paradigm Reveals Long-term Memory in Planaria and Its Persistence Through Head Regeneration », Journal of Experimental Biology, vol. 216, , p. 3799-3810 (DOI10.1242/jeb.087809, lire en ligne).
↑Jean Mariaux, « À la recherche de la biodiversité cachée », Hotspot, Collections Biologiques Archives de la nature, vol. 13, , p. 15 (lire en ligne)
↑Justine, Jean-Lou (1997): La classification générale des Plathelminthes parasites: changements récents et utilisation des caractères ultrastructuraux, en particulier des spermatozoïdes. Bulletin de la Société zoologique de France, 122, 269-277 DOI10.6084/m9.figshare.900358