Pierre Nourry (ingénieur)

Pierre Nourry
Pierre Nourry en 1938.
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Naissance
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BernayVoir et modifier les données sur Wikidata
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Pierre Nourry, né le à Paris et mort le à Bernay, est un auteur, critique musical, producteur et ingénieur français.

Il est secrétaire général du Hot Club de France en 1933, directeur de la Société nouvelle du Tramway du Mont-Blanc en 1955.

Biographie

Famille et formation

Acte de naissance de Pierre Nourry.

Pierre Nourry naĂźt le dans le 9e arrondissement de Paris du mariage d'Henri EugĂšne Marie Nourry, employĂ© de commerce Ă  la naissance de son fils, et d'AngĂšle Hebert, sans profession[1].

Le à Paris, il épouse ThérÚse Marguerite Marie Charlotte Sander[1] (1913-1995)[2]. De cette union naissent neuf enfants.

Pierre Nourry poursuit des Ă©tudes supĂ©rieures en classe prĂ©paratoire aux grandes Ă©coles au lycĂ©e Chaptal. Il est ingĂ©nieur diplĂŽmĂ© (promotion 1936) de l'École centrale de Paris[3].

Le Quintette du Hot Club de France

L'enthousiasme pour le jazz prenant de l'ampleur, en 1932 deux Ă©tudiants parisiens, Jack Auxenfans et Elwyn Dirats, fondent l'association Hot Club de France qui vise Ă  promouvoir cette musique. Puis les critiques de jazz Pierre Nourry, Jacques Bureau et Hugues PanassiĂ© les rejoignent et en deviennent les animateurs. Le Hot Club de France renouvelle son Ă©quipe en 1933 lorsque ses deux fondateurs se retirent du conseil d’administration ; Hugues PanassiĂ© en devient prĂ©sident et Pierre Nourry prend le rĂŽle de secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral Ă  tout juste 20 ans[4]. L’appartement de Pierre Nourry situĂ© 15, rue du Conservatoire dans le 9e arrondissement de Paris devient le siĂšge officiel du Club.

En 1934, Pierre Nourry dĂ©couvre le guitariste Django Reinhardt Ă  l’hĂŽtel Claridge. AprĂšs l'avoir entendu jouer, il va trouver le prodige dans sa roulotte Ă  Saint-Ouen pour remplacer au pied levĂ© des trompettistes qui ne se sont pas rendus Ă  un concert prĂ©vu un dimanche matin. A l’heure du concert, Pierre Nourry cherche d'autres vedettes et revint avec les deux frĂšres Reinhardt et quelques autres artistes qui n’avaient pas Ă©tĂ© prĂ©vus pour cette manifestation. Pierre Nourry emmĂšne Django Ă  son premier enregistrement (qu’il finance), et il continuera ensuite Ă  dĂ©marcher les maisons de disques pour lui. AprĂšs une sĂ©rie de jam sessions informelles Ă  l'hĂŽtel Claridge, les dirigeants du Hot Club de France prĂ©conisent la formation d'un groupe permanent composĂ© seulement de musiciens français. L’idĂ©e d’une formation dont Django eĂ»t Ă©tĂ© l’ñme Ă©tait dĂ©jĂ  dans l’air. Pierre Nourry avait rencontrĂ© Ă  ce sujet, Émile Savitry et AndrĂ© Ekyan et s’en Ă©tait entretenu avec Django qui rĂȘvait de jouer avec un ensemble Ă  cordes[5].

Pierre Nourry songe aussitĂŽt Ă  enregistrer les interprĂ©tations des compositions de Django jouĂ©es par ce nouvel orchestre composĂ© de Joseph Reinhardt (guitariste) le frĂšre de Django Reinhardt, StĂ©phane Grappelli (violon) et Louis Vola (contrebasse), qui sont rejoints par Roger Chaput, troisiĂšme guitare. Une audition est accordĂ©e par « OdĂ©on Â», qui accepte d’enregistrer quelques faces d’essai du tout nouvel orchestre de l’association composĂ© uniquement d’instruments Ă  cordes (trois guitares, un violon et une contrebasse). À leur arrivĂ©e au studio, les musiciens se mettent Ă  jouer au grand affolement des ingĂ©nieurs du son qui demandent discrĂštement : « Mais qu’est-ce que cette musique que vous jouez ? Â» Django, ayant entendu cette rĂ©flexion, dĂ©cide de quitter le studio sur le champ. Pierre Nourry le retient. Les premiers enregistrements ne conviennent pas aux dirigeants d'OdĂ©on qui estiment cette musique vraiment trop moderne. Pierre Nourry organise toutefois un premier concert du Quintette le Ă  la salle de l’École normale de musique[6],[7].

En , Pierre Nourry signe un contrat avec la firme Ultra Phone, et quatre titres sont enregistrĂ©s et Ă©ditĂ©s pour faire entendre les premiĂšres notes d’un jazz d'un nouveau style, le jazz manouche. Les premiers disques du Quintette suscitent l’étonnement et l’admiration des professionnels du milieu jazzistique Ă  travers le monde[8].

Le pĂšre de Pierre Nourry dĂ©cide de reprendre son appartement et Django Reinhardt retourne habiter dans sa roulotte. Cela n’altĂšre pas l’amitiĂ© qui le lie Ă  Pierre Nourry[9]. La jeune gĂ©nĂ©ration des Charles Delaunay, Hugues PanassiĂ© ou Pierre Nourry se construit moins en filiation avec les premiĂšres manifestations de jazz noir, dĂ©couvertes par ses aĂźnĂ©s vers 1919, qu'en rĂ©action Ă  un jazz blanc prĂ©pondĂ©rant[10].

AppelĂ© Ă  rejoindre la Marine nationale française pour son service militaire, Pierre Nourry tourne la page du Hot Club, devenu une entreprise lucrative. En 1940, Pierre Nourry, officier de Marine, part pour l’AlgĂ©rie.

À l'issue de la Seconde Guerre mondiale, Pierre Nourry devient directeur des usines de teinturerie C.Sander crĂ©Ă©es en 1879 rue de la Canteraine Ă  Haubourdin. L'usine Ă©tait spĂ©cialisĂ© dans l'ennoblissement du lin (le blanchiment et l'apprĂȘt de fil, toile, linge de table et de toilette)[11]L'usine a Ă©tĂ© reprise en 1962 par le groupe Blanchisserie et teinturerie de Thaon, puis a fermĂ© dĂ©finitivement en 1988.

Le Tramway du Mont Blanc

La rame « Marie Â» au Fayet.
La rame « Anne Â» (livrĂ©e d'origine) au Nid d'Aigle en 1996, alors terminus provisoire.
La rame « Jeanne Â» dans le secteur des Rognes.

En 1950, il se donne un nouvel objectif en Haute-Savoie oĂč il rachĂšte le grand hĂŽtel du Col de Voza construit Ă  l'occasion des Jeux olympiques d'hiver de 1924. Cet hĂŽtel, situĂ© Ă  1 653 mĂštres d’altitude appartenait Ă  la « SociĂ©tĂ© auxiliaire du Mont-Blanc Â» (SAMB) et n'Ă©tait accessible que par le Tramway du Mont-Blanc (TMB).

Le , Pierre Nourry contribue Ă  augmenter le capital social de la Compagnie du TMB et son apport lui permet d'acquĂ©rir 90% d'actions de l’entreprise qui devient la « SociĂ©tĂ© nouvelle du Tramway du Mont-Blanc Â» dont il devient le directeur. Il engage un ambitieux projet de modernisation cofinancĂ© public/privĂ©. Les anciennes locomotives Ă  vapeur doivent ĂȘtre remplacĂ©es par quatre rames composĂ©es d'une motrice et d'une remorque, chaque nouvelle automotrice portant le prĂ©nom de l'une de ses quatre filles[12] : Marie, Anne, Jeanne et Marguerite. Elles devaient ĂȘtre placĂ©es sur la voie dans le mĂȘme ordre de naissance. Par manque de moyens, il regretta de ne pouvoir acquĂ©rir la quatriĂšme automotrice pour lui donner le prĂ©nom de la plus jeune de ses filles, Marguerite. La 4e automotrice Stadler sera finalement livrĂ©e au dĂ©pĂŽt du Fayet[13] le et mise en service le , quelques mois aprĂšs le dĂ©cĂšs de Marguerite Nourry.

La modernisation des Ă©quipements dure deux ans. Le nouveau service en traction Ă©lectrique dĂ©bute le , et la nouvelle exploitation est inaugurĂ©e le , en prĂ©sence du ministre des Travaux publics et des Transports, Édouard Bonnefous, des Ă©lus du dĂ©partement de la Haute-Savoie, et des relations de Pierre Nourry, parmi lesquelles certains amis du Hot Club.

Martinique

En 1966, Pierre Nourry, capitaine de corvette dans la réserve, est chargé de tenter de sauver une importante distillerie en péril à Sainte-Marie, commune située dans le département de la Martinique. Il devient fondé de pouvoir des Rhum Saint-James.

Des souvenirs de son sĂ©jour sur l'Ăźle, il rĂ©dige en 1967, l'ouvrage À la Martinique, Ant'Isle de l'AmĂ©rique, prĂ©facĂ© par Henry LĂ©mery ancien sĂ©nateur de La Martinique, et qu'il publie chez Plon. Cet ouvrage reçoit en 1968 le prix Broquette-Gonin de littĂ©rature de l'AcadĂ©mie française « destinĂ© Ă  rĂ©compenser l'auteur d'un ouvrage philosophique, politique ou littĂ©raire jugĂ© susceptible d'inspirer l'amour du vrai, du beau et du bien Â»[14].

Mort

Pierre Nourry meurt le Ă  Bernay dans le dĂ©partement de l'Eure Ă  l’ñge de 79 ans[1],[15]. Il est enterrĂ© Ă  Saint-Aubin-sur-Mer en Seine-Maritime.

DĂ©corations

Pierre Nourry est nommé au grade de chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur et titulaire de plusieurs décorations civiles et militaires[3].

Hommage

Du 24 aoĂ»t au 3 septembre 2023, le Domaine des Roches Ă  Dieppe accueille l'exposition " Hommage Ă  ThĂ©rĂšse Nourry Sander et Pierre Noury " organisĂ©e par Marie Asselin de Williencourt. Cette exposition est articulĂ©e autour des trois thĂšmes : le Hot Club de France, le Tramway du Mont Blanc et La Martinique[16].

Publications

Pour approfondir

Bibliographie

  • Anne Legrand, Charles Delaunay et le Jazz en France dans les annĂ©es 30-40, Paris, Éditions du Layeur, 2006 et 2010, 239 p. (ISBN 978-2-915118-57-5)
  • Alain Antonietto, Anne Legrand, Michael Dregni, Denver [Colo.], Django Reinhardt and the illustrated history of gypsy jazz, 2006, Speck Press.

Liens externes

Notes et références

  1. ↑ a b et c Acte de naissance de Pierre Nourry, , archives de l'Ă©tat civil de Paris, [lire en ligne], p. 17/21.
  2. ↑ Fiche « Therese Marguerite Marie Charlotte Sander Â» dans le fichier Insee des dĂ©cĂšs en France depuis 1970.
  3. ↑ a et b Annuaire des anciens Ă©lĂšves de l'École centrale Paris, Ă©dition 1990, p. 34.
  4. ↑ « The French Touch Â», sur swing-time.fr (consultĂ© le ).
  5. ↑ Claude Evin _ La naissance du quintette à cordes
  6. ↑ « Hot Club Quintet of France Â», sur djangolizer.ch (consultĂ© le ).
  7. ↑ THE COMPLETE DJANGO REINHARDT (1934-1935).
  8. ↑ Anne Legrand, « Le Hot Club de France des annĂ©es 1930, un modĂšle de diffusion et de promotion du jazz : Transferts culturels et autres enjeux stylistiques Â», Les Cahiers de la SociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise de recherche en musique Volume 16, numĂ©ro 1-2,‎ printemps–automne 2015, p. 77–84 (lire en ligne)
  9. ↑ Suzanne Ably, « Mon grand-pĂšre et Django Â», sur lespipelettesdebelleville.com, .
  10. ↑ Pascal Ory, « 3. Notes sur l'acclimatation du jazz en France Â», Vibrations. Musiques, mĂ©dias, sociĂ©tĂ©, vol. 1, no 1,‎ , p. 93–102 (DOI 10.3406/vibra.1985.857, lire en ligne, consultĂ© le )
  11. ↑ « MusĂ©e de l'Hospice Comtesse - Lille Â», sur MusĂ©e de l'Hospice Comtesse - Lille
  12. ↑ G. LAFARGUE, « Le Tramway du Mont-Blanc "Adieu Ă  Anne, Jeanne et Marie ... sous la neige", Â», sur facs-patrimoine-ferroviaire.fr, .
  13. ↑ Philippe Valla, « FACS_Patrimoine Ferroviaire Â», sur facs-patrimoine-ferroviaire.fr, .
  14. ↑ [https://www.academie-francaise.fr/prix-broquette-gonin-litterature Site de l'AcadĂ©mie française.
  15. ↑ Fiche « Pierre Nourry Â» dans le fichier Insee des dĂ©cĂšs en France depuis 1970.
  16. ↑ PrĂ©sentation de l'exposition sur le site web d'information du Groupe SIPA - Ouest-France.
  17. ↑ Photo de la couverture de l'ouvrage À la Martinique, Ant'Isle de l'AmĂ©rique.

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