La Persécution de Dioclétien ou Grande persécution est la dernière répression du christianisme durant la Tétrarchie, sous le règne de Dioclétien, au début du IVe siècle. Lancée en 303, elle entraîne destructions d’églises, arrestations et exécutions, avec une application variable selon les provinces. Elle s’atténue après l’abdication de Dioclétien en 305 et prend fin avec l'édit de tolérance de Galère en 311, prélude à la légalisation du christianisme en 313.
Les principales sources pour la Grande Persécution sont les livres VIII à X de l'Histoire ecclésiastique de l'écrivain et évêque chrétien Eusèbe de Césarée ainsi que son pamphlet intitulé Sur les martyrs de Palestine, et De Mortibus Persecutorum de l'apologiste chrétien Lactance, les deux auteurs étant contemporains des évènements[1].
Sous la pression des invasions barbares, l'Empire romain connaît une grave crise tout au long du troisième siècle. Des révoltes et des guerres civiles fragilisent aussi le pouvoir c'est-à-dire la position de l'empereur. Ces troubles favorisent la remise au goût du jour des traditions romaines qui prévalaient dans un contexte de patriotisme romain. Le principe divin du pouvoir est alors considéré comme vital pour l'Empire et toute remise en question de ce principe doit selon les autorités être perçue comme un acte de trahison. Dioclétien commence à se considérer comme un dieu vivant et exige en conséquences différentes actions de vénération à son égard, ses visiteurs étant notamment contraints d'embrasser le bord de sa toge[2].
En 297, les prémices de la persécution se font sentir quand Dioclétien exige, d'abord des fonctionnaires et des soldats, qu'ils fassent des sacrifices aux dieux[2]. Les Chrétiens et les Juifs refusant de sacrifier , ils sont vus comme menaçant les fondements de l'État[2]. En 299, les soldats baptisés commencent à être exclus de l'armée[3].
Puis le premier acte de la persécution générale a lieu le 23 février 303 avec la destruction de l'église de Nicomédie[4],[5].
Ce fut ainsi par exemple, qu'un homme, non un quidam obscur, mais l'un des personnages les plus illustres [...] enleva et déchira l'affiche placée dans la ville, cet homme manifesta une semblable audace et, jusqu'au dernier soupir, il conserva sa tranquillité et son calme[6].
D'après les sources, l'initiative de débuter la persécution est à mettre au crédit de Galère, le membre de la Tétrarchie le plus résolument antichrétien, et qui avait une forte influence sur Dioclétien[7]. De février 303 à février 304, quatre édits en donnent le cadre juridique.
Il est à noter que les régions dépendant de Constance Chlore n'ont appliqué que le premier des quatre édits[4].
Les conséquences devaient se montrer particulièrement lourdes pour les chrétiens d’Afrique et on peut y lire les origines du schisme donatiste.
C'est pendant cette persécution que Victor de Marseille (saint Victor), militaire romain, officier dans la légion thébaine, subit le martyre à Marseille, le 21 juillet 303 (ou 304 selon les sources) pour avoir refusé d'abjurer sa foi chrétienne, ou que Georges de Lydda, devenu saint Georges, fut décapité.
La fin de la première tétrarchie (305) ouvre une période d'indécision gouvernementale. De nombreux responsables se succèdent, surtout dans la partie occidentale, ce qui entraîne un relâchement de l'autorité de l'État et une diminution des persécutions. Au contraire, dans la partie orientale, relativement peu touchée par ces luttes de pouvoir, les massacres s'intensifient.
Or, plus on massacre les chrétiens, plus nombreux sont les païens qui les soutiennent. Aussi Galère signe-t-il un édit de tolérance le 30 avril 311. Non seulement l’édit de tolérance admet que les divers édits de persécution n’ont eu aucun effet sur la foi des chrétiens qui ont continué à croire en leur Dieu au lieu des dieux de leurs ancêtres, mais encore il leur enjoint de prier pour les Romains et l'Empire. Le christianisme est dès lors autorisé dans l’Empire romain.
Bien que la persécution ait été sanglante, seules quelques centaines de victimes sont connues par leur nom[4]. Parmi ceux-ci :
Eusèbe de Césarée, dans son Histoire ecclésiastique, et Lactance nous en rapportent les faits, ainsi que de nombreuses vies de saints, telle sainte Eulalie de Mérida ou Théodosie de Tyr.