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Le Penthièvre, Pentevr en breton, est formé des mots bretons penn « tête », et tevr, « rivage élevé, haute côte »[2].
Histoire
Le Penthièvre, apanage de la branche cadette
Le Penthièvre commence à représenter un enjeu politique, en particulier dans le jeu d'influence entre la Normandie, puis l'Angleterre, et la France, quand le duc de BretagneAlain III, petit-fils de Conan Ier, élève son territoire en un comté au profit de son frère puiné, Eudon (Eudes en français). L'opération se fait en 1035 à la mort de son oncle, le duc de NormandieRichard Ier, et un an après la mort, en 1034, de Havoise, la mère du duc, qui avait exercé sa tutelle au nom de son frère. Le duc, libéré de sa mère et de son oncle auquel il avait dû prêter allégeance en 1033, affirmait par cet acte qu'il ne saurait être, malgré son lignage, le vassal de son voisin normand. En nommant lui-même un vassal ayant le titre de comte, il montrait clairement que sa position de duc, égale à celle du duc de Normandie, ne saurait être contestée.
En outre, cette érection d'un apanage, était un moyen d'asseoir la maison de Rennes, à laquelle appartenaient Alain III et son frère, sur des territoires qui relevaient
précédemment des autres maisons rivales de Bretagne, en particulier celle de Léon, celle de Cornouaille, et celle de Dinan. Ce travail de captation de l'autorité était facilité par la création en 1032 de nouveaux diocèses ecclésiastiques, l'évêché du Trégor, détaché de celui de Léon, et l'évêché de Saint-Brieuc, détaché de celui d'Alet. La maison de Penthièvre, cadette des comtes de Rennes, se présentait ainsi comme la tutrice de ces deux nouveaux évêchés, respectivement à partir des places de Guingamp et de Lamballe.
Le Penthièvre, fief rebelle
Au Moyen Âge, le Penthièvre est un comté assez important dont les comtes (Conan le Petit et Constance) sont ducs de Bretagne de 1156 à 1201. En 1173, le mari de Constance, Geoffroy II, troisième fils du duc de Normandie et roi d'Angleterre Henri II, confisque, en tant que duc de Bretagne « par représentation », le comté, consolidant ainsi l'empire Plantagenêt. En 1185, au cours de ses Assises, par lesquelles son père fait mettre en place une organisation moderne de la Bretagne, il cite le Penthièvre au titre d'une de ses neuf baronnies, c'est-à-dire qu'il oblige le comte de Penthièvre, de même que ses autres principaux vassaux, à résider en tant que conseiller auprès du duc et à laisser agir sur place les sénéchaux nommés par le duc, mais dès l'année suivante Geoffroi se révolte contre le roi d'Angleterre.
Durant le gouvernement du baillistre Pierre Mauclerc, qui agit pour le compte de son suzerain, le roi de France, les vassaux de Penthièvre seront à l'origine d'une déclaration d'indépendance de la Bretagne qui échouera. Quelques années plus tôt, ils ont été révoltés quand, par une application stricte du droit de garde, Pierre Mauclerc a prétexté de la minorité de l'héritier du Penthièvre, Henri, pour retirer la tutelle de celui-ci au comte Conan de Léon puis confisquer provisoirement le comté, ne laissant à Henri que le Goëlo avec la seigneurie d'Avaugour. En 1235, à l'approche de la majorité du duc Jean et donc de l'effacement de son père Pierre Mauclerc, ces vassaux assemblés s'allient à ceux du Léon sous la bannière du Guyomarch, le fils du comte de Léon. Ils adressent au roi de France Louis IX la déclaration Communes petitiones Britonum. Entre autres représailles, Pierre Mauclerc prive définitivement Henri d’Avaugour de l'héritage du comté, et donne celui-ci à sa fille Yolande, à laquelle le comté appartient jusqu’en 1272, quand Jean Ier le fait rattacher au duché de Bretagne.
Les prétentions des Penthièvre à la couronne ducale
La comtesse Nicole de Châtillon vend en 1480 au roi de FranceLouis XI ses droits à la succession de Bretagne qu'une certaine interprétation du premier traité de Guérande lui conserve en cas d'absence d'héritier mâle dans la lignée des Montfort. En échange, le roi s'engage à remettre la comtesse et le comte en possession du Penthièvre. Or François II n'a que deux filles, dont la future Anne de Bretagne. À la suite de la conjuration de Montargis, la fronde éclate en coup d'État le qui porte au pouvoir le maréchal de Rieux, futur gendre de Jean II de Brosse, mais entraîne la guerre folle qui se solde par le traité du Verger, prélude à l'annexion de la Bretagne.
Le , le traité de Crémieu entre le roi de France François Ier et Jean IV de Brosse entérine l'accord de 1480, préparant la fusion du duché de Bretagne et du royaume de France. Le traité ne fut ratifié, par le roi Henri II, qu'après la majorité de Jean et l'épuisement de ses recours en 1555. Jean n'ayant pas de postérité, sa sœur Charlotte porta le Penthièvre par son mariage avec François, vicomte de Martigues, dans la maison de Luxembourg.
Le Penthièvre français, puissance d'argent
Sébastien de Luxembourg, leur fils, fut, dans sa lutte contre les huguenots d'Andelot, le chef ardent du parti catholique en Bretagne. Pour le remercier de sa conduite des opérations militaires, le roi érigea en 1569 le Penthièvre en duché-pairie de France. Le beau-fils du vicomte de Martigues, le duc de Mercœur, par qui le Penthièvre entra dans la maison de Lorraine, fut à son tour le champion du catholicisme face au roi Henri IV, contre lequel il fomenta, les Penthièvre restant prétendants légitimes, la sécession de la Bretagne.