Paul Crampel (1864-1891) est né à Nancy le dans une famille traditionaliste. À partir de 1872, il passe sa jeunesse en Dordogne, son père étant nommé vérificateur des tabacs à Belvès[1]. Après des études lycéennes à Périgueux puis littéraires à Bordeaux[1],[2], il est engagé comme secrétaire particulier de Pierre Savorgnan de Brazza, puis explorateur du nord du Gabon en . Brazza le charge d’explorer le nord du bassin de l’Ogooué, dans l'actuel Congo. Crampel relèvera plus de 2000 km d’itinéraires et signera de nombreux traités avec les chefs locaux. Il y épouse Paule Aline Lamey (1864-1964), sa cousine germaine, aquarelliste. Mme Paule Crampel[3] a illustré les récits des missions concernant son mari, sans y participer. Son mari, Paul Crampel avait acheté une « épouse » africaine, Niarinzhe, qui le suivait dans ses déplacements. Ce qui n’empêchait pas l’explorateur, comme le rapporte Albert Nebout[4], de nouer des relations avec d’autres femmes de passage.
En 1890, le Comité de l’Afrique française lui confie la mission d’atteindre le Lac Tchad, reliant le Congo au Sahara. Parti de Bordeaux le 10 mars 1890, il débarque à Brazzaville d'où part sa caravane le 16 août[5]. Le la mission parvient dans l'Oubangui-Chari à Bangui, alors point extrême de l'occupation française. Elle séjourne dans le poste français établi l’année précédente, au coude de l'Oubangui du au . Les officiers et Crampel sont logés dans une case en paille, les troupes et le personnel dans deux hangars. Le chef de poste Ponel envoie des tirailleurs recruter des pirogues plus en amont sur l'Oubangui, chez le chef banziri Bembé. Edmond Ponel a laissé des cartes précises de la situation de Bangui et donné le nom de Crampel à l'un des îlots entre la rive belge et la rive française, soit entre le poste de Zongo et celui de Bangui, encore du vivant de l’explorateur, qui meurt l’année suivante. L'îlot Crampel était recouvert par les eaux au moment de la saison des hautes eaux ; son nom a disparu par la suite.
Le , à l'âge de 26 ans, Crampel est assassiné au Dar el-Kouti par Mohamed es-Senoussi[6].
La mission d'Auguste Chevalier, allant du Chari au lac Tchad en 1902-1904 sous la protection d'une escorte négociée avec le même Senoussi, retrouve les restes du massacre sur son chemin[7].
En 1898, le docteur Joseph Briand retrouve des traces du passage de Crampel à Bembé, où il sympathise avec le fils du chef, Boroungba, qui a servi de guide à l’explorateur et appris le français avec Dybowski. Bembé, son père, a fourni les porteurs nécessaires à la mission. Crampel a laissé beaucoup d'objets, dont un révolver donné à Boroungba.
Plusieurs lieux – notamment un quartier de Toulouse, Crampel – et établissements scolaires portent son nom. En 1902, la rue Paul-Crampel dans le 12e arrondissement de Paris est ouverte en hommage. Une rue porte également son nom à Nancy (face à la gare).
Marie-Christine Briand-Lachèse, Oubangui 1898-1900 : Apogée et abandon d'une colonie à travers le témoignage de Joseph Briand, médecin colonial, Aix-en-Provence, 492 p., 2009.
↑[Plantefol 1959] Lucien Plantefol, « Notice sur la vie et les travaux de Auguste Chevalier (1873-1956) membre de la section Botanique » (séance du 28 septembre 1959, Notices et discours), Bulletin de l'Académie des sciences, t. 4, no 32, , p. 249-268 (voir p. 254) (lire en ligne [PDF] sur academie-sciences.fr, consulté en ).
Marie-Christine Lachèse, en coll. avec Bernard Lachèse, De l'Oubangui à la Centrafrique, la construction d'un espace national, L’Harmattan, 352 p. (ISBN978-2-343-05854-2), .
Marie-Christine Lachèse, Bernard Lachèse, La vie quotidienne au centre de l'Afrique à la fin du XIXe siècle, L'Harmattan, 250 p., (ISBN978-2-343-13399-7), 2017.