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Le fragment de dimension réduite (9 cm sur 6 cm) contient sur son recto et son verso des extraits de l’Évangile selon Jean écrits en grec ancien.
Les passages en gras sont ceux visibles sur le papyrus.
Recto (Évangile selon Jean, 18, 31-33)
« ΕΙΠΟΝ ΑΥΤΩ ΟΙ ΙΟΥΔΑΙΟΙ ΗΜΙΝ ΟΥΚ ΕΞΕΣΤΙΝ ΑΠΟΚΤΕΙΝΑΙ OYΔΕΝΑ ΙΝΑ Ο ΛΟΓΟΣ ΤΟΥ ΙΗΣΟΥ ΠΛΗΡΩΘΗ ΟΝ ΕΙΠΕΝ ΣΗΜΑΙΝΩΝ ΠΟΙΩ ΘΑΝΑΤΩ ΗΜΕΛΛΕΝ ΑΠΟΘΝΗΣΚΕΙΝ ΕΙΣΗΛΘΕΝ ΟΥΝ ΠΑΛΙΝ ΕΙΣ ΤΟ ΠΡΑΙΤΩΡΙΟΝ Ο ΠΙΛΑΤΟΣ ΚΑΙ ΕΦΩΝΗΣΕΝ ΤΟΝ ΙΗΣΟΥΝ ΚΑΙ ΕΙΠΕΝ ΑΥΤΩ ΣΥ ΕΙ ΒΑΣΙΛΕΥΣ ΤΩΝ ΙΟΥΔΑΙΩN »
Verso (Évangile selon Jean, 18, 37-38)
« ΒΑΣΙΛΕΥΣ ΕΙΜΙ ΕΓΩ ΕΙΣ ΤΟΥΤΟ ΓΕΓΕΝΝΗΜΑΙ ΚΑΙ (ΕΙΣ ΤΟΥΤΟ) ΕΛΗΛΥΘΑ ΕΙΣ ΤΟΝ ΚΟΣΜΟΝ ΙΝΑ ΜΑΡΤΥΡΗΣΩ ΤΗ ΑΛΗΘΕΙΑ ΠΑΣ Ο ΩΝ ΕΚ ΤΗΣ ΑΛΗΘΕIΑΣ ΑΚΟΥΕΙ ΜΟΥ ΤΗΣ ΦΩΝΗΣ ΛΕΓΕΙ ΑΥΤΩ Ο ΠΙΛΑΤΟΣ ΤΙ ΕΣΤΙΝ ΑΛΗΘΕΙΑ ΚΑΙ ΤΟΥΤΟ ΕΙΠΩΝ ΠΑΛΙΝ ΕΞΗΛΘΕΝ ΠΡΟΣ ΤΟΥΣ ΙΟΥΔΑΙΟΥΣ ΚΑΙ ΛΕΓΕΙ ΑΥΤΟΙΣ ΕΓΩ ΟΥΔΕΜΙΑΝ ΕΥΡΙΣΚΩ ΕΝ ΑΥΤΩ ΑΙΤΙΑΝ »
En 1934, alors qu’il réalise le tri de vieux papyrus grecs pour le compte de la bibliothèque John Rylands, le professeur Colin Henderson Roberts(en) de l’université d'Oxford (Angleterre) trouve ce morceau de papyrus qu’il reconnaît très vite comme étant un extrait de l’Évangile selon Jean.
Il publie ses premières conclusions en 1936 sous le titre « An Unpublished Fragment of the Fourth Gospel in the John Rylands Library » (Un fragment inédit du quatrième Évangile à la Bibliothèque John Rylands).
La datation du fragment P52 peut être faite par son étude paléographique, en comparant l'écriture et la forme des lettres à celles de manuscrits dont on connaît la date (en général des lettres ou des documents administratifs ou officiels, les textes littéraires ne portant en général pas de date).
Roberts fait la comparaison avec quatre manuscrits datés et d'écriture similaire : Abb 34 (un document d'avant la mort de Trajan en 117), P. Fayum 110 (94), P. London 2078 (une lettre écrite pendant le règne de Domitien, 81-96), et P. Oslo 22 (une pétition de 127). P. Fayum 110 est le seul qui présente aussi l'utilisation simultanée de deux formes de l'alpha, alors que P. Oslo 22 est celui qui présente le plus de ressemblance sur les formes de lettres les plus distinctives, eta, mu et iota. Roberts fait également la comparaison avec deux textes littéraires P. Berol. 6845 (un fragment de l'Iliade dont la date est estimée des environs de 100) qu'il trouve être le plus similaire, en dehors de la forme du alpha, et le papyrus Egerton 2 (qui était alors daté des environs de 150) auquel il trouve la plupart des caractéristiques de P52, bien que de façon moins marquée. Avec l'ensemble de ces éléments, Roberts propose comme datation approximative la première moitié du IIe siècle, opinion appuyée par les papyrologues Frederic George Kenyon (qui note des ressemblances avec un autre manuscrit, P. Flor I, daté de 153), W. Shubart and H. I. Bell. La même année, A. Deissmann place de façon indépendante, l'écriture du fragment sous le règne de Trajan (98-117) ou d'Hadrien (117-138). En 1936, Ulrich Wilcken confirme cette datation par comparaison avec la collection de papyrus d'Apollonios (datés 113-120)[2].
La datation au début du IIe siècle, et la précision avec laquelle elle peut être établie, ont été récemment contestées. En 1989, A. Schmidt, par l’étude de l’écriture a proposé l’an 170 avec une incertitude de 25 ans[3]. En 2005, B. Nongbri de l'Université Yale[4] a critiqué la précision avec laquelle a été datée P52. La paléographie, surtout dans le cas des petits fragments, n'étant pas une science exacte, et les caractéristiques de l'écriture de P52 se rencontrant aussi bien sur des papyrus du début du IIe siècle, que dans des manuscrits ultérieurs, de la fin du IIe siècle, et même du début du IIIe siècle de notre ère. Selon lui, « P52 ne peut pas être utilisé comme élément de preuve pour trancher d'autres débats sur l'existence (ou la non-existence) de l'Évangile de Jean dans la première moitié du IIe siècle »[5],[6].
La datation dans la première moitié du IIe siècle reste cependant celle généralement acceptée[7]. Le P52 est donc considéré comme le plus ancien extrait du Nouveau Testament en notre possession : il prouverait l’existence et la diffusion de l’Évangile selon Jean (dont la composition est généralement datée d'environ 95[réf. nécessaire]) dès la première moitié du IIe siècle.
Le texte de P52 est trop court pour permettre une comparaison avec des versions complètes du même évangile, qui sont plus tardives.
Notes et références
↑Colin H. Roberts, « An unpublished fragment of the Fourth gospel in the John Rylands library » Bulletin of the John Rylands Library, 1936, 20:45-55
↑A. Schmidt, "Zwei Anmerkungen zu P. Ryl. III 457," Archiv für Papyrusforschung 35 (1989:11–12)
↑ Brent Nongbri, Brent (2005) The Use and Abuse of P52: Papyrological Pitfalls in the Dating of the Fourth Gospel." Harvard Theological Review 98:23-52
↑« What emerges from this survey is nothing surprising to papyrologists: paleography is not the most effective method for dating texts, particularly those written in a literary hand. Roberts himself noted this point in his edition of 52. The real problem is the way scholars of the New Testament have used and abused papyrological evidence. I have not radically revised Roberts's work. I have not provided any third-century documentary papyri that are absolute "dead ringers" for the handwriting of 52, and even had I done so, that would not force us to date P52 at some exact point in the third century. Paleographic evidence does not work that way. What I have done is to show that any serious consideration of the window of possible dates for P52 must include dates in the later second and early third centuries. Thus, P52 cannot be used as evidence to silence other debates about the existence (or non-existence) of the Gospel of John in the first half of the second century. Only a papyrus containing an explicit date or one found in a clear archaeological stratigraphic context could do the work scholars want P52 to do. As it stands now, the papyrological evidence should take a second place to other forms of evidence in addressing debates about the dating of the Fourth Gospel »
↑voir par exemple Bruce M. MetzgerManuscripts of the Greek Bible: an introduction to Greek palaeography Oxford University Press, 1981, p. 62, ou Barbara et Kurt Aland, The text of the New Testament: an introduction to the critical editions and to the theory and practice of modern textual criticism Wm. B. Eerdmans Publishing, 1995, seconde édition révisée, p. 76 - Bruce M. Metzger et Bart D. EhrmanThe Text of the New Testament: Its Transmission, Corruption, and Restoration, Oxford University Press, 2005, p. 56 - Roger S. Bagnall The Oxford Handbook of Papyrology, Oxford University Press, 2009, p. 596 - Philip Comfort Encountering the Manuscripts: An Introduction to New Testament Paleography & Textual Criticism B&H Publishing Group, 2005 : « I think it is possible that P52 could have been written at the end of the first century, but it most likely belongs to the beginning of the second», p. 139-143
Bibliographie
(en) Larry W. Hurtado, Texts and Artefacts : Selected Essays on Textual Criticism and Early Christian Manuscripts, Bloomsbury Publishing, (ISBN978-0-567-67770-9), chap. 3 (« New Testament Scholarship and the Dating of New Testament Papyri »).
James Keith Elliott, A bibliography of Greek New Testament manuscripts, Cambridge University Press, 2000 (seconde édition révisée), « P52 », p. 31
Colin H. Roberts, « An unpublished fragment of the Fourth gospel in the John Rylands library » Manchester, 1935 - republié dans Bulletin of the John Rylands Library, 1936, 20:45-55 (pdf), et à nouveau dans C. H. Roberts Catalogue of the Greek and Latin Papyri in the John Rylands Library III, Manchester, 1938 (avec bibliographie et l'opinion d'autres spécialistes)
Adolf Deissmann, « Ein Evangelienblatt aus den Tagen Hadrians » Deutsche allgemeine Zeitung 564, , (traduit en anglais dans British Weekly
Eric G. Turner, The typology of the early codex, University of Pennsylvania Press, 1977
Liens externes
St John Fragment, site de la Bibliothèque John Rylands à Manchester