L'office anti-stupéfiants (OFAST) est une agence française chargée de coordonner la lutte contre le trafic de stupéfiants sur le territoire français. Annoncée en , elle est opérationnelle depuis le [1] et succède à l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS). Elle fait partie du plan national de lutte contre les stupéfiants, mis en route par le gouvernement[2]. L'office était dirigé par Stéphanie Cherbonnier, contrôleuse générale des services actifs de la Police nationale, depuis sa création en 2020, jusqu'en juillet 2024. C'est actuellement un poste vacant, occupé par Christian de Rocquigny, chef adjoint de l'Office antistupéfiants (Ofast[3]).
L'OFAST est placé sous l'autorité du directeur central de la police judiciaire. Son fonctionnement est interministériel associant l'autorité judiciaire et l'ensemble des services concernés (justice, police, gendarmerie, douane, administration pénitentiaire, administration fiscale, etc.)[4].
Le chef de l'OFAST est une contrôleuse générale des services actifs de la Police nationale et le chef-adjoint un procureur de la République, détaché également comme contrôleur général. L'OFAST est structuré en trois pôles : un pôle opérationnel dirigé par un commissaire divisionnaire, un pôle stratégie dirigé par une administratrice des douanes et un pôle renseignement, dirigé par un colonel de gendarmerie.
L'OFAST est un service opérationnel qui conduit ses propres enquêtes et a pour vocation de coordonner les enquêtes réalisées par les autres services concernant les trafics d'envergure. A ces fins, il travaille en étroite relation avec la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organise (JUNALCO) et les juridictions interrégionales spécialisées (JIRS), dans le cadre de saisines conjointes avec les services territoriaux de la police ou de la gendarmerie. L'OFAST est le point d'entrée et contact privilégié des autres services étrangers spécialisés dans la lutte anti-drogue.
Il dispose d'un réseau de 14 antennes et 10 détachements en France et un maillage de cellules du renseignement opérationnel sur les stupéfiants (CROSS) dans chaque département[5].
Né le 1er janvier 2020, l'OFAST s'appuie sur plus de 200 agents issus de la police judiciaire, de la douane, de la gendarmerie, du ministère de la Justice et même des Finances publiques[6].
L'office anti-stupéfiants est dirigé, depuis sa création le , par la contrôleuse générale des services actifs de la Police nationale Stéphanie Cherbonnier, nommée à ce poste par un arrêté du ministre de l'Intérieur du [8]. Elle est reconduite dans ses fonctions deux ans et demi plus tard par un nouvel arrêté du [9]. Elle quitte ses fonctions en juillet 2024, suite à sa nomination comme Inspectrice générale, directrice nationale adjointe de la Sécurité Publique.
Marché illégal de la drogue
En 2022, selon Stéphanie Cherbonnier, l'office fait face à un marché de la drogue illégal porté par la demande qui est forte. « le cannabis, c'est 900 000 usagers quotidiens et pour la cocaïne, 600 000 usagers annuels ». L'office mène la lutte et obtient des résultats par la saisie en quantité de différentes drogues, le démantèlement d'organisations criminelles, et la hausse des arrestations de trafiquants[10]. Une lutte plus efficace contre la corruption est nécessaire. « Sans la corruption, qu’elle soit publique ou privée, les trafics ne prospèrent pas. Cela peut toucher des personnels des ports ou aéroports, des policiers, des gendarmes, des douaniers… Aucune profession n’est épargnée, dès lors que vous avez des trafiquants qui offrent des sommes très conséquentes »[11].
Le 27 novembre 2023, elle répondait à une audition au Sénat dans le cadre de la commission d’enquête sur l’impact du narcotrafic en France et les mesures à prendre pour y remédier. « Le trafic de stupéfiants, c’est le premier marché criminel au monde. En France, il représente un chiffre d’affaires évalué à trois milliards d’euros et on estime à 240 000 le nombre de personnes qui vivent directement ou indirectement de ces trafics », a-t-elle rappelé en ouverture de son audition »[11].
Succès et difficultés
En 2021, les saisies de stupéfiants connaissent un niveau historiquement élevé, 96 tonnes de cannabis, 23 de cocaïne et 1,2 d’héroïne[12].
En novembre 2022, à la suite d'une enquête sur le parcours du trafic de cocaïne en provenance des Antilles françaises, en suivant une cargaison du Havre jusqu'à Strasbourg, la police a interpellé neuf personnes en train de décharger la marchandise, l'opération et les perquisitions ont permis la saisie de 334 kg de cocaïne, 750 à 800.000 euros, une dizaine de véhicules de luxe et des bijoux de marque[13].
En 2022, 27,7 tonnes de cocaïne ont été interceptées dont 55 % provenaient des Antilles et de Guyane, zone de transit avant d’arriver en métropole[14],[7]. Selon Clarisse Taron, procureure de Fort-de-France, lors de son audition par une commission d'enquête parlementaire, la corruption est une des difficultés de la lutte antistupéfiants car elle peut toucher les dockers, les employés du port, ceux de la CMA CGM et les vigiles et s'étendre aux douaniers, aux fonctionnaires de police, aux fonctionnaires de justice[15].
En juin 2023, dans le cadre d’une enquête sur un réseau de trafic de drogue de la cité des rosiers, dans le 14e arrondissement de Marseille. Près de 285 000 euros et 45 kilos de cocaïne ont été saisis. Une enquête menée sur un réseau de blanchiment d’argent de la drogue a donné lieu à 21 mises en examen[16].
En juillet 2023, treize personnes, dont onze policiers adjoints, soupçonnées d'avoir fait passer de la cocaïne par avion de la Guyane vers la métropole, ont été mises en examen et placées en détention provisoire. Les policiers, essentiellement de la police aux frontières (PAF), profitaient de leur uniforme pour éviter des contrôles de sécurité[17].
En 2023, Moufide Bouchibi, Hakim Berrebouh, Mohamed Djeha…, "barons" de la drogue, sont interpellés grâce à des informations de l’Ofast, l’Office antistupéfiants[6].
Le 4 avril 2024, à Marseille, l’IGPN a mené des perquisitions sur des soupçons de corruption de policiers de l'OFAST, à la suite d'une enquête ouverte par le parquet. Un sac avec un demi-million d’euros en liquide a été saisi[18],[19].
En avril 2024, les enquêteurs marseillais ont conduit des opérations ciblant des ravitailleurs de trois cités différentes des quartiers nord à Marseille . Le bilan monte à 28 interpellations et plus de 100 kg de stupéfiants saisis chez des ravitailleursi[20]. Au bilan des Opérations « place nette », quatre tonnes de drogues et 20 millions d’euros d’argent frais ont été saisis en un mois, 600 personnes ont été présentées à un juge[21]
En novembre 2024, les enquêteurs de l'antenne de l'Ofast de Marseille ont saisi près de 1,2 million d'euros issus d'une filière de blanchiment de trafic de stupéfiants, dans le même cadre 15 interpellations ont eu lieu en Provence-Alpes-Côte d'Azur et Île-de-France[22].
Références
↑Décret n° 2019-1457 du 26 décembre 2019 portant création du service à compétence nationale dénommé Office anti-stupéfiants, (lire en ligne)
↑« Christian de Rocquigny, de l’Office antistupéfiants : « Les trafiquants de drogue, avant tout, distribuent la mort » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑« Hausse alarmante de la consommation d'herbe de cannabis en France », sur senat.fr, (consulté le ), question écrite no 17681 de Mme Catherine Dumas (Paris - Les Républicains) publiée dans le JO Sénat du 3 septembre 2020, page 3849. Réponse du Ministère de l'intérieur publiée dans le JO Sénat du 1er octobre 2020, page 4455.