Ode XVI : Sur lui-même, allegro ( = 138), à , dédié à Tony Jourdan ;
Ode XIX : Qu'il faut boire, andantino ( = 72), à , dédié à Charles Sautelet ;
Ode XX : Sur une jeune fille, andantino ( = 88), à , dédié à René Dommange.
La première mélodie est pour ténor ou soprano, les deuxième et troisième pour voix moyenne[3].
Les œuvres sont composées en 1926, vraisemblablement entre avril et septembre[4]. Outre les versions pour chant et piano, le compositeur est l'auteur d'une version pour chant et orchestre de l'Ode XVI[3]. Les partitions sont publiées en 1927 par Durand[3].
Les textes des mélodies sont dus à Leconte de Lisle, qui avait traduit du grec les Odes d'Anacréon, une traduction publiée en 1869 et plusieurs fois rééditée[3].
Création
L'Ode XX (op. 31 no 3) est créée le à Paris, salle Érard, aux concerts Bathori, par Jane Bathori. L'ensemble est donné en première audition aux concerts Durand, salle Érard, par Edmond Warnery, le [3].
Les Odes anacréontiques sont des « pièces très brèves, condensées à l'extrême[2] ». Elles « établissent un parallèle entre la maturité de l'âge et celle de la vendange, mêlant un hédonisme forcené à l'amour le plus pur[5] ». Dans l'ensemble, « ligne vocale très diatonique et déclamation sans afféterie rendent justice aux mots[2] ». L'accompagnement du piano « prend en charge le commentaire sentimental dans une écriture élaborée et une économie confinant à l'ellipse[2] ».
L'Ode XVI (sur lui-même), qui évoque les défaites infligées par Eros, est une mélodie « franche, abondant en quintes et quartes ascendantes ». La partition est en trois sections successives, « où le rythme se fait plus fluide[2] ».
L'Ode XIX (qu'il faut boire), est une chanson à boire« sur l'écoulement de croches en rythme ternaire [...] Le vin dilate les artères, Bacchus dilate le cœur des hommes : pour tout ornement à ce mouvement obsessionnel, des appels de neuvième ascendante au piano, auxquels font écho les septièmes ascendantes du chant. Chute, pour finir, d'une onzième en gamme pentatonique[2] ».
L'Ode XX (sur une jeune fille), est la « révérence réservée d'un amant qui se voudrait vêtement ou parfum pour s'attacher à celle qu'il aime[2] ». La déclamation syllabique est « d'intensité croissante, que soutiennent d'abord blanches et noires, puis triolets de noires, enfin des croches ; conclusion apaisée sur triolets de noires[2] ».
La durée moyenne d'exécution de l’ensemble est de quatre minutes trente environ[6].
Nicole Labelle, Catalogue raisonné de l'œuvre d'Albert Roussel, Louvain-la-Neuve, Département d'archéologie et d'histoire de l'art, Collège Érasme, coll. « Publications d'histoire de l'art et d'archéologie de l'Université catholique de Louvain » (no 78), , 159 p.