En mathématiques, on dit que deux entiers a et b sont premiers entre eux, que a est premier avec b ou premier à[1] b ou encore que a et b sont copremiers (ou encore étrangers) si leur plus grand commun diviseur est égal à 1 ; en d'autres termes, s'ils n'ont aucun diviseur autre que 1 et –1 en commun. De manière équivalente, ils sont premiers entre eux s'ils n'ont aucun facteur premier en commun.
Par exemple, 6 et 35 sont premiers entre eux, mais 6 et 27 ne le sont pas parce qu'ils sont tous les deux divisibles par 3. Le nombre 1 est premier avec tout entier, tandis que 0 est uniquement premier avec 1 et –1.
Cette notion a été introduite pour les entiers naturels dans le livre VII des Éléments d'Euclide, puis étendue aux entiers relatifs.
Des notations standard pour deux entiers a et b premiers entre eux sont : pgcd(a, b) = 1 ou a∧b = 1. Ronald Graham, Donald Knuth et Oren Patashnik ont aussi proposé la notation a ⊥ b {\displaystyle a\perp b} [2].
Un moyen rapide pour déterminer si deux nombres entiers sont premiers entre eux est l'algorithme d'Euclide, ou ses versions plus rapides telles que l'algorithme du PGCD binaire ou l'algorithme du PGCD de Lehmer (en).
Le nombre d'entiers premiers avec un entier positif n et compris entre 1 et n est égal à φ(n), où φ est la fonction phi d'Euler.
Dans ce qui suit, a et b désignent deux entiers relatifs[3],[4].
Les entiers relatifs a et b sont premiers entre eux si et seulement s’il existe des entiers relatifs x et y tels que ax + by = 1[3].
Cette condition équivaut à : b a un inverse pour la multiplication modulo a, c'est-à-dire : il existe un nombre entier y tel que by ≡ 1 (mod a).
Si a et b sont premiers entre eux et a divise un produit bc, alors a divise c.
Deux entiers a et b sont premiers entre eux, si et seulement si tout système de congruences de la forme x ≡ m1 (mod a) et x ≡ m2 (mod b) a une infinité de solutions en nombres, d'ailleurs décrites par une congruence unique de la forme x ≡ m (mod ab).
Cette équivalence se généralise au cas d'un ensemble de nombres premiers deux à deux.
L'indicatrice d'Euler, qu'on note habituellement φ ( n ) {\displaystyle \varphi (n)} , est la fonction qui, à tout entier n > 0, associe le nombre d'entiers premiers à n dans l'intervalle ] 0 , n ] {\displaystyle \left]0,n\right]} .
Une expression explicite de l'indicatrice d'Euler s'obtient à partir de la décomposition en facteurs premiers de n :
Pour tout entier n > 2, φ(n) est pair et la somme de tous les entiers positifs inférieurs et premiers à n est égale à nφ(n)/2.
Les nombres d'un ensemble quelconque D (fini ou infini) d'entiers sont dits premiers entre eux dans leur ensemble si 1 est leur plus grand commun diviseur.
Ils sont premiers entre eux deux à deux si pour tous a et b distincts dans D, a et b sont premiers entre eux.
La présence dans D de deux nombres premiers entre eux est une condition suffisante, mais non nécessaire, pour que les entiers de D soient premiers entre eux dans leur ensemble. Par exemple, 6, 14 et 21 sont premiers entre eux dans leur ensemble, mais aucun couple extrait de ce triplet n'est formé de deux nombres premiers entre eux.
Pour que des nombres a 1 , a 2 , … a n {\displaystyle a_{1},a_{2},\ldots a_{n}} soient premiers dans leur ensemble, il faut et il suffit qu'ils satisfassent à une relation de Bezout de la forme
pour des entiers relatifs x 1 , … x n . {\displaystyle x_{1},\ldots x_{n}.}
Des nombres a 1 , a 2 , … a n {\displaystyle a_{1},a_{2},\ldots a_{n}} premiers deux à deux vérifient par exemple cette propriété: en notant a ^ i {\displaystyle {\hat {a}}_{i}} le produit de tous les a j {\displaystyle a_{j}} pour lesquels j ≠ i {\displaystyle j\not =i} , chacun des a i {\displaystyle a_{i}} (et donc le produit de tous les a i {\displaystyle a_{i}} ) sont premiers avec le nombre
En effet, pour tout i donné, chaque a ^ j {\displaystyle {\hat {a}}_{j}} tel que j ≠ i {\displaystyle j\not =i} est multiple de a i {\displaystyle a_{i}} , tandis que a ^ i {\displaystyle {\hat {a}}_{i}} est premier avec a i {\displaystyle a_{i}} . Donc la somme S des a ^ j {\displaystyle {\hat {a}}_{j}} est multiple de a i {\displaystyle a_{i}} , et S + a ^ i {\displaystyle S+{\hat {a}}_{i}} , ou bien a ^ 1 + a ^ 2 + ⋯ + a ^ n {\displaystyle {\hat {a}}_{1}+{\hat {a}}_{2}+\cdots +{\hat {a}}_{n}} , est premier avec a i {\displaystyle a_{i}} .
Des idéaux I et J d'un anneau commutatif A sont dits premiers entre eux si I + J = A (par exemple : deux idéaux maximaux distincts sont premiers entre eux). Cela généralise l'identité de Bézout : si I et J sont premiers entre eux, alors IJ = I∩J et le théorème des restes chinois généralisé s'applique ; de plus, si K est un troisième idéal tel que I contient JK, alors I contient K.
Avec cette définition, dans l'anneau ℤ des entiers relatifs, les idéaux principaux (a) et (b) sont premiers entre eux si et seulement si les entiers a et b sont premiers entre eux.
Voir aussi l'article Primalité dans un anneau, pour la définition générale d'éléments premiers entre eux dans un anneau (qui coïncide pour Z avec la condition précédente).
Quand n tend vers l'infini, la probabilité pour que deux nombres entiers inférieurs à n soient premiers entre eux tend vers 6/π2. Plus généralement, la probabilité que k entiers inférieurs à n choisis au hasard soient premiers entre eux tend vers 1/ζ(k).
Ronald L. Graham, Donald E. Knuth et Oren Patashnik, Concrete Mathematics, Hanover Massachusetts, Addison Wesley, 1990, 640 p. (ISBN 0-201-14236-8, lire en ligne)