Nicolas Formé

Nicolas Formé
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Naissance
Paris, Drapeau du royaume de France Royaume de France
Décès (à 71 ans)
Paris, Drapeau du royaume de France Royaume de France
Activité principale Compositeur
Sous-maître de musique de la Chapelle royale (1609-1638)
Style Musique baroque française

Nicolas Formé (Paris, -Paris, ) est un compositeur français.

Biographie

À vingt ans, il est admis comme clerc à la Sainte-Chapelle du Palais, et, trois ans plus tard, comme chantre ordinaire (choriste employé de manière permanente, par opposition à un interprète « extraordinaire »). En 1595, il est haute-contre à la Chapelle royale sous l'autorité du sous-maître, Eustache Du Caurroy (le maître était un ecclésiastique sans fonction musicale). En 1609, il succède à cet auteur réputé. Il sera aussi compositeur de la Chapelle jusqu'à sa mort.

Personnage haut en couleur, de caractère difficile, libre de mœurs et avide d'honneurs, il provoqua quelques heurts à la Sainte-Chapelle[1]. Sa musique était fort appréciée, notamment par Louis XIII et par son premier ministre, le cardinal de Richelieu. C'est ainsi que, prêtre, il sut obtenir des bénéfices lucratifs : abbé commendataire de l'abbaye Notre-Dame de Reclus, au diocèse de Troyes, de 1624 à 1634, il fut également reçu chanoine de la Sainte-Chapelle en 1626. Il avait aussi bénéficié, de 1616 à 1624, des revenus d'une prébende canoniale de la collégiale Saint-Aignan d'Orléans[2].

Nicolas Formé laissait entendre qu'il était l'introducteur en France de l'écriture à double chœur. La prétention du maître parisien n'était sans doute pas tout à fait exacte, mais il est clair qu'il a su faire vivre une pratique caractéristique de la première moitié du XVIIe siècle : on trouve déjà des indications de double (voire triple) chœur dans des motets d'Eustache Du Caurroy ou de Sauvaire Intermet, notamment. Ce qui est certain, c'est que Formé étendit ce procédé, en l'adaptant à la messe polyphonique.

Son œuvre

Page de titre de la Missa duobus choris, 1638.

Louis XIII lui portait un attachement tel qu'après son décès sa musique fut saisie et placée dans une armoire dont le roi gardait personnellement la clé. Plus tard cela n'empêcha pas que, comme pour beaucoup d'autres auteurs, la quasi-totalité de son œuvre a été perdue. On a néanmoins conservé :

  • Missa duobus choris (Messe à deux chœurs, l'un à 4 et l'autre à 4, 5 ou 6 voix). Paris, Pierre I Ballard, 1638, 9 parties 4°. Guillo 2003 no 1638-B.
Dédicace à (Henri IV) le Grand et son fils Louis (Louis XIII) le Juste ».
Le titre complet est : ÆTERNÆ HENRICI MAGNI, GALLORUM, Navarrorumque Regis Potentissimi, ac Clementissimi memoriæ. ET LUDOVICI IUSTI: EIUS FILII, Gallorum, Navarrorumque Regis Christianissimi, atque Invictissimi. NICOLAUS FORMÉ, REGIÆ MUSICÆ PRÆFECTUS. Missam hanc duobus Choris ac quatuor voc. compositam, Vovet & Consecrat.
C'est la première publication d'une messe polychorale en France ; sur cette œuvre voir Bennett 2010.
  • Deux motets à double chœur, qui font suite à la messe précédente dans le même recueil. Comme la messe, il est possible qu'ils aient été écrits à l'occasion du Vœu de Louis XIII, de 1638.
    • Ecce tu, pulchra es, amica mea (« Voici que toi, tu es belle, mon amie »), poème d'amour tiré du Cantique des Cantiques du roi Salomon. Le texte de ce motet est considéré comme adressé à la Vierge, d'abord par l'Église, et par l'auteur de manière explicite.
    • Domine, salvum fac regem (« Dieu sauve le roi »), pièce qui concluait souvent les messes en musique.
  • Deux messes en faux-bourdon, à 4 voix, chez le même éditeur en 1638[3] :
  • Le Cantique de la Vierge Marie, selon les tons ou modes usités en l'Église, mis à 4 parties, manuscrit 4° très soigné, dédié à Louis XIII.[4] :
    • Contient huit Magnificat, du 1er mode au 8e mode.

Dans sa Missa duobus choris, Formé recourt au style concertant, opposant un quatuor vocal à un autre ensemble à 5 voix. Le caractère est déjà celui du grand motet (celui-ci se développera à la Chapelle royale de Versailles à partir de l'époque de Louis XIV). Il est à noter que nulle part il n'est fait mention de participation instrumentale (contrairement à ce qui se pratiquera dans cette forme musicale à venir), mais les doublures instrumentales éventuelles ne figuraient jamais explicitement sur les livres de chœur sortis des presses des Ballard. Ses Magnificat, d'un usage sans doute plus strictement liturgique, sont d'un style souvent simple et peu orné.

Bibliographie

  • (en) Peter Bennett, « Collaborations between the Musique de la Chambre and the Musique de la Chapelle at the court of Louis XIII : Nicolas Formé’s Missa Æternae Henrici Magni (1638) and the origins of the grand motet », Early music, vol. 38, no 3,‎ , p. 369-386 (DOI 10.1093/em/caq059).
  • Bernard Gagnepain, « Nicolas Formé », dans Marcelle Benoit (sous la dir. de), Dictionnaire de la musique en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Fayard, (ISBN 2-213-02824-9)
  • Laurent Guillo, Pierre I Ballard et Robert III Ballard : imprimeurs du roy pour la musique (1599–1673) (2 vol.), Liège : Mardaga et Versailles : CMBV, (ISBN 2-87009-810-3).
  • Henri Quittard, « Nicolas Formé (1567-1638) », Revue musicale, vol. 8,‎ , p. 362-366 (lire en ligne).
  • François Lesure, « Un contrat d’exclusivité entre Nicolas Formé et Ballard (1638) », Revue de Musicologie, vol. 50,‎ , p. 228-229.
  • Henri Sauval, Histoire et recherches des antiquités de la ville de Paris, t. 1, Paris, (lire en ligne).

Discographie

Édition moderne

  • Nicolas Formé, Œuvres complètes, éd. Jean-Charles Léon. Versailles : Centre de musique baroque de Versailles, 2003, (ISMN M-707034-24-8)[5].

Notes et références

  1. Cette indiscipline était courante dans les maîtrises à l'époque. Voir aussi le cas d'Artus Aux-Cousteaux.
  2. On peut signaler qu'en 1615, le doyen du chapitre canonial de cette collégiale, Nicolas de Heere, avait fondé la première Société littéraire d’Orléans, avec l'archidiacre de Sully Claude Petau et Raoul Fournier, docteur-régent de l'université d'Orléans. Les travaux de cette petite Académie furent publiés en 1618 sous le titre de Conférences académiques (Paris, Langlois, VIII-492 p.). Elle disparut en 1624, à la mort de son fondateur. À cette époque, la collégiale Saint-Aignan avait sans doute atteint un bon niveau intellectuel, aussi bien que musical (grâce à son maître autrefois primé, Abraham Fourdy)
  3. Guillo 2003 no 1638-D et 1638-C, 4 parties 4° chacune.
  4. Paris BnF (Mss.) : Français 1870.
  5. Éditions CMBV. Nicolas Formé. Œuvres complètes

Liens externes

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