En 1902, elle est une des premières femmes à se déclarer en faveur de la contraception. Avec Madeleine Pelletier, elle souligne l'importance de l'éducation sexuelle des filles.
Biographie
Nelly Roussel est née le 5 janvier 1878 à Paris où elle grandit dans une famille bourgeoise catholique.
A 20 ans, elle épouse le sculpteur et libre-penseur Henri Godet de 15 ans son aîné, avec qui elle a trois enfants.
Nelly Roussel est une militante antinataliste[4],[5]. Comme Madeleine Pelletier, elle est l'une des premières femmes en Europe à revendiquer publiquement le droit des femmes à disposer de leurs corps et à prôner une politique de contrôle des naissances. Néomalthusienne, elle milite pour le droit à la contraception et à l’avortement, « position extrêmement révolutionnaire et minoritaire, y compris dans le cadre du mouvement féministe », selon l'historienne Christelle Taraud[6]. Elle s'insurge, use de ses talents oratoires et appelle à la grève des ventres.
Avec Madeleine Pelletier, elle souligne l'importance de l'éducation sexuelle des filles[7]. Pour elles, un objectif prime : dissocier la maternité de la sexualité. Il ne s’agit pas de promouvoir l’amour libre, comme veulent bien croire leurs opposants (y compris féministes), mais de revendiquer le droit des femmes qui vivent en couple, mariées ou non, au plaisir et à l’expression de leur sexualité sans maternité non souhaitée et souvent douloureuse. La femme doit pouvoir choisir d’être mère[8].
Elle lutte pour modifier l'image traditionnelle de la femme. C'est ainsi que l'action, la vie et la pensée de Nelly Roussel s’insurgent contre ce modèle, développant au contraire celui de la « nouvelle femme », bien représenté aux États-Unis. Au travers d'une femme sportive, active, investie dans une profession valorisante. Elle oppose à « l’éternel féminin » ce qu’elle nomme « l’éternelle sacrifiée » (c’est le titre de l’un de ses livres). La femme, écrit-elle : « est en effet sacrifiée non seulement par Dieu et par la Nature mais aussi par la société républicaine elle-même. »[9]. Elle présente le mariage sans amour comme de la prostitution, milite pour supprimer les dispositions du Code civil qui font de la femme mariée une mineure au regard du droit et de la société, ainsi que pour l'obtention du droit de vote[6].
Par la révolte et La Faute d'Eve, pièces de théâtre, in Au temps de l'anarchie, un théâtre de combat : 1880-1914, Paris, Séguier Archimbaud, 2001, t.1.
↑Yvonne Knibiehler, L'éducation sexuelle des filles au XXe siècle, Clio. Histoire‚ femmes et sociétés, 4|1996, lire en ligne, DOI10.4000/clio.436.
↑Anne Epstein, Anne Cova, Féminismes et néo-malthusianismes sous la IIIe République : « La liberté de la maternité », Clio, 2|2012, lire en ligne.
↑(en) Nicole Edelman, « Elinor Accampo, Blessed Motherhood, Bitter Fruit. Nelly Roussel and the Politics of Female Pain in Third Republic France », Revue d'histoire du XIXe siècle, no 35, , p. 161-208 (lire en ligne).
↑Publié à l'occasion de l'exposition Centenaire Nelly Roussel, Bibliothèque féministe Marguerite Durand, Paris, -. Recueil de textes de Nelly Roussel, extraits de diverses revues et publications, 1908-1919. Notice Sudoc.
Claude Maignien et Salwan Magda, Deux féministes, Nelly Roussel, Madeleine Pelletier, bibliothèque Marguerite-Durand, 1975.
Le Grief des femmes. Anthologie de textes féministes du Second Empire à nos jours, textes présentés par Maïté Albistur et Daniel Armogathe, Paris, Hier et demain, 1978, 320 p.
The new biography. Performing femininity in nineteenth-century France, vol. 38 Studies on the history of society and culture, edited by Jo Burr Margadant, University of California Press, 2000.
Elinor Accampo,
Industrialization, Family and Class Relations : Saint Chamond, 1815-1914, Berkeley et Los Angeles, University of California Press, 1989.